Mahieddine Khelifa vient de paraître aux éditions Arabesques (Tunis) « L’épopée berbère ». Un ouvrage qui fera date.
Mahieddine Khelifa n’est pas un inconnu, il est ancien avocat au barreau d’Alger et chercheur indépendant. Auteur d’un ouvrage intitulé « Le manuscrit, histoire d’une famille juive en terre d’Islam » il est aussi collaborateur de plusieurs journaux algériens.
Dans cet ouvrage fort documenté, Mahieddine Khelifa revisite l’histoire de l’Egypte antique sous un aspect qui renverse toute la littérature que nous ont servis les spécialistes de cette civilisation.
Il faut dire que depuis l’avènement de l’internet, les langues se délient et des chercheurs indépendants, de plus en plus, viennent apporter un éclairage nouveau sur certains aspects que les égyptologues officiels ont occulté ou pervertis.
On le savait, l’égyptologie a toujours été le domaine réservé des chercheurs français, et ce depuis Napoléon et Champollion.
Archéologues et historiens se sont toujours contentés d’étudier l’Egypte antique sous le prisme de la civilisation grecque, qui, depuis Alexandre Le Grand, est tombée dans l’escarcelle de l’empire dit gréco-romain.
Les Grecs et les Romains avaient cette propension à modifier les noms pharaons, des villes, et de la toponymie… L’empire arabo-musulman aussi en avait rajouté une couche.
Pour exemple, le pharaon Amen’as (le propriétaire des eaux du Nil) devient Meni ou Menes, la ville de Amen’efer (cachée dans les eaux) devient Memphis.
Mahieddine Khelifa, muni de sa loupe berbère, réussit à restituer les noms originels de dizaines de villes, de montagnes, de fleuves et de pharaons, qui sont non seulement à consonnance amazighe, mais leur traduction en devient même plus claire, et plus sensé.
Il a fourni un travail de fourmis ! Il affirme que si Champollion à son époque maitrisait le berbère, il aurait revu complètement son travail de traduction.
Mahieddine Khelifa recense également plusieurs noms de lieux, de villes ou de pharaons, qui sont similaires à ceux que l’on trouve un peu partout en Afrique du Nord.
A titre d’exemple, Tunis, Tenès, djerdjra, Issouane, Djanet, In Amenas, Frenda, Ifren, mezghena se retrouvent en Egypte sous les appellations de Thanis, Djer, Amen’as,Djanet, Aman’efer, Mazghouna…
Autant d’exemples !
L’on demanderait à n’importe lequel des spécialistes de l’Egypte ou même à ses habitants d’aujourd’hui, de donner l’origine ou la signification du mot Misra (le nom que l’Egypte a gardé jusqu’à maintenant), ils donneraient leur langue au chat.
Alors qu’en tamazight, ce nom veut tout simplement dire le pays des « fils de Râ ». Poussons le bouchon plus loin, demandez la traduction du mot Râ, ils vous répondront en union que c’est le dieu soleil des Egyptiens de l’antiquité. Mais ils seront incapables de donner la signification du mot Râ. Alors qu’en tamazight, Râ signifie tout ce qui est doré ou brûlant (Irgha ou Aouragh).
Tout au long de sa démonstration d’une logique imparable, Monsieur Khelifa nous emmène dans une visite de l’Egypte des Pharaons, non comme des touristes aux chemises bariolées, mais comme des élèves qui redécouvrent une histoire occultée. Un monde amazigh honteusement caché, alors que plus de douze pays allant des Canaries à la mer Rouge, en passant par le sahel partagent cette culture si mystérieuse.
Après ce livre, nous pouvons regarder nos maîtres dans les yeux et leur dire, vous nous avez mentis !
Il faut absolument lire ce livre.
C’est un vrai pavé dans la mare, il pose de vraies questions.
Saïd Ouidir