Dans son discours à l’occasion de la célébration du 1er Mai, Abdelmadjid Tebboune a dressé un sombre tableau sur les pratiques mafieuses qui avaient cours durant les 20 ans de l’ère Bouteflika.
Le chef de l’Etat n’a pas manqué de rappeler la situation économique catastrophique du pays à son arrivée au pouvoir en 2019, dernière année du règne de « la mafia ».
Il a déclaré que le Trésor était en déficit et dans l’incapacité de verser les salaires des travailleurs, et que les réserves de change étaient arrivées à leur plus bas niveau alors que la corruption atteignait en revanche son paroxysme et qui a gangréné tous les secteurs de l’économie. Une période où la classe des travailleurs et les couches moyennes et fragiles de la sociétés ont été totalement abandonnées.
Le chef de l’Etat a tenu un discours empreint de nationalisme économique. Dans ses exemples, il n’a pas été de main morte avec la rapine, les détournements organisés par de nombreux ministres, hommes d’affaires…. Abdelmadjid Tebboune a déclaré que nous avons vu « des conteneurs avec des graviers, des déchets ménagers »…, « des sociétés fictives qui avaient des lignes de subvention ». …
De prime abord, Tebboune s’inscrit en anti-Bouteflika. Il refuse tout endettement de l’Algérie.
Sans citer à aucun moment de nom, il a révélé que des responsables avaient acquis des avions pour rejoindre Paris. « Ils étaient l’Etat dans l’Etat », tonne-t-il. Ils avaient aussi leurs tarmacs. Et de jurer : « Personnellement j’ai arrêté les travaux de salons d’honneurs particuliers ».
Entre deux révélations gravissimes sur l’ère Bouteflika, Tebboune se lance des fleurs et assure que grâce à ses réformes, les résultats se font déjà sentir. « Notre production nationale s’illustre à l’intérieur comme à l’étranger, malgré la période du Covid », assure-t-il.
Bien entendu, Abdelmadjid Tebboune a omis de dire aux Algériens qu’il a accompagné le règne maffieux de Bouteflika pendant ses 20 ans de règne. N’a-t-il pas été plusieurs fois ministre et même premier ministre de ce même Bouteflika avant qu’il ne soit renvoyé sans ménagement ? Il a été ministre de la Communication et la Culture, ministre de l’Urbanisme, ministre du Commerce. Et premier ministre pendant 4 mois.
Ce discours aux accents de précampagne présidentielle se veut un bilan de rupture avec l’ancien président Bouteflika. Il annonce en filigrane sa candidature pour un second mandat.
Sofiane Ayache