Les costumes de G. Washington et de F. D. Roosevelt, trop grands pour Donald Trump

Nous sommes des dizaines de millions sur cette terre à avoir été sûrs que cela arriverait. Nous sommes même étonnés que l’événement ne se soit pas produit plus tôt.

Tout d’abord dans la campagne électorale où tout pouvait se passer jusqu’à la promesse d’emmener le peuple américain vers Mars et l’Eldorado ou de lui garantir la découverte de la légende biblique de l’or de la reine de Saba.

Tout pouvait arriver et je pensais réellement que le dément de la Maison blanche allait réitérer le projet d’un troisième mandat présidentiel. Il avait déjà esquissé cette idée mais avec des circonvolutions qui se noyaient dans le flot général des élucubrations.

À peine élu le 13 novembre il avait déclaré devant la foule des représentants républicains (est-il un seul moment sans la foule ?), « Je pense que je ne me représenterai pas, à moins que vous ne vous disiez : ‘Il est bon, nous devons envisager autre chose' ».

Antérieurement au 13 novembre, Donald Trump avait prononcé devant des démocrates et des républicains une parole surprenante. Personne n’avait prêté attention à cette bêtise parmi tant d’autres, pourtant on aurait pu deviner ce qu’elle voulait signifier.

« Les Américains n’auraient « plus à voter » à partir de 2028, année de la prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis. « Nous aurons tellement bien réglé le problème que vous n’aurez plus à voter ». Dans ces paroles il y avait plus que l’idée d’un troisième mandat mais celui de supprimer le vote lui-même.

Dans la première partie du projet nous venons de nouveau entendre clairement ce lundi 31 mars la phrase dans un propos général sur la possibilité d’un troisième mandat « Je blague pas ». Puis, encore plus stupéfiant « Il y a des méthodes pour faire ça ».

Que dit la constitution ? C’est dans le XXII ème amendement, voté en 1951, que nous pouvons trouver une première réponse,  « Nul ne pourra être élu à la présidence plus de deux fois…/… ». Les deux fois peuvent ne pas être consécutives. C’est d’ailleurs ce qui a permis un second mandat de Trump.

Alors quelle est l’énigmatique de ce « Il y a des moyens pour cela » dans la déclaration de Donald Trump ?

Il n’y a que trois possibilités logiques. La première est de modifier la constitution. Après tout, il l’ignore dans ses actes et pourrait continuer dans son chemin vers une dictature, le mot n’est plus une lointaine éventualité si sa folie continue.

Or si la majorité dans les deux chambres, celle des représentants et du Sénat, est détenue par les républicains, c’est loin d’atteindre un plafond beaucoup plus haut pour une modification constitutionnelle.

Il lui resterait une seconde possibilité, le coup d’Etat, ce qui n’est pas inconcevable pour un homme qui avait fait marcher ses troupes pour l’assaut du Capitole. Mais cette fois-ci l’effet de surprise sera plus difficile à produire.

Pour la troisième possibilité, les avocats de Donald Trump auraient trouvé une faille dans la constitution, ou plutôt ce qu’ils considèrent comme être une faille. Pour eux la constitution interdit d’être élu une troisième fois mais fait silence sur l’éventualité d’une « succession ».

La succession est la possibilité de l’accession à la présidence lorsque le vice-président  démissionne ou est dans l’incapacité de poursuivre son mandat. Donald Trump étant  préalablement élu comme vice-président sur le ticket d’un homme de paille comme l’est le vice-président actuel. Ce dernier démissionnerait et Donald Trump serait automatiquement président selon le texte de la constitution américaine.

Cette solution avait été pratiquée deux fois avec Medvedev et Poutine en Russie qui se sont relayés. Un sérieux débat entre des juristes est en cours mais il semble recueillir une majorité écrasante qui écarte la possibilité d’une grosse entourloupe comme celle-ci.

En plus, Donald Trump croit fermement dans son délire qu’il peut rester au firmament de la puissance pendant si longtemps.

Qui a exercé plus de deux mandats dans l’histoire américaine ? Proposée par ses soutiens, George Washington avait été proposé pour un troisième mandat en 1796 mais il avait refusé. Cependant, la limitation à deux mandats n’était pas encore inscrite dans la constitution.

Puis Franklin Roosevelt qui avait été élu quatre fois même si sa mort était intervenue au début de ce quatrième mandat. Mais Donald Trump n’est pas Roosevelt pour au moins deux raisons.

La première est que ce dernier a dû affronter la grande dépression économique puis la seconde guerre mondiale. Il était inconcevable de changer de Président à ce moment.

Pour la seconde, comme pour George Washington, la limite de deux mandats n’était pas encore inscrite dans le texte suprême. Elle le sera juste après la seconde guerre mondiale.

Donald Trump ne peut enfiler le même costume que ces deux grands noms de l’histoire américaine, ni par la dimension ni par la possibilité juridique, ni par les circonstances.

Alors, il ne lui resterait qu’une ultime solution, provoquer une troisième guerre mondiale en continuant sa folie de bouleversement du monde, ce qui le légitimerait peut-être à rester.

Mais avec son costume de clown par rapport à celui des deux précédents présidents, c’est très improbable.

Boumediene Sid Lakhdar