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« Les Amants disparus du pont de Bomarchi » est une forme de quête d’identité »

Belson est un pseudonyme choisi par l’auteur du roman « Les Amants disparus du pont de Bomarchi ». Ici il revient sur les ressorts de construction de ce roman qui ont valu à l’auteur beaucoup de nuits blanches et de « sueurs intellectuelles ».

Le Matin d’Algérie : Votre roman « Les Amants disparus du pont de Bomarchi » adopte une structure narrative non linéaire. Pourquoi avoir choisi cette approche ?

Belson : Mon roman se veut un mélange de genres et de styles, traversant l’autobiographie, le mystère, le récit historique et l’exploration de l’amnésie, avec des touches d’humour et de fantastique. Cette fragmentation narrative était essentielle pour refléter la complexité émotionnelle de Djemaï, le personnage principal, qui vit constamment entre ses souvenirs et sa réalité actuelle. En oscillant entre passé et présent, le récit permet au lecteur de découvrir les vérités progressivement, tout en laissant place à l’imagination. Cela capture parfaitement la quête incertaine et fragmentée de son identité.

Le Matin d’Algérie : Le style de votre roman oscille entre un lyrisme poétique et un réalisme introspectif. Comment avez-vous trouvé cet équilibre ?

Belson : Mon objectif était de refléter l’état mental de Djemaï, pris entre ses rêves et la réalité. L’équilibre entre la poésie et le réalisme permet de plonger le lecteur dans l’intimité de ses pensées tout en maintenant un lien avec les événements concrets de sa vie. Ce contraste crée une tension qui immerge le lecteur dans l’univers complexe de Djemaï, où contemplation et action coexistent harmonieusement.

Le Matin d’Algérie : Votre roman aborde des thèmes tels que l’identité et la mémoire à travers la culture algérienne et la résistance. Comment ces éléments influencent-ils le personnage de Djemaï ?

Belson : Djemaï est tiraillé entre deux cultures. Celle de l’Algérie, ses racines, et celle de l’Écosse où il vit. La mémoire de la résistance algérienne, incarnée par Bel, Lisa et Ahmed, pèse lourdement sur ses épaules. Il cherche à comprendre son identité à travers ces récits, mais est souvent confronté à des versions idéalisées du passé qui ne lui apportent pas les réponses qu’il attend. L’héritage familial devient une source de questionnements et de frustration, car Djemaï peine à trouver sa propre voie au milieu de ces récits glorieux. Cela influence profondément sa relation avec Sara, qui représente pour lui une tentative de construire quelque chose de nouveau tout en étant teintée par les ombres du passé.

Le Matin d’Algérie : Les personnages de Bel, Lisa, et Ahmed semblent jouer un rôle central dans l’évolution de Djemaï ?

Belson : Bel, Lisa, et Ahmed jouent un rôle central dans la vie de Djemaï, principalement en raison de leur implication dans les Services Secrets Algériens. Bel, son père, est une figure omniprésente, presque fantomatique, qui symbolise le poids des erreurs passées et des secrets familiaux. Bel incarne l’histoire de la résistance algérienne. Djemaï est obligé de porter cet héritage, non seulement en tant que mémoire historique, mais aussi en tant qu’ensemble de valeurs et de sacrifices qui le façonnent. Sa relation avec son père est complexe : Bel est à la fois un modèle et un obstacle, car Djemaï doit naviguer entre l’admiration qu’il ressent et la pression de répondre à ces attentes.

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Lisa, quant à elle, est un personnage mystérieux dont l’influence se dévoile au fil du récit. Enfin, Ahmed, l’oncle, est à la fois un guide et un obstacle, gardant des vérités qui compliquent la quête de Djemaï. Cet héritage familial pèse lourdement sur Djemaï et façonne sa relation avec Sara. Bien qu’ils tentent de construire quelque chose de neuf, leur amour reste teinté par les ombres du passé, et ils doivent naviguer entre la réinvention de soi et le poids des secrets familiaux.

Le Matin d’Algérie : Le retour de Djemaï à Sétif marque un tournant dans le roman. Comment cette confrontation avec le passé influence-t-elle son parcours ?

Belson : Ce retour est à la fois une redécouverte et une confrontation. Djemaï se retrouve face à un lieu qu’il reconnaît à peine, symbolisant la distance qui s’est creusée entre son passé et son présent. C’est un voyage émotionnel, où il tente de se reconnecter à ses racines tout en étant désorienté par les transformations qu’il y découvre. Cela reflète son propre conflit interne : comment se réapproprier un passé qui semble avoir changé de visage ?

