Jeudi 3 janvier 2019
Les réfugiés syriens menacent-ils réellement la sécurité en Algérie ?
Les autorités algériennes interdisent à tous les Syriens d’entrer dans le pays par sa frontière avec le Mali et le Niger.
A Alger, on estime qu’il y a un risque de voir des groupes rebelles vaincus en Syrie entrer dans le pays.
Ces groupes sont considérés comme pouvant représenter une menace pour sa sécurité. Selon le responsable de la politique de migration au ministère algérien de l’Intérieur Hassen Kacimi.
Cette déclaration rappelle étrangement un certain discours anti-immigration de l’extrême droite européenne qui ont fait du jihadisme leur argument premier pour empêcher l’entrée en Europe des milliers de réfugiés qui arrivaient sur le continent par l’est en 2014 et 2015.
Le même responsable algérien des politiques migratoires estime que les Syriens cherchant refuge en Algérie sont soupçonnés d’être des militants islamistes. S’ils ne sont pas encore entrés comment peut le savoir ce responsable ?
« Nous avons accueilli 50 000 Syriens au cours des dernières années pour raisons humanitaires » se dédouane-t-il, faisant allusion aux réfugiés qui ont fui la guerre en Syrie en 2011 et 2012.
Comme preuve du sérieux de ses assertions, Hassen Kassimi, évoque près d’une centaine de Syriens interceptés et expulsés ces dernières semaines à la frontière sud de l’Algérie.
Ces Syriens avaient transité par la Turquie, la Jordanie, l’Égypte, le Soudan, le Niger ou le Mali. Selon ce responsable, ils utilisent de faux passeports soudanais, ajoute le même responsable.
La porosité des frontières du sud n’est pas une nouveauté. Les autorités ont eu à maintes reprises, sans toutefois évoquer la question de sécurité intérieure, à renvoyer des centaines de migrants de pays du Sahel.
Cette déclaration venant d’un responsable mérite toute l’attention et interroge. Elle arrive à un moment très particulier de grande instabilité institutionnelle avec une échéance présidentielle tout aussi problématique. Car on s’interroge pourquoi ces Syriens « vaincus » préféreraient faire le « jihad » en Algérie alors que l’armée a presque annihilé les groupes islamistes armés dans le pays ? N’aurait-il pas été plus logique qu’ils rejoignent l’instable Libye pour continuer à guerroyer ? Voire l’Egypte en proie à des maquis terroristes islamistes. Ou même les pays du Sahel plus fragiles.
Il faut rappeler que les ressortissants syriens n’ont pas besoin de visa d’entrée en Algérie, un pays qui a maintenu ses relations diplomatiques avec Damas pendant la guerre. D’ailleurs de nombreux syriens résident et travaillent en Algérie depuis de nombreuses années.