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dimanche 3 août 2025
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L’histoire ne donne jamais des leçons !

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Étonnante affirmation de ma part puisqu’elle va en opposition avec le proverbe (proche de l’adage dans ce cas) qui prétend au contraire qu’elle en donne afin de guider l’avenir. Eh bien, si l’histoire donnait des leçons, c’est une piètre professeure et le monde actuel de crises et de guerres est un élève turbulent et donc sans aucune capacité cognitive acquise.

Pour que je justifie ma position dans cette chronique il faut partir du très vieux débat entre ceux qui prétendent que l’histoire est un éternel recommencement et ceux qui affirment qu’elle est une avancée linéaire et progressive. Pour la première thèse, dès l’antiquité, les Stoïciens grecs pensaient que l’histoire est  composée de cycles, chacun étant voué à disparaître, parfois dans le chaos, parfois par épuisement des causes qui les ont créés.

De multiples auteurs ont théorisé l’idée de répétition de l’histoire. Nous avons tous appris au lycée que Friedrich Nietzsche en était persuadé avec le développement de son concept qu’il nomme l’éternel retour du même. 

De l’américain Mark Twain on retiendra une position identique même si elle est plus nuancée. Parmi ses nombreuses citations, L’histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent. Là, ce n’est pas le lycée mais l’amour de la littérature qui me l’a fait retenir. En quelque sorte si les événements historiques ne se renouvellent pas de la même façon, on peut y retrouver de grandes similitudes dans leurs causes.

Cette idée générale que partagent ses partisans et qui a traversé les millénaires est dans l’affirmation que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le désir de puissance, la cupidité, l’amour et la haine, la jalousie et la colère et ainsi de suite sont des identifiants éternels de l’être humain. Ainsi, les mêmes causes produisent les mêmes effets par la guerre, la soumission, la dévastation ou les épopées sanglantes.

Si je défends cette thèse, je dois bien me rendre compte que l’humanité est incapable d’écouter ou de comprendre, comme l’élève du fond de la classe ou toujours absent, celui dont j’ai parlé au début de la chronique. Si ce n’est pas le cas, cela y ressemble beaucoup.

La position contraire est celle de la croyance de la linéarité et de la progressivité. En quelque sorte un processus d’analyse du passé pour progresser dans le futur. Dans cette position l’histoire nous prodiguerait des leçons qui servent à l’humanité pour prendre d’autres voies qui lui permettent de progresser dans la paix et la prospérité.

De la même manière, de nombreux auteurs ont produit des écrits pour valider cette thèse qui se résume souvent par une citation qui les fait entrer dans la connaissance collective. Je choisirais l’exemple d’une citation qui est devenue très populaire car plus accessible par sa rédaction. Selon Louis-Ferdinand Céline, l’histoire ne repasse pas les plats.

Le titre de ma chronique paraîtrait très surprenant et contradictoire au lecteur si je lui disais que ma position est dans la thèse de la répétition, c’est à dire la première. Selon ce titre j’affirmerais le contraire.

Eh bien non, car si l’histoire se répète, elle ne donne néanmoins aucune leçon. Revenons au début de mon développement. Si elle donnait des leçons, le monde ne serait pas ce qu’il est actuellement avec ses conflits violents et ses risques de déflagration. Un puissant coup de chaud mondial s’était produit il y a à peine 80 ans, ce qui est une goutte dans l’océan au regard du temps historique, personne ne semble pourtant y prendre leçon (je parle des gouvernants et d’une majorité des citoyens).

Les mêmes causes ont reproduit les mêmes conséquences comme celles de tous les cycles passés dans l’histoire. Je n’ai alors que trois explications possibles à fournir, soit les êtres humains sont prisonniers de leur destinée par le péché originel, ce que la réforme de l’Église avait soutenu (les protestants), soit les  hommes sont incapables de comprendre l’histoire qui leur est indéchiffrable ou alors elle ne délivre jamais des leçons. Et c’est justement cette dernière explication qui a ma préférence car, contrairement à la croyance générale, ce n’est ni dans la nature de l’histoire ni dans son rôle que d’en assumer la charge.

Et les intellectuels pacifiques qui sauraient en principe déchiffrer l’histoire et en prendre leçon ? C’est incontestable, il y en a. Mais la plupart restent silencieux, souvent par la crainte des régimes autoritaires et mouvements de pensées favorables aux guerres.

D’autres sont ceux qui ont été à l’origine des doctrines haineuses et sont favorables aux conflits, aux exterminations ou aux traitements racialistes. Enfin, ceux qui ne sont ni dans les premiers ni dans les seconds et qui vont dans le sens du vent par opportunisme.

L’histoire n’est pas un objet d’étude neutre et indépendant. Elle est le produit des hommes et ceux-ci ne la lisent jamais dans un intérêt de progression linéaire pour la paix et la prospérité.

Elle ne donne pas des leçons, elle est ce que l’être humain en fait. Celui-ci a dans sa nature des pulsions de violence, de cupidité, de désirs, d’amour et de haine et heureusement de soif de connaissance pour son développement.

Seule cette soif de connaissances, par sa curiosité et l’impératif de développement et de sécurité, permet une avancée linéaire et progressive. C’est elle qui donne cette impression d’avancer par les leçons que donnerait l’histoire. Ainsi s’explique ma position apparemment contradictoire avec le titre de ma chronique, l’histoire se répète mais ce sont les connaissances et les besoins de sécurité qui lui permettent une linéarité dans sa marche en avant, pas ses leçons.

Franchement, si l’histoire donnait des leçons, elle m’aurait fait prendre garde des conséquences de l’hygiène alimentaire catastrophique de nos aînés. Je ne serais pas abonné chez les médecins par abus des bonnes choses.

Boumediene Sid Lakhdar

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