Jeudi 8 mars 2018
Les autorités face à leurs inconséquences économiques
Tous les calculs du gouvernement sont exclusivement basés sur le cours du pétrole.
Depuis 10 mois le cours du pétrole fluctue en fonction de l’évolution des stocks américains et de la cotation du dollar qui sera fonction de la politique des taux d’intérêt de la FED et du déficit budgétaire américano. Le cours du Brent a été coté vers 14h le 08 mars 2018 à 64,03 dollars le Brent et à 60, 97 dollars le Wit. Avec un cours dollar/euro de 1,2379. Pour l’Algérie le cours officiel euro- dollar pour la même date est coté 113,8950 et par rapport à l’euro 140,9390 avec sur le marché parallèle 210 dinars un euro, anticipant l’émission, monétaire d’environ 19 milliards de dollars pour 2018, par la planche à billets. Fortement dépendante du cours du pétrole, l’Algérie dont le quota OPEP est de 1,2 million de barils jour ,auquel il faut soustraire les 50.000 barils de réduction doit être attentive au cours du gaz qui représente plus de 33% des recettes de Sonatrach et dont les contrats à moyen et long terme dans leur majorité expirent entre 2018/2019 et surtout d’avoir une planification stratégique, une véritable politique économique et industrielle tenant compte des nouvelles mutations mondiales, afin d’éviter à terme l’épuisement de ses réserves d change t d’aller droit au FMI horizon 2020 (1).
1.-L’économie algérienne dépendante du cours des hydrocarbures
Il existe dix facteurs interdépendants qui influent sur l’évolution du cours du pétrole
– La première raison, est que le monde connait un froid inégalé.
– La deuxième raison, comme vient de le souligner le rapport de janvier 2018 de la banque mondiale est une reprise de la croissance pour 2018, mais avec une prévision de ralentissement pour 2019 sans réformes de l’économie mondiale en Europe, USA et notamment de la Chine et de l’Inde, mais devant être attentif aux mutations du mode de croissance. Pour le cas Algérie, c’est la décision du gouvernement de relancer la dépense publique, notamment dans le BTPH –infrastructures, qui a fait que la BM a révisé à la hausse le taux de croissance de l’Algérie, donc une action conjoncturelle en fonction des recettes de Sonatrach et de la maitrise ou pas du financement non conventionnel.
– La troisième raison, est le respect, globalement, du quota des membres de l’OPEP décidé en décembre 2016 à Vienne, avec des perspectives de reconduction de l’accord, notamment de l’Arabie Saoudite qui représente 33% du quota OPEP, l’OPEP dans sa totalité représentant 33% de la commercialisation mondiale, 67% se faisant hors OPEP.
– La quatrième raison, est l’entente hors OPEP entre l’Arabie Saoudite et la Russie, ces deux pays produisant plus de 10 millions de baril jour. Cependant, dans une déclaration conjointe du 12 janvier 2018, pour le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak et le responsable de la plus grande société russe Lukoil, évoquant la crainte d’une percée du pétrole/gaz de schiste américain, la Russie pourrait accroire sa production pour ne pas perdre es parts de marché
– La cinquième raison, est la situation politique en Arabie Saoudite où les bourses ne voyant pas encore clair dans l’action du prince héritier dans la lutte contre la corruption, avec la crainte de tensions politiques internes. Par ailleurs, il est prévu la vente de 5% d’actions d’une partie de la grande société ARAMCO, afin de maintenir l’action à un niveau élevé. L’Arabie saoudite a modifié le statut de sa compagnie pétrolière publique Saudi Aramco en société par actions un pas important en vue de son introduction en Bourse (IPO) prévue dans le courant de l’année 2018, qui pourrait porter sur 5% du capital et qui pourrait être la plus grosse IPO de l’histoire et rapporter 100 milliards de dollars au royaume.
– La sixième raison, est la tension au Kurdistan, cette zone produisant environ 500.000 barils/jour, la baisse de la production vénézuélienne, les tensions en Libye et au Nigeria et le discours du président américain vis-à-vis de l’Accord avec l’Iran, certes atténué par la position européenne.
