21 novembre 2024
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L’histoire s’en va, la rente persiste : la légitimité en question

En Algérie, la scène politique évolue, mais la transition ne semble pas se faire sans heurts. La génération des héros de la lutte pour l’indépendance s’éteint peu à peu, important avec elle une part de la légitimité historique qui a longtemps servi de bouclier au régime.

Aujourd’hui, alors que l’histoire perd de son poids et de sa résonance, la rente pétrolière et gazière devient le dernier levier du pouvoir pour se maintenir. L’histoire s’efface, la rente s’agrippe : cette dépendance économique masque une réalité plus profonde, celle d’une légitimité en pleine érosion.

Une légitimité historique en voie de disparition

L’Algérie a longtemps fondé son pouvoir sur le récit héroïque de la lutte pour l’indépendance. Ce récit, porté par la génération du 1er novembre 1954, a été une source de légitimité incontestable pour les élites politiques. Pourtant, le poids de l’histoire s’estompe.

Les récits glorieux ne résonnent plus de la même manière dans une société marquée par de nouveaux défis, tels que le chômage, les inégalités et la corruption. Le Hirak , le mouvement de contestation populaire né en 2019, a été un moment charnière. Des millions d’Algériens ont défilé dans les rues pour demander non seulement la fin d’un régime vieillissant, mais aussi un renouvellement de la classe politique et une refonte du système.

Ce soulèvement à mis en lumière une fracture générationnelle : la jeunesse algérienne, majoritaire, ne se sent plus liée à ces récits historiques qui servaient autrefois de fondement au régime. Elle aspire à autre chose : des opportunités économiques, des institutions démocratiques et une gouvernance plus transparente. Le pouvoir actuel se retrouve ainsi face à un vide de légitimité , incapable de réinventer un nouveau récit ou d’offrir une vision claire pour l’avenir.

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La rente : dernier pilier d’un pouvoir fragile

Dans ce contexte d’affaiblissement de la légitimité historique, la rente pétrolière et gazière reste le dernier bastion. Depuis des décennies, cette rente a permis de maintenir une forme de stabilité, en servant d’instrument de redistribution et en entraînant des réformes économiques et sociales profondes. Mais cette dépendance est une épée à double tranchant.

Les fluctuations des prix du pétrole sur les marchés internationaux, échappant totalement au contrôle du gouvernement algérien, rendent cette stratégie précaire. Les revenus de la rente ne dépendent pas de la volonté des dirigeants locaux, mais des dynamiques mondiales, soumettant l’Algérie à une vulnérabilité économique accumulée. De plus, les dinars imprimés ne sont que la contrepartie des réserves en devises , majoritairement en dollars ou en euros. Cette situation met en lumière la faiblesse de l’économie locale, qui manque cruellement de diversification et de production à forte valeur ajoutée.

L’accumulation des pétrodollars a longtemps permis au pouvoir d’acheter une forme de paix sociale, mais cette manière ne peut dissimuler indéfiniment les lacunes structurelles du pays. Chaque baisse des prix du baril rappelle cruellement la fragilité de cette dépendance. La rente, autrefois perçue comme un atout, devient aujourd’hui un poids , étouffant les initiatives de diversification économique et la mise en place de véritables réformes.

Une légitimité en question

Avec l’histoire qui s’efface et la rente qui vacille, la question de la légitimité du pouvoir se pose plus que jamais. Si, hier, les dirigeants pouvaient encore se prévaloir de leur rôle dans la guerre d’indépendance pour justifier leur maintien à la tête de l’État, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La nouvelle génération attend des résultats concrets, des opportunités d’emploi, une justice sociale et des institutions solides. Les vieux récits ne suffisent plus.

De plus, la rente ne peut continuer à jouer ce rôle de béquille indéfiniment. Le pouvoir doit faire face à une réalité incontournable : la nécessité de diversifier l’économie, de moderniser les institutions et de répondre aux aspirations de son peuple. L’ère où les ressources naturelles pouvaient masquer les carences politiques touchent à sa fin. À défaut de réformes profondes, la situation risque de s’enliser, plongeant le pays dans une crise encore plus profonde.

Conclusion

L’histoire s’en va, la rente s’agrippe : en Algérie, cette formule résume le dilemme d’un pouvoir à la dérive. Alors que la légitimité historique disparaît, il devient de plus en plus clair que la rente ne pourra pas indéfiniment servir de substitut. Le pays est à la croisée des chemins, entre un passé glorieux qui ne parle plus et un futur incertain qu’il reste à construire. La légitimité du pouvoir est en question , et seules des réformes courageuses, une gouvernance responsable et une nouvelle vision pour l’avenir pourront offrir à l’Algérie la place qu’elle mérite, en adéquation avec les aspirations de son peuple.

« Quand l’histoire perd son poids et que la rente devient un fardeau, le pouvoir se trouve face à une question cruciale : comment justifier sa légitimité sans vision pour l’avenir ni réformes pour le présent ? »

Cette citation résume le dilemme actuel : la perte de la légitimité historique et la fragilité de la rente comme ultime soutien du régime. Elle souligne également la nécessité de réformes et d’une nouvelle vision pour préserver la légitimité.

 Dr A. Boumezrag

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