19 avril 2024
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Les anti-héros du Hirak

La guerre de libération nationale a empli l’imaginaire algérien d’innombrables héros de la révolution. Loin s’en faut de les citer tous mais toujours est-il que la moindre bataille menée contre le colonialisme français est mythifiée au point qu’elle s’inscrit aux hauts faits de la bravoure du peuple algérien face à l’infernale machine de guerre de l’armée française.

En tout lieu c’est la figure de l’emblèmatique Jugurtha qui remporte le trophée du plus grand des combattants au sein du panthéon de l’Algérie combattante.

Loin s’en faut que cet héroisme soit distinctif dans les faits d’armes pour peu que la dénonciation du harkisme ne vienne perturber la belle image des combattants. De ce point de vue, l’aigreur des postulants l’emporte sur la causalité des faits.

A titre d’exemple, nous avons en mémoire le sort réservé à Igmazen, de son état roi des Isaflences qui a pourtant soutenu jusqu’au bout l’aventure guerrière de Firmus le Maure devenu rival de Rome après avoir servi l’armée romaine. De telle sorte que l’histoire est impitoyable dans ses jugements.

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De ce point de vue, l’impartialité des historiens est comme si la sévérité de leur jugement des valeurs se limite aux rapports entre les Vainqueurs et les Vaincus. Dans un travail inédit intitulé « l’ambivalence des Figures » pourtant sur plusieurs figures historiques nord-africaines, nous avons tenté d’examiner le récit d’Ammien Marcellin.

Indépendamment de la finalité de la narration, il nous a semblé qu’en filigrane il se dégage  une respectable position politique due au rang d’Igmazen lorsqu’une cérémonie militaire a été rendue en son honneur.

Après tout c’est une pratique guerrière de la plus haute antiquité rendue célèbre par les us et coutumes de la guerre. Cela va de soi que l’héroïsme de Firmus célébré par le petit peuple n’est pas de mise mais toujours est-il que le narcissisme de quelques personnages souvent serviteurs du régime qu’ils combattent est un vrai problème pour la révolution.

Et de fait, si nous tentons aux leçons de l’histoire, les quelques défections des militants du Hirak sont du pain béni pour le régime algérien. De sorte que ce n’est pas la mise en scène politico-médiatique de l’affaire Bouraoui qui prime mais c’est surtout la propagande que le régime a mis en branle pour faire sortir par magie « Hisb França » afin de mieux asseoir sa légitimité confondante. Et pourtant le Hirak n’est pas mort. Nous l’espérons.

Fatah Hamitouche

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