Par le décret présidentiel n° 25-218, signé le 4 août dernier, et publié dans le Journal officiel n° 55, l’État a levé sa réserve sur l’article 15, paragraphe 4, de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
Cette décision consacre l’égalité entre femmes et hommes en matière de liberté de circulation et de choix du lieu de résidence, un domaine où les Algériennes étaient jusqu’ici soumises à des restrictions implicites liées à la tutelle masculine.
Une avancée juridique et symbolique
Adhérente à la CEDAW depuis 1996, l’Algérie maintenait jusqu’alors une réserve sur cette disposition clé, au nom de la conformité à certaines normes sociales et religieuses. Autrement dit, la charia. Sa levée représente un tournant : désormais, les femmes algériennes disposent, au même titre que les hommes, du droit de voyager, de déménager ou de choisir librement leur domicile sans dépendre de l’accord d’un tuteur.
Au-delà de la portée juridique, cette réforme envoie un signal politique clair : l’État affirme sa volonté de se rapprocher des standards internationaux en matière de droits humains et de renforcer l’égalité de genre, un sujet longtemps relégué au second plan dans l’agenda politique.
Il était temps, même si d’autres revendications restent à être arrachées. Car il reste toujours le sinistre code de la famille qui remonte à l’époque antédiluvienne du parti unique.
Une réforme qui suscite des lignes de fracture
Si cette mesure est perçue comme une victoire par les associations féministes et les défenseurs des droits humains, elle risque de provoquer des remous dans le champ politique national, notamment au parlement, dominé par le courant islamo-conservateur. La question des droits des femmes reste en effet l’un des terrains où s’expriment avec le plus de vigueur les contradictions entre les aspirations modernistes et les résistances conservatrices.
En inscrivant noir sur blanc que la femme n’est plus juridiquement soumise à une tutelle masculine pour ses déplacements, le gouvernement s’expose aux critiques de courants politiques et religieux qui voient dans cette disposition une remise en cause de l’ordre moral et familial traditionnel.
Entre ouverture et crispations
Cette réforme illustre la difficulté, pour l’Algérie, de trouver un équilibre entre l’adhésion à des conventions internationales et la préservation de repères religieux auxquels s’accrochent avec la dernière énergie les islamistes. Elle met en lumière une tension durable : d’un côté, une dynamique d’ouverture portée par les impératifs de modernisation et de respect des engagements internationaux ; de l’autre, un socle de valeurs religieuses éculées.
La levée de la réserve sur l’article 15, paragraphe 4 de la CEDAW risque de cristalliser les oppositions du courant islamo-conservateur. Ses représentants considèrent que la liberté totale de mouvement et de résidence pour la femme entre en contradiction avec le dogme islamique, qui place la femme sous la tutelle protectrice du père, du frère ou du mari. Pour eux, la femme doit rester la chose de l’homme. Sous sa coupe. Le reste est haram.
Dans leur discours, cette réforme pourrait être assimilée à une ingérence occidentale, voire une concession au courant démocrate, qui, vu de leur petite lucarne menace les fondements de la famille et l’équilibre moral de la société. Ce clivage annonce de nouveaux débats politiques et idéologiques autour de la place de la femme dans l’espace public et privé en Algérie.
Samia Naït Iqbal
« Au-delà de la portée juridique, cette réforme envoie un signal politique clair : l’État affirme sa volonté de se rapprocher des standards internationaux en matière de droits humains et de renforcer l’égalité de genre, un sujet longtemps relégué au second plan dans l’agenda politique ». Vous êtes sérieuse là Mme Naït Iqbal? L’État (algérien) qui affirme sa volonté de se rapprocher des standards internationaux en matière de droits humains? Il s’en éloigne de plus en plus chaque jour que Dieu fait … depuis 2019. Dernier rappel, le rapport du Département d’État US sur les violations des droits humains de ce même État qui, selon vous, « affirme sa volonté de se rapprocher des standards internationaux en matière de droits humains ». Trouvez l’erreur! Apparemment, il le fait à reculons, sur le mode « avancez vers l’arrière »!