21 novembre 2024
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Les libraires, cibles de menaces et d’interdiction de rencontres

Après les ONG de défense des droits humains, les associations, les partis d’opposition et les activités, les librairies, derniers espaces de débats, sont dans le collimateur des autorités.

La librairie Cheikh à Tizi-Ouzou, un important centre de rencontres littéraires en Kabylie, vient d’annoncer l’arrêt de toute vente dédicaces dans ses murs. Elle devait organiser une rencontre autour du livre « L’Algérie juive, l’autre moi ». La décision fait suite à l’interdiction de la vente dédicace de ce livre écrit par Hedia Bensahli qui a suscité ces derniers jours un séisme dans les milieux islamistes embusqués au sein du pouvoir. Résultat : le livre est interdit et tous les exemplaires sont retirés des libraires.

Une autre rencontre littéraire autour du livre L’Algérie juive, (éditions Franz Fanon), prévue dans la capitale, a été annulée samedi 26 octobre, ont indiqué les organisateurs à l’AFP.

La librairie « L’Arbre à dire », à Alger, a déclaré avoir dû annuler cette lecture sur le patrimoine juif algérien sans donner plus de détails. L’annulation intervient quelques jours après qu’un député islamiste, Zouheir Fares, a affirmé que le ministère de la Culture avait interdit l’événement suite à sa demande formelle.

Un député islamiste appelle les autorités à intervenir

Il a également publié une lettre dans laquelle il appelle les autorités à prendre des mesures, qualifiant le livre de forme de « normalisation culturelle avec les sionistes« .

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Dans sa missive, le député affirme que la préface est écrite par « une citoyenne de l’entité sioniste (Israël) ayant récemment servi dans son armée« , faisant référence à l’auteure française Valérie Zenatti qui signe la préface du livre de Hédia Bensalhi.

Dans une interview accordée en février 2024 au journal algérien Le Soir, Hedia Bensahli avait déclaré que son ouvrage était axé sur l’Algérie et couvrait plus de 2 000 ans d’histoire, précisant que le livre était déjà en vente avant le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Il ne fait pas bon de rappeler l’existence d’un passé juif en Algérie. La guerre exterminatrice menée par l’armée israélienne à Gaza et au Liban s’invite en Algérie pour servir de justificatif d’un révisionnisme bête de notre histoire. Les éditions Koukou qui n’ont pourtant rien à voir avec le conflit qui délite le Proche-Orient est dans le collimateur des islamistes qui dirigent le ministère de la Communication. Une politique d’encerclement lui est imposée, lui interdisant de participer à tous les salons du livre. L’étouffement économique est la finalité de cette campagne haineuse.

Mais ce n’est pas seulement ce livre qui fait l’objet d’interdiction et d’incursion policière dans les librairies. Rappelons-nous celle menée fin juin à Bgayet par une escouade de la BRI dans la librairie Gouraya pour mettre un terme à une simple conférence-dédicace de Dominique Martre autour de son livre « La Kabylie en partage ». La conférencière, l’éditeur, Arezki Aït Larbi et tous les présents à cette rencontre dédicaces ont été embarqués comme des délinquants et passés à la question dans un commissariat de Bgayet.

Même les éditions Gallimard qui viennent de publier Houris de l’écrivain algérien Kamel Daoud sont interdites de participation au Salon international du livre d’Alger. Pendant ce temps les maisons d’éditions qui promeuvent le wahhabisme et l’islamisme le plus rétrograde y trouveront toute leur place au grand bonheur de nos dirigeants éclairés.

Bien entendu, les auteurs consensuels qui ne pipent mot de l’actualité ou de l’arbitraire qui rongent le pays peuvent continuer à signer à tour de bras leurs livres.

La rédaction

5 Commentaires

    • Exact, très juste, mais je pense qu’il faudrait aller plus loin. Il faudrait encore préciser que qu’il s’agit ….  » d’une matrice politico militaire et policière, d’un une matrice néo fascisme militaro fondamentaliste à résonnance idéologique arabo islamique. Donc c’est bien plus que l’islamisme fondamentaliste mortifère. Il s’agit d’une doctrine politique et idéologique arabo islamique exclusive, d’un pan arabisme importés de force et sans consulter personne en 1962 par le clan d’Oujda avec une propagande politique permanente et continue qui a fait croire à beaucoup d’algérien qu’ils sont que des arabes et rien d’autre.

      C’est donc surtout cette idéologie là qui fait le plus de mal à beaucoup d’algériens, notamment les berbères, ….. plus précisément les berbères Kabyles et les berbères chaouis car les autres berbères algériens ne semblent pas trop concernés par cette question d’identitaire.

  1. Tout çà est normal car une bonne partie des algériens ont accepté en 1962 ; à l’indépendance et sans brancher la politique du clan d’Oujda à savoir l’instauration par la force, d’un régime autocratique, autoritaire, politico- militaire et policier qui a détourné la révolution à son profit, qui a en plus imposé sans consulter personne l’idiologie politique arabo islamique exclusive, le pan arabisme , tout en rejetant l’identité berbère, amazigh pourtant millénaire de l’Algérie.

    Maintenant on est coincé comme des rats car la propagande du pouvoir depuis l’indépendance a fait en sorte qu’une bonne partie les algériens s’est installée dans cette idéologie arabo islamique et beaucoup se disent et ses croient arabe et fier de l’être. Les berbères , les imazighène ont intérêt a se réveiller très vite s’ils ne veulent pas disparaître petit à petit surtout avec l’école de la république qui est devenue une sorte d’annexe des mosquées.

  2. Le fascisme est à la mode. La Chine, avec Xi, la Russie avec Vladimir ont donné le top départ du nouvel oedre mondial… le leur, bien sûr, qui peut se résumer à ceci : la démocratie, la liberté de pensée, le pluralismes, etc. sont des paradigmes occidentaux qui n’ont rien à faire dans nos sociétés. Les nationaux (je n’ose pas dire citoyens) qui adoptent ces idées sont considérés comme des malades, des contamunés, qu’il faut neutraliser par tous les moyens, pour éviter qu’ils ne contaminent le reste de la populace, mettant, de ce fait, en danger l’ordre établi.
    Bien sûr, ce mode de « gouvernace » (pardon, pour cette énormité) est réservée à la plèbe. Eux et leur progéniture se réservent tous les privilèges, y compris celui de jouir des bienfaits de la maladie de l’Occident.

  3. Merci pour ce papier.
    Néanmoins, il y a lieu de préciser que le livre « L’Algérie juive » est édité par les éditions Frantz-Fanon. Le texte laisse entendre qu’il est publié chez Koukou éditions.
    Ma solidarité totale avec les éditions Koukou et les éditions Frantz-Fanon. Solidaire de tous les auteurs libres.
    Pour la liberté d’écrire et de créer.

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