Un document de quatre pages, présentant les principales tactiques utilisées par des opposants aux conclusions du GIEC dans les négociations sur le climat, a été publié avant la COP30 qui tente d’obtenir des avancées significatives avec l’aide de personnalités s’y présentant.
Autant sur le financement de la transition et des substituts aux énergies fossiles, la conférence de Belém, au Brésil, qui doit se terminer le 21 novembre, a donné lieu à des pourparlers sans consensus malgré la volonté du président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, d’obtenir des résultats concrets. Après une première semaine, les négociations piétinent à la COP30, bien que dix ans après l’Accord de Paris, les conditions climatiques soient alarmantes, que nous allons dépasser le seuil de + 1,5 °C avant 2030, que les émissions de CO2 augmenteront encore dans le monde en 2025 et atteindront un nouveau pic de 38,1 milliards de tonnes.
Tactiques dévoilées
Une des raisons de cette situation pourrait être que le secteur des combustibles fossiles y a envoyé environ 1600 lobbyistes. Un groupe international de chercheurs, le Climate Social Science Network (CSSN) a documenté, en prévision de la COP30, 14 différentes tactiques employées pour bloquer les décisions lors des conférences onusiennes sur le climat.
Rejeter la légitimité des arguments, en nier la crédibilité, utiliser des stratégies pessimistes, diriger la responsabilité vers d’autres, manipuler l’agenda des négociations, diminuer leur responsabilité, détourner l’attention, proposer des solutions non transformationnelles, créer des délais de procédures, manipuler les concepts, réduire la transparence, changer les paramètres, diminuer la portée des décisions ou insister sur les petits résultats faciles à obtenir, servent à rendre le processus de décision le plus difficile possible.
Le document identifie aussi les moments ou ces tactiques sont utilisées, soit dans les négociations préliminaires, la création de l’agenda, les délibérations, l’adoption ou l’application des décisions. Il anticipe, même quelles obstructions seront faites durant la COP30, que ce soit sur les objectifs globaux, la forêt, les énergies fossiles, la finance, l’évaluation des dommages, de la crédibilité ou le concept de transition juste. Plus largement, les climatoseptiques pourraient nier leur responsabilité, le contexte géopolitique, les droits humains ou autres.
Ces obstructions sont décrites comme évoluant dans plusieurs niveaux et sont rarement faciles à identifier tant elles sont faites de manière détournée. De nombreux lieux de haut savoir comme l’Université libre de Bruxelles, celle de Californie où Sciences Po sont citées dans les liens pour faire un suivi sur ce document.
Des raisons d’espérer
Pour la première fois de l’histoire des COP, aucune délégation fédérale américaine n’est présente. Plusieurs participants ont affirmé être satisfaits de l’absence de représentants de l’administration Trump, puisqu’ils auraient pu nuire aux négociations. Cette absence entraînerait des opportunités pour la négociation et la formation de coalitions pour des actions concrètes.
En l’absence du président américain, c’est son principal opposant, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, qui s’y est présenté le 11 novembre. Selon le possible candidat à la présidentielle de 2028, le climat doit devenir une question de coût de la vie aux États-Unis. L’énergie verte est une énergie bon marché, y a-t-il affirmé, considérant que c’était selon lui la façon la plus efficace d’intéresser les électeurs américains aux enjeux climatiques.
Un avis rendu le 23 juillet 2025 par la Cour internationale de justice de La Haye a rappelé aux États leurs obligations juridiques à devenir plus ambitieux au fil du temps vis-à-vis de l’accord de Paris, alors que nous sommes au début d’un nouveau cycle de cinq ans, où les pays sont appelés à actualiser leurs Contributions nationalement déterminées (CDN), soit leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’ils se donnent.
Lors de la COP28 à Dubaï, il y a deux ans, la communauté internationale s’était engagée à une sortie progressive des énergies fossiles. Actuellement 35 pays, responsables d’un quart des émissions de CO2 d’origine fossile, ont réussi à significativement amoindrir leurs rejets au cours de la dernière décennie.
Bien que la sortie progressive des énergies fossiles n’est pas à l’ordre du jour officiel de la 30e Conférence, une cinquantaine de pays militent pour. Luiz Inácio Lula da Silva a appelé la semaine dernière à une feuille de route pour surmonter la dépendance aux combustibles fossiles. Dans ce contexte, beaucoup attendent que la COP30 clarifie les étapes concrètes pour réduire la dépendance aux énergies carbonées.
Michel Gourd

