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vendredi 3 octobre 2025
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Les avocats algériens en colère, ah bon ?

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J’ai lu avec attention la déclaration conjointe de six associations de la diaspora algérienne concernant la nouvelle mesure visant à interdire aux avocats leur expression en public. Après la lecture du communiqué je me suis retrouvé assommé, je venais de prendre conscience d’une déclaration révolutionnaire. Le régime militaire doit prendre garde !

On me dit d’arrêter de tirer sur tout ce qui bouge et que cela devient contre-productif. Je vais faire un effort et je vais tirer sur ce qui ne bouge pas.

J’ai dû m’expliquer à ce sujet une centaine de fois dans ce journal, je suis opposé à toute opposition qui légitime le droit lorsqu’on parle de l’Algérie. C’est paradoxal car c’est justement celui qu’on souhaiterait voir s’installer dans notre pays.

J’en avais beaucoup parlé lors de mon retour à Alger. Il faudrait qu’on m’arrache la langue pour que j’en reparle de nouveau. J’ai compris la leçon de ma très lourde erreur. Mais moi, cela fait 33 ans alors que les associations signataires du communiqué le font encore après les trois décennies.

Lisons ce communiqué :

Il débute par un classique, le rappel de deux articles de la constitution. Je le fais toujours mais avec la précaution de les rejeter. Pourquoi ? Tout simplement parce que faire appel à eux est déjà posé le postulat que la constitution du régime militaire est une base de débat. C’est eux qui les ont reportées dans la constitution. Nous rejetons la légitimité des généraux, nous ne devons en aucun cas faire appel aux principes fondamentaux inscrits dans une constitution qui n’est pas légitime.

C’est comme si on leur rappelait que les vérités qu’ils proclament sont fondamentales et qu’ils ne les respectent pas. Autrement dit que ce qu’ils ont proclamé sur un bout de papier n’est pas à rejeter dans son ensemble.

La constitution est un tout, on ne peut pas valider des points et ignorer l’abject des autres. Le droit est une philosophie générale qui ne peut être envisagé par le respect de quelques articles et ne pas contester le tout qui associe des dispositions horribles. 

La seconde remarque qui en découle est que cette stratégie qui consiste à rappeler aux généraux le droit pour mettre en marche la révolution est tout simplement naïve et coupable. Le texte n’est pas seulement truffé des dispositions du droit, il en est exclusivement le contenu.

Ils ont juste oublié de mentionner le  texte de la déclaration des héros de la révolution, de la Bible, du discours de Danton et des emportées lyriques de Fidel Castro.

La fronde est grande, les avocats font trembler le régime et nous sommes à l’aube d’une ère qui aura définitivement mis fin aux généraux et autres pouvoirs à leurs bottes. Rien, absolument rien ni jamais un régime militaire et liberticide n’a interdit des propos qui se cantonnent à rappeler les principes du droit. Personne n’a été incarcéré ou menacé pour les avoir proclamés mais seulement en fustigeant clairement des actions et/ou des noms.

Soyons maintenant séreux et arrêter la dérision. 

1/ Je n’ai trouvé aucune mention concernant les prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles.

2/ J’ai retrouvé, perdu dans le texte, le même vocabulaire d’esquive que je dénonce depuis si longtemps. Jamais ils ne mentionnent les mots que sont, les généraux, le régime militaire, le fascisme, le gouvernement de la terreur, la dictature du président et ainsi de suite. Ils contestent le déni de droit qui leur est fait mais on ne sait pas par qui ni comment ? Quant au ministre de la justice, il n’existe tout simplement pas

3/ En corollaire j’ai retrouvé celui sur lequel j’aurais misé à l’Euromillion sans risque. Le fameux mot « régime ». Si vague qu’on pourrait penser au régime alimentaire ou à celui des bananes. Je leur fait crédit de la phrase « Nous faisons remarquer que cet acte est propre à la police politique et à l’État sécuritaire… », Cependant, là aussi, on prend bien soin de ne pas mettre l’adjectif algérien. 

On va jusqu’à la limite du danger mais il ne faut pas exagérer en écrivant « à la police politique et à l’État sécuritaire algérien ». C’est moins vague que le mot « régime » mais peut mieux faire. C’est vrai que «police politique algérienne » est un pas plus engageant, dangereusement engageant.

On m’avait appris en cours de droit d’être simple et court car la dilution dans un long ânonnement des dispositions légales est le meilleur moyen de ne rien dire dans l’analyse.

J’ai souvenir de ce conseil et je rédigerais ce communiqué, sans encombrement des références juridiques, de la manière suivante : « Vous, les généraux et vos pantins, êtes des monstres de barbarie, corrompus, diplômés de la terreur et de la communication du nationalisme que des gogos suivent ». Au passage, je pourrais citer le nom que je n’ai jamais trouvé dans le texte, celui de notre brave Abdelmadjid. D’ailleurs je n’en n’ai trouvé aucun autre. Il n’y a jamais de noms ni de visages dans la critique des algériens. Ils s’en souviennent seulement pour des rappels informatifs, lorsqu’ils sont éjectés, condamnés ou en fuite. 

Bien entendu je réitère ma pensée respectueuse aux rédacteurs car ils veulent bien faire et contribuer à la démocratie. Je n’ai aucun doute sur cela, c’est sincère. Juste leur dire d’arrêter ce genre de textes qui ne fait pas frémir un seul poil de la moustache d’un général.

Boumediene Sid Lakhdar

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