19 avril 2024
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Les chiffres ne se mangent pas, le pétrole ne se boit pas…

Pétrole
L’économie algérienne dépend totalement de sa production en hydrocarbures.

 « Les chiffres sont aux analystes ce que les lampadaires sont aux ivrognes : ils fournissent bien plus un appui qu’un éclairage ». Jean DionJean Dion

Pour les enfants, il y a d’un côté des chiffres « pairs » et de l’autre des chiffres « mères ». Pour des érudits, si les chiffres ne mentent pas, il arrive que les menteurs chiffrent. Pour le commun des mortels, les chiffres ne se mangent pas.

En effet, un nourrisson a besoin de lait, un affamé de pain, un assoiffé d’eau, un malade de soins, un chômeur de travail, un paysan de terre, un épicier d’épices, un investisseur de sécurité, un entrepreneur de liberté, un comptable de chiffres. Vous dites que les salaires vont augmenter en deux ans de 47 %, que le taux d’inflation ne dépassera pas les 09 %, que les réserves de change vont dépassent les 60 milliards de dollars, que le taux de croissance sera de 05 % l’an, que l’Algérie va rejoint le BRICS. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

L’Algérie virtuelle est née, l’Algérie réelle décède

Il vous suffit d’un clic pour faire apparaître les bons chiffres et faire disparaître les mauvais. Ne dit-on pas en économie que la mauvaise monnaie chasse la bonne. Des morts qui ressuscitent les vivants. La mort n’a jamais enfanté la vie.

Les économistes et autres politiciens sans scrupules doivent comprendre que les chiffres ne se mangent pas. Non, les beaux discours et les statistiques élogieuses n’ont jamais rempli le couffin de la ménagère, n’ont jamais soigné les malades, n’ont jamais éduqués les enfants, n’ont jamais créé des emplois pour les jeunes diplômés qui chôment dans ce vaste pays.

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Les prévisions optimistes et les projections aléatoires n’ont jamais nourri les des populations. De même qu’on ne construit pas édifice avec la bouche, on ne développe pas un pays avec les chiffres. Tandis que le taux de croissance économique grimpe d’année en année, le panier de la ménagère, lui, se vide, les emplois se font de plus en plus rares, l’éducation se dégrade.

De toute façon, le jour où je mangerai à ma faim et boirai à ma soif, le jour où je respirerai à mon aise, le jour où je grimperai les montagnes sans peur et sans reproche, le jour où le traverserai le désert saharien à la rencontre de mes frères maliens, nigériens, mauritaniens, sénégalais sans craindre les piqures des scorpions qui pullulent dans ce vaste désert, le jour où je pourrai me loger décemment et me soigner sans m’endetter, le jour où mes frères sortis des grandes écoles auront de l’emploi sans se compromettre ou corrompre, ce jour-là, quel que soit le pourcentage de croissance économique, je saurai que le pays est sur la bonne voie.

L’indépendance est comme un pont, au départ personne n’en veut à l’arrivée tout le monde l’emprunte. Entre la nuit et le jour, il n’y a pas de mur. Entre ciel et terre, il n’y a pas d’étage. Dieu est un, il n’est pas trois. L’Etat ce n’est pas une météorite tombé du ciel pour faire le bonheur des hommes sur terre. C’est une invention des hommes, des hommes éclairés, faisant de l’Etat de droit un substitut à l’autorité de l’église.

L’argent du pétrole s’est substitué à la providence divine Il a obtenu la soumission de la population et le soutien des puissances étrangères. Il est devenu incontournable. Il est à l’origine de toutes les fortunes acquises en dinars et en devises. Il interdit aux gens de travailler sérieusement, d’investir de façon rationnelle ou de produire des biens et services en dehors des sphères que contrôle l’Etat.

Bref, il fait de la politique, de l’économie et de la diplomatie. Entre le pétrodollar et le narcodollar, le dénominateur commun est le dollar. Il corrompt tout le monde. Nous sommes tous drogués.

Déçu par tant de forfaitures et de lâcheté, un jeune poète inconnu, aurait lâché ce cri de désespoir au peuple algérien : «Pleure comme une femme, un pays que tu n’as pas su bâtir comme un homme ; tu as succombé au gain facile ; tu t’es rabaissé pour le ramasser ; tu t’es débarrassé du bleu de travail du colon pour enfiler la djellaba blanche de l’indépendance, tu as retiré tes bottes pour porter des sandales, tu t’est dit, c’est le repos du guerrier. De dix millions tu es passé à quarante millions d’habitants.

Du lait de chèvre, tu es passé au lait de vache, du couscous au pain parisien. Tu t’es rasé tes moustaches pour garder la barbe. Une barbe que tu as fini par raser pour paraître jeune et vigoureux et prendre le large à bord d’embarcation de fortune à destination de l’Europe, ce miroir aux alouettes. Tu n’es plus jeune tu as soixante ans d’indépendance.

Tu demandes ta retraite c’est-à-dire de te retirer de la vie inactive pour avoir perçu des revenus sans contrepartie productive soit en tant que salarié, fonctionnaire, importateur, banquier, commerçant, profession libérale et j’en passe. Indépendance signifiait pour toi, pointer et attendre la fin du mois pour ton virement pour avoir fait semblant de travailler. Tu ne dois pas faire la mue lorsque l’Etat fait semblant de te payer en argent solide sous forme de biens et services importés (pétro dollars) en période de vache grasse et en argent liquide en actionnant la planche à billets (pétro dinars) en période de vache maigre. Le cours du brut est un instrument redoutable de domestication des peuples et d’aliénation des élites.

En Algérie, c’est l’argent du pétrole et le gaz qui a obtenu la soumission des populations et le soutien des puissances étrangères,

Pour conclure, l’Algérie est-elle prête à céder les réserves de pétrole et de gaz se trouvant dans le sous-sol contre tout bonnement un peu d’eau et beaucoup d’oxygène car considère-t-elle, que si le pétrole et le gaz « polluent »,  l’eau et l’air « purifient », consciente de plus en plus que la terre algérienne n’a pas besoin du sang des guerriers mais de la sueur des hommes.

Pour ce faire, elle est à la recherche d’une nouvelle idéologie fondée sur le travail créateur de richesses et d’une pensée libératrice productrice de valeurs et de symboles pour la tirer de cette léthargie qui lui colle à la peau depuis plus de cinq décennies.

Que de temps perdu ? Que d’énergie gaspillée ? Que d’opportunités ratées ? Dans un pays où s’accumulent des fortunes et où l’homme dépérit, on ne peut que méditer cet adage populaire : « une richesse amassée est un tas de fumier puant et que par contre une richesse répandue est un engrais fertile ». Autrement dit une fortune entre les mains des gens sans esprit sans scrupule et sans moralité est un danger public. La possession des biens ne signifie pas nécessairement jouissance de ces biens et encore moins en tirer profit pour le bien de tous et de chacun. Il est vrai que certains pays sont forts en histoire et d’autres en géographie.

Dr A. Boumezrag

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