Les responsables militaires de la force d’attente sont formels, ils n’ont « pas reçu de contre-ordre » pour l’intervention militaire à Niamey, selon un officier supérieur. En clair, l’option de la force pour rétablir l’ordre constitutionnel est toujours d’actualité, maintenue et programmée, rapporte le correspondant de Rfi à Cotonou.
Selon plusieurs confidences, les chefs des armées gèrent en ce moment la mise en place des troupes. Dans cette phase de mise en place, les pays éloignés du Niger se sont accordés pour acheminer leurs contingents vers les pays frontaliers du Niger, retenus comme base. Cette étape serait imminente, selon une source bien informée : hommes et logistique pourraient être transportés par air ou par mer.
Les dernières informations indiquent que la force d’attente de la Cédéao sera composée des soldats du Bénin, du Nigeria, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, et on évoque désormais la contribution du Ghana. Pour marquer son engagement, le Ghana a justement accueilli la réunion des chefs d’État-major le 18 août et son Président Nana Akoufo Ado a reçu les hauts gradés en audience pendant une quarantaine de minutes. D’autres pays qui ont fait des promesses à Accra pourraient compléter le dispositif militaire.
« Nous ferons le job, plus besoin d’une nouvelle réunion, nous sommes prêts »
Les appels au règlement par voie diplomatique et l’annonce de la tournée du ministre des Affaires étrangères d’Algérie – opposé au recours à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel – ne semblent pas freiner l’option militaire.
La plupart des contingents ont déjà constitué leur état-major : il s’agirait d’un dispositif de commandement opérationnel. La coordination se fera une fois sur base. « Nous savons faire », dit un haut gradé, qui reste muet sur la date du début des opérations. « Nous ferons le job, [il n’y a] plus besoin d’une nouvelle réunion, nous sommes prêts », confie un officier supérieur d’une armée de la région.
L’UA a voulu s’opposer autant que possible à une intervention militaire, sans pour autant « désavouer la Cédéao »
Sur le plan diplomatique, l’Union Africaine a pris du temps pour s’exprimer ouvertement sur les décisions de la Cédéao. Son communiqué du mardi 22 août témoigne de la complexité de la situation : si l’organisation demande le retour à l’ordre constitutionnel et soutient des sanctions, elle affiche sa préférence pour la diplomatie sans s’opposer entièrement à l’option militaire pour ne pas « désavouer la Cédéao », selon Pape Ibrahima Kane, spécialiste des institutions africaines à la fondation Open Society Africa (OSIWA).
L’UA a suspendu la participation du Niger à ses activités, et par là-même, prend acte du fait que le président Bazoum est renversé et le coup d’État « consommé ».
La junte autorise le Mali et le Burkina à intervenir militairement
La junte au pouvoir au Niger a autorisé le Mali et le Burkina Faso à envoyer leurs troupes sur le territoire nigérien en cas d’attaque, ont annoncé jeudi les trois pays dans un communiqué commun, laissant suggérer que les putschistes entendent résister aux pressions extérieures de rétablir l’ordre constitutionnel. Cette annonce intervient alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a menacé d’intervenir militairement au Niger pour y rétablir l’ordre constitutionnel après que l’armée a renversé fin juillet le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum. Les pays ont rappelé que le Mali et le Burkina Faso considéreraient toute intervention militaire au Niger serait considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre.
La junte fermée à toute solution de retour en arrière
Sur la crise nigérienne, l’émissaire en chef de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a accordé une interview à la BBC en langue hausa. L’ancien président du Nigeria y est revenu sur ses derniers échanges avec le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l’organe qui dirige le pays depuis le coup d’État du 26 juillet 2023.
Dans cet entretien, Abdulsalami Abubakar dit qu’il a trouvé le général Abdourahamane Tiani, le leader du CNSP, très ouvert au cours des échanges qu’il a eus avec la junte. Trois heures d’échanges, dit-il. Un point semble cependant impossible à aborder avec le CNSP : celui du retour au pouvoir du président renversé, Mohamed Bazoum.
Abdulsalami Abubakar assure que le général Abdourahamane Tiani « a souligné qu’ils ont déjà destitué le président Bazoum et que la question de son retour au pouvoir ne sera pas possible. Ils ont dit qu’ils ne le feraient pas, qu’ils ne ramèneraient pas Bazoum au pouvoir, mais qu’ils seront prêts à négocier sur toute autre chose. »
Avec Rfi