Site icon Le Matin d'Algérie

Les MAGA se rebiffent, Donald Trump recule  

Trump et son cercle proche

Trump et son cercle proche

Donald Trump a finalement bombardé les installations nucléaires iraniennes. Stupéfaction,  l’Iran a bombardé à son tour une base américaine au Qatar.

Le monde entier s’attendait à ce que Donald Trump réplique avec les moyens de la plus grande puissance militaire. Nous nous étions dit que l’affront allait être terriblement sanctionné.

Mais existe-t-il autre chose qui puisse définir le président américain que l’imprévisible ? Et c’est effectivement cela qui s’est passé, l’imprévisible. Il a proposé un cessez-le-feu qui, selon lui, a été accepté par les deux parties.

Que s’est-il passé ? Il n’y a aucun doute, Trump, un grand enfant gâté et impulsif, vient de se rendre compte qu’il vient de faire une grosse bêtise. Le bombardement de la base américaine par l’Iran lui a effectivement donné des sueurs froides. Il sait qu’il n’a pas tenu compte de la seule ligne rouge qu’il ne devait pas franchir au risque de la perte de ses soutiens. 

Il avait pourtant eu beaucoup de signaux d’alerte des plus connus d’entre eux qui étaient ses relais dans le monde politique comme dans celui de la communication médiatique. Cette ligne rouge était sa promesse de ne jamais plus engager militairement les Etats-Unis dans des conflits internationaux.

Il l’avait tellement martelé pendant sa campagne présidentielle et tellement fustigé ses prédécesseurs à ce sujet. Il a oublié que ses électeurs sont massivement pour un repli de l’Amérique afin de se recentrer sur ses seuls intérêts économiques et la faire revenir à son âge d’or, la puissante Amérique, blanche et aux valeurs chrétiennes (Make America Great Again). Le mur de la citadelle avait déjà commencé à se fissurer avant cette grossière erreur du soutien aveugle à Israël ;

La guerre, oui, avaient semblé dire ses électeurs mais seulement économique. Beaucoup ont bien senti que la manipulation par Netanyahu  faisait de leur président une marionnette qui entraînait vers le conflit généralisé. Faisons le point sur les défections les plus visibles. 

C’est d’abord celle de Steve Bannon, son ancien conseiller lors du premier mandat qui s’oppose d’une manière très ferme à l’engagement militaire C’était l’éminence grise du président pour les idées d’extrême droite les plus détestables. Idéologue du président il sera connu en Europe pour ses très nombreuses interventions auprès de tous les partis d’extrême droite. 

Puis, Tucker Carlson, le très célèbre éditorialiste et anciennement présentateur de Fox New (d’où il avait été congédié) et qui dirige maintenant sa propre émission très suivie sur X, vient de prendre la même attitude d’opposition. Tucker Carlson est l’équivalent d’un Vladimir Soloviev en Russie. Il est un conservateur des plus caricaturaux, anti wok et de toute transgression aux valeurs chrétiennes, nationaliste et violemment contre l’immigration. Il ne pouvait être meilleur soutien de Donald Trump

Sa position n’est pas nouvelle car il avait déjà dissuadé Donald Trump en 2019 de conduire des frappes contre l’Iran. Cette fois-ci la rupture est consommée.

L’exubérante passionaria de Donald Trump, une représentante de Géorgie qui siège au Congrès,  a vivement contribué à l’apparition d’un schisme au sein de la base du mouvement trumpiste. Elle a déclaré, « Quiconque souhaite ardemment que les États-Unis s’impliquent pleinement dans le conflit entre Israël et l’Iran n’est pas un partisan de l’America First ou du mouvement MAGA ». Elle a essayé, pourtant, dans un dernier espoir, de proposer une réinterprétation de la doctrine America First pour justifier l’intervention militaire.  Elle sait bien que la faute est irréparable et qu’il faut au moins sauver quelques meubles avant les élections de midterme (mi-mandat)

Chose impensable venant de lui, le vice-président J.D. Vance s’est lui aussi publiquement exprimé sur le sujet en affirmant que le contrat avec leurs électeurs était de « n’utiliser l’armée américaine que pour atteindre les objectifs du peuple américain ». 

Mais bon sang, je sais qu’il en reste un mais je ne sais plus lequel ? Mon vague souvenir me dit qu’il était riche, grand entrepreneur, rêveur de l’espace et venu de l’étranger. Peut-être qu’avant la fin de l’article je m’en souviendrais. Il aurait été le premier à quitter le navire. Au début de l’histoire, il avait compris « Make Myself More Great ». 

Bien d’autres peuvent être cités mais il fallait que je m’en tienne aux plus connus. Quant aux grosses troupes de la secte MAGA, la chose est encore difficile à mesurer. Si on sent bien que sa base est encore solidement favorable, il y a néanmoins quelques tonalités différentes dans ce soutien qui apparaissent.

Un nombre de personnes interrogées dans la rue disent continuer à le soutenir mais qu’il ne devrait pas aller sur ce sentier et plutôt continuer le projet « l’Amérique d’abord ». 

Mais il n’y a pas que cela. Au Congrès américain de très nombreux représentants démocrates (et quelques Républicains isolés) invoquent l’article 1 de la Constitution qui donne compétence au seul Congrès de déclarer la guerre.  

Les partisans du président trouvent argument dans l’article 2 qui indique que le président est le « Commandant en chef des armées ». Une interprétation depuis la seconde guerre mondiale lui permettrait, selon eux, de passer outre cette obligation lorsque les intérêts vitaux des Etats-Unis sont menacés.

Donald Trump a répondu par une pirouette que les intérêts des américains étaient en jeu si l’Iran venait à posséder la bombe atomique vu l’hostilité et les menaces envers le pays ont été répétées depuis la création de l’Etat islamique en 1979. L’argument est assez grossier d’autant qu’une guerre préventive n’existe pas dans le droit international.

La seule réponse de Donald Trump à toutes ses oppositions a été conforme à ce qu’il pense de son état de souverain « C’est moi qui décide de ce qui est bon à faire pour le pays ». En fait, il a déjà reculé.

Cyrano de Bergerac, dans la pièce d’Edmond Rostand, aurait répondu à la parole du petit enfant gâté, Donald Trump, « Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme ! ». 

Boumediene Sid Lakhdar

Quitter la version mobile