Le Matin d’Algérie : Le pont de Bomarchi est un symbole récurrent dans le roman. Pourquoi est-il si central dans l’histoire ?

Belson : Le pont de Bomarchi occupe une place particulière dans mon histoire personnelle. Je l’ai traversé d’innombrables fois, et il est profondément lié à mes souvenirs de Sétif. Dans le roman, j’ai voulu qu’il soit un élément central, tout comme mon quartier de Bomarchi, au sud de la ville.

Ce pont symbolise un lien puissant entre les vivants et les morts. Il incarne un passage à la fois physique et spirituel, et les drames, les amours, ainsi que les disparitions qui s’y déroulent lui confèrent une aura mystique. Pour Djemaï, ce pont est une frontière qu’il doit franchir pour affronter les secrets enfouis de son passé et se découvrir pleinement.

Le Matin d’Algérie : Les funérailles, les situations rocambolesques, ainsi que des personnages comme Francis sont décrits de manière parfois chaotique, grotesque et teintée d’humour. Pourquoi avoir choisi d’aborder ces événements sous cet angle particulier dans votre roman ?

Belson : J’ai souhaité mettre en lumière le contraste frappant entre la gravité de la mort et le désordre des relations humaines qui l’entourent. Les funérailles, bien qu’elles soient souvent des moments chargés d’émotion, exposent également des tensions, des ambitions personnelles et des absurdités sociales qui, trop souvent, se transforment en spectacle. Cela reflète bien la superficialité des relations sociales contemporaines.

Par exemple, Francis incarne ce mélange de maladresse et de quête de prestige, ajoutant une dimension à la fois décalée et révélatrice des comportements humains. En abordant cette scène avec une touche d’humour grotesque, je voulais montrer qu’au sein des moments les plus sérieux, le drame et le comique peuvent coexister, surtout dans un contexte familial où les non-dits et les conflits refont surface.

Le Matin d’Algérie : Quelle est l’importance du rêve dans le parcours de Djemaï ?

Belson : Le rêve est une métaphore de l’état émotionnel de Djemaï, le représentant comme un être suspendu entre deux mondes. Dans son dernier rêve, le pont de Bomarchi incarne cette traversée essentielle pour comprendre son histoire familiale et se réconcilier avec elle. Ce rêve marque un tournant décisif, car Djemaï réalise qu’il ne pourra avancer que s’il accepte ces deux réalités et intègre ces héritages multiples dans son identité. Le calame de Si Mohamed, symbole de transmission, devient l’outil qui l’aidera à écrire son propre futur.

Le Matin d’Algérie : Avant de conclure, Belson, quel message espérez-vous transmettre aux lecteurs à travers le parcours de Djemaï ?

Belson : Les Amants disparus du pont de Bomarchi est mon premier roman. À travers cette œuvre, j’espère que les lecteurs saisiront l’importance de l’acceptation et de la réconciliation avec notre passé. Djemaï, alias Jimmy, navigue entre héritages et traditions, illustrant ainsi que notre identité est une construction complexe, façonnée à la fois par nos racines et nos choix présents. Je souhaite que chacun trouve des échos de sa propre quête d’identité dans son histoire. À travers ses défis et découvertes, le récit démontre qu’il existe toujours une possibilité de renouveau et d’épanouissement, même au cœur des conflits intérieurs.

Le Matin d’Algérie : Quelle est votre prochaine étape pour la promotion de votre roman Les Amants disparus du pont de Bomarchi ?

Je suis ravi d’annoncer que j’ai été invité par le Club de Lecture de la Maison Bleue à Rennes pour une première séance de rencontre-dédicace le 21 novembre 2024 à 18h30. Par la suite, je présenterai ce livre à l’Espace Ouest France le 11 décembre à 19h00. Le livre sera disponible à partir du début novembre, il est possible de faire un pré-achat dès maintenant en s’adressant aux éditions Hedna. J’attends également des confirmations pour des événements à Paris et à Perpignan, et j’espère avoir l’opportunité de le présenter en Algérie. Ce roman mérite de toucher la jeune génération et d’inspirer ses lecteurs.

Entretien réalisé par Yacine K.

Les Amants disparus du pont de Bomarchi, Roman, Éditions Hedna 2024, 380 p, 24 €.

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