Le corps de Mohammad Sarur, qui faisait l’objet de sanctions des Etats-Unis, a été retrouvé criblé de sept balles dans une villa proche de Beyrouth le 9 avril. Le Mossad est pointé du doigt, selon des sources libanaises.
Le corps de l’homme, Mohammad Sarur, a été retrouvé mardi dans une villa à Beit Méry, une localité surplombant Beyrouth, a précisé cette source. Les auteurs du crime n’ont pas touché à une somme d’argent qui se trouvait sur lui, a-t-elle ajouté.
Le ministre libanais de l’Intérieur et deux autres hauts responsables ont affirmé que le Mossad était impliqué dans l’assassinat d’un homme accusé de transférer des fonds de l’Iran au Hamas palestinien, selon les premiers résultats de l’enquête.
« Ce crime (…) selon les données que nous avons jusqu’à présent, a été exécuté par des services de renseignement », a affirmé dimanche soir le ministre de l’Intérieur, Bassam Mawlawi, lors d’une interview télévisée.
Au journaliste de la chaîne Al-Jadeed qui lui demandait s’il pensait qu’il s’agissait du Mossad, le service de renseignement israélien, il a répondu « oui ