23 novembre 2024
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Les combats font rage autour de sites pétroliers à l’est de la Libye

Conflit

Les combats font rage autour de sites pétroliers à l’est de la Libye

Des combats ont éclaté jeudi entre forces rivales autour de deux importants sites pétroliers dans l’est de la Libye, perturbant de nouveau la production de brut dans ce pays miné par les luttes d’influence.

Des groupes rivaux à l’homme fort de l’est libyen, Khalifa Haftar, ont attaqué les deux sites dans la région du Croissant pétrolier contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL) auto-proclamée, mettant le feu à un réservoir de brut atteint par une roquette. La confusion règne toutefois sur l’identité des assaillants. 

L’ANL a affirmé qu’il s’agissait des « Brigades de défense de Benghazi » (BDB), formées de combattants chassés de la ville de Benghazi (est) par les pro-Haftar, tandis que la Compagnie nationale de pétrole (NOC) a dit dans la soirée que l’offensive avait été menée par une force dirigée par Ibrahim Jadhran.

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M. Jadhran était à la tête des Gardes des installations pétrolières (GIP) en charge de la sécurité du Croissant pétrolier. 

Ce dernier a régulièrement défié les différents pouvoirs libyens, à Tripoli ou dans l’Est et a bloqué les exportations durant près de deux ans dans le croissant pétrolier, avant d’en être chassé par l’ANL en septembre 2016.

Il avait disparu depuis, avant de réapparaître jeudi dans une vidéo sur les réseaux sociaux, affirmant avoir formé une coalition -la « force de libération du croissant pétrolier »- pour reprendre les sites pétroliers.

Les combats ont éclaté jeudi au sud du terminal de Ras Lanouf et Al-Sedra, déjà endommagés par des violences similaires en 2016 et 2017.

La NOC a annoncé dans un bref communiqué avoir évacué son personnel des terminaux de Ras Lanouf et d’Al-Sedra « en raison des affrontements armés », mettant en garde contre une perte de production de l’ordre de 240.000 barils/jour.

Elle a indiqué plus tard dans un communiqué l’arrêt des exportations dans les deux ports de Ras Lanouf et Al-Sedra, déclarant l’état de « force majeure » sur les deux sites.

« Extrémistes » 

« Nous continuons à surveiller la situation sur le terrain. Nous travaillerons avec des partenaires locaux et gouvernementaux pour rétablir l’ordre et la pleine capacité de production dès que possible », a déclaré Mustafa Sanallah, le patron de la NOC, selon le communiqué.

Selon un porte-parole de l’ANL, « cette attaque vise à alléger la pression sur les terroristes à Derna », ville située plus à l’est où l’ANL mène une offensive pour chasser une coalition de milices jihadistes et islamistes.

Le ministère français des Affaires étrangères a condamné « avec la plus grande fermeté l’offensive » contre els dites pétroliers, qualifiant les assaillants d' »extrémistes ». 

Le président français Emmanuel Macron a réuni à Paris les principaux protagonistes de la crise libyenne qui ont endossé une déclaration orale prévoyant l’organisation d’élections législatives et présidentielle le 10 décembre.

Des analystes estiment toutefois que la fragmentation du pays rend les promesses fragiles.

Khalifa Haftar, soutenu par des autorités basées dans l’est libyen, s’oppose toujours au gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale et l’ONU.

Les forces pro-Haftar ont pris en septembre 2016 le contrôle des quatre principaux sites pétroliers de Libye -Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra- qui assurent l’essentiel des exportations libyennes d’or noir, permettant une reprise de la production.

Dans un communiqué, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a dénoncé « un acte susceptible de menacer la sécurité et la stabilité du pays et raviver la discorde ». 

« Cette escalade irresponsable pousse le pays vers une guerre civile », a-t-il mis en garde.

« Escalade dangereuse »

Mais dans l’autre camp, le gouvernement parallèle basé dans l’est a accusé le GNA d’être « derrière l’attaque ».

« Cette attaque vise à (…) empêcher toute progression dans l’entente » entre camps rivaux en Libye, après la rencontre de Paris, a-t-il estimé dans un communiqué. 

Cet exécutif a fait état par ailleurs d’une « alliance » entre les BDB et les « les milices d’Ibrahim Jadhran ».

Claudia Gazzini de Crisis Group n’a pas écarté cette hypthèse.

« La violence, les abus et les meurtres perpétrés par l’ANL renforce le sentiment (d’hostilité) parmi d’autres groupes qui peuvent s’allier » face au même ennemi, a-t-elle dit.

La mission de l’ONU en Libye (Manul) a condamné l’attaque, estimant sur son compte Twitter que « cette escalade dangereuse » met en péril l’économie libyenne et risque de provoquer un conflit généralisée ». 

La Libye qui dépend essentiellement de la manne pétrolière, produisait 1,6 million de b/j avant la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. La production de brut ayant été divisée par cinq depuis, avant de dépasser, malgré des perturbations dues aux violences, un million de bj fin 2017.

Auteur
AFP

 




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