– La septième raison, sont les tensions actuelles entre l’Iran et l’Arabie Saoudite pouvant engendrer une mésentente au niveau de l’OPEP.
– la huitième raison, est la faiblesse ou le relèvement du dollar par rapport.
– La neuvième raison est la baisse ou la hausse des stocks américains. Son impact est prévu entre 2020/2030 sont les mutations économiques mondiales (quatrième révolution économiques 2020/2040 ) dont les profondes mutations énergétiques mondiales avec l’orientation vers un Mix énergétique dont le coût des énergies renouvelables dont l’Algérie dispose d’importantes potentialités, a diminué de plus de 50%
2.- Le manque de vision stratégique : tensions budgétaires et incohérence de la politique industrielle
2.1- A court terme, les dix raisons invoquées précédemment peuvent pousser soit à la hausse ou à la baisse le cours du pétrole, certains facteurs étant plus prépondérants que d’autres. Les experts s’accordent sur le fait que le cours souhaitable ne devrait pas dépasser 60/70 dollars afin d’éviter l’entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables. L’AIE vient de faire savoir en ce mois de janvier 2018, que pour 2018, la production américaine, si le cours se maintient à un cours supérieur à 60 dollars, dépasserait pour la première fois la production de l’Arabie Saoudite. Pour l’Algérie, une hausse d’un dollar en moyenne par rapport à la loi de finances 2018 établie à 50 dollars, moyenne annuelle procure entre 500/600 millions de dollars supplémentaires à l’Algérie soit à 60 dollars le baril quelque 5/6 milliards de dollars/an et à 65 dollars moyenne annuelle fluctuant entre 7//9 milliards de dollars, cela étant les recettes dont il faut soustraire 20% des coûts pour avoir le profit net.
Est-il suffisant pour éviter les tensions budgétaires?: Selon le Ministre du commerce la prohibition de 1000 produits ne pourra économiser que 1,5 milliards de dollars par an , sans compter que dans la précipitation, n’ayant pas bien étudié l’offre intérieure, cela a pénalisé bon nombre d’unités dont des PMI-PME pour les entrants sans compter les tensions inflationnistes pour certains produits ce qui a engendré le développement de la sphère informelle. Rappelons que la sortie de devises fluctuent depuis 2016 entre 55/60 milliards de dollars entre les importations de biens (46 milliards de dollars en 2017 contre 47 en 2016, donc échec des mesures bureaucratiques autoritaires) , les services fluctuant annuellement entre 10/11 milliards de dollars et les transferts légaux de capitaux entre 3/5 milliards de dollars/. Or les recettes de Sonatrach qui représentant 97/98% des entrés de devises (les recettes et non le profit net) seraient de 34 milliards de dollars à un cours moyen annuel de 60 dollars.
2.2- Pour reprendre un langage militaire, il ne faut pas avoir une vision conjoncturelle, mais les tactiques doivent s’insérer au sein d’une fonction stratégique qui ait cruellement défaut. En 2015 au moment des discours euphoriques de ministres bloqués culturellement, ignorant la transformation du monde, sur les exportations de fer et le ciment, j’avais attiré l’attention du gouvernement sur l’incohérence de sa politique industrielle. Aujourd’hui les résultats sont là avec des possibilités de pertes financières se chiffrent en milliards de dollars ; Et les exemples sont ces surstocks de ciment, sans compter de d’autres unités sont prévues, avec presque une impossibilité d’exporter une grande quantité vers l’Afrique pour couvrir la balance devises dont de nombreux pays ont installé déjà leurs propres unités avec de grandes firmes. Le deuxième exemple qui menace la sécurité nationale avec une sortie excessive de devises sont les unités de montage de voiture usines, nos bureaucrates vivant dans des bureaux climatisés, oubliant la profonde mutation de l’internationalisation de cette filière. Les statistiques douanières de fin 2017 montrent que les importations d’entrants pour les voitures ont approché 2 milliards de dollars pour environ cinq constructeurs dont la majorité par constructeur n’a pas dépassée 20.000 unités/an. Si seulement 20/25 feront du montage, uniquement pour ce segment, les sorties de devises risquent de dépasser largement en cas d’une vitesse de croisière seulement de 30.000 unités/an plus de 10 milliards de dollars an et avec une vitesse de croisière de croisière 120.000 unités/an pour chaque constructeur, pour être compétitif environ 40 milliards de dollars an. Le marché locale a-t-il les capacités d’absorption et ces opérateurs, seront- ils capable d’exporter pour couvrir la partie sortie de devises. Ne devant pas être utopique le taux d’intégration de 40/50% ne peut se faire avant quatre à cinq ans. Une exportation pour réduire les coûts et être compétitif, pour chaque constructeur doit avoir une capacité de production au minimum 100.000/150.000 unités sous réserve de la maîtrise technologique et leur adaptation au nouveau contexte du marché mondial (voitures hybrides, électriques). Cela se répercutera forcément sur le niveau des réserves de change. Quelle sera la balance devises des unités projetées, d’autant plus que la majorité des inputs (coûtant plus cher avec le dérapage du dinar) seront presque importés devant inclure le coût de transport, également la formation adaptée aux nouvelles technologies et les coûts salariaux? Sans compter le manque à gagner de l’Etat de toutes des exonérations fiscales et bancaires qui actuellement n’ont pas permis la baisse des prix, devant dresser la balance devises de ces exonérations et le dérapage du dinar souvent invoqué par ces constructeurs. Car on ne construit plus actuellement une usine de voitures pour un marché local, l’objectif du management stratégique de toute entreprise étant devenu régional et mondial afin de garantir la rentabilité financière face à la concurrence internationale, cette filière étant internationalisée avec des sous segments s’imbriquant au niveau mondial. Comment dès lors ces micro-unités souvent orientés vers le marché intérieur, réaliseront le taux d’intégration prévue de 40/50% au bout d’environ cinq années , risquant de fermer (faillite ne pouvant faire face à la concurrence internationale ) après avoir perçu tous les avantages qui constituent des subventions supportées par le trésor public. Ainsi pour un taux d’intégration variant entre 0 et 10% les avantages doivent être limitées au maximum et devant leur fixer un seuil de production ne dépassant pas 5000 unités/an afin d’éviter que durant cette période certains opérateurs soient tentés dans une logique de rente, d’arriver à plus de 30.000/50.000 unités/an sans intégration, accroissant par là, la facture d’importation en devises des composants.. Ce ne sont que deux exemples. Et cela concerne également d’autres segments au niveau de plusieurs départements ministériels
D’où l’importance d’une planification stratégique, relevant de la sécurité nationale, donc d’une régulation stricte de l’Etat pour éviter des transferts de rente au profit d’une minorité rentière. Sous réserve d’une visions stratégique, sinon cela n’aurait aucun sens, une nouvelle organisation institutionnelle s‘impose. D’où mes quatre propositions : première proposition, la pétrochimie devrait relever non pas du Ministère de l’industrie, étant la vocation de Sonatrach qui dispose de compétences. La deuxième proposition, est de rattacher les énergies renouvelables qui doit relever de la stratégie du Ministère de l’Energie. La troisième proposition, est de regrouper le commerce avec celui des finances où nous assistons souvent à des discours contradictoires entre ces deux départements. La quatrième proposition, est de dynamiser le conseil économique et social, en léthargie depuis des années et donc la composant n’a pas été renouvelée depuis plus de 25 ans, certains étant au niveau du secteur privé en 2018 représentant officiellement toujours le secteur public, véritable anomalie qui discrédite cette institution, lieu de dialogue entre toutes les composantes représentatives de la société de 2018 et non celle de 1995, ou avec les tensions actuelles, il aurait pu servir d’amortisseur et corriger en tant que «Conseil indépendant du gouvernement » comme le stipule la nouvelle constitution les incohérences de la politique socio-économique.