Mercredi 25 novembre 2020
« Les Voiles du temps » de Brahim Saci
Il y a beaucoup de mystère dans la poésie, tout comme les poètes sont souvent mystérieux. Il y a encore plus de mystère dans ce monde qui nous entoure, dans ce cosmos qui dépasse toute notre logique, tout notre savoir.
Les poètes tentent de limiter un peu ce mystère, de le rendre vivable. C’est, à bien des égards, là où réside le grand mérite de la poésie et des poètes. Pour son sixième livre de poésie, Les Voiles du temps, Brahim Saci nous sert de guide dans de nombreuses quêtes qui atténuent un peu la douleur du mystère, qui nous aident à coexister avec l’insondable de l’âme humaine.
Après les Fleurs aux épines (éditions du Net, Paris, 2016), La Chute, combler l’absence (2017), Romances inassouvies (2018), J’ai trouvé l’amour à Paris (2019) et les Vents du Nord (2020), Brahim Saci nous donne à lire aujourd’hui Les Voiles du temps. Ce sont des textes relativement différents de ceux contenus dans les cinq livres précédents.
Comme si le poète entre désormais dans un autre univers après avoir cerné un autre dans l’œuvre précédente. Comme si le poète pousse encore plus loin son regard sur les territoires infinis de l’âme humaine, insaisissable, fragile et forte à la fois. Les Voiles du temps est dédié au père du poète, parti au mois de mai passé, en Kabylie.
A cause de cette terrible crise sanitaire, Brahim Saci n’a pas eu l’occasion de dire un dernier mot à cet homme qui lui a tant appris, qui l’a fait venir à Paris, à l’âge de dix ans. Cet homme extraordinaire qui a été un chef dans la fédération de France du FLN mais qui est resté lui-même, qui est revenu travailler en France, après l’indépendance, suite à une brève expérience professionnelle au pays natal. Brahim Saci écrit des poésies fortes à l’adresse de son père disparu, un père qui aimait justement beaucoup les livres de son fils.
Dans les Voiles du temps, le poète se pose aussi des questions sur cette crise sanitaire, sur la folie des hommes, toujours en quête de profits financiers au détriment du bonheur de la majorité des habitants de la Terre.
Paris est ainsi raconté dans cette période difficile du confinement et de la maladie. Heureusement que le souvenir du Paris joyeux est encore vivace, heureusement que l’amour est encore présent dans le cœur des uns et des autres.
Mais l’amour est également suivi de blessures, de malentendus, de séparations douloureuses. Le poète ne devient sage que lorsqu’il comprend que tout a une fin, que tous les hommes ne sont que des mortels. Et il y a de la sagesse dans ce nouveau livre de Brahim Saci. C’est une sagesse qui nous rend plus forts, plus sereins, plus apaisés, loin du tumulte insensé du monde. Entre ses compositions musicales captivantes, habillées de poésie kabyle profonde et ses livres de poésie en langue française, Brahim Saci continue son chemin dans l’univers de la création, avec une belle harmonie et une tranquillité enviable. On peut lui souhaiter une belle et bonne continuation !
Youcef Zirem
Les Voiles du temps, éditions du Net, Paris, 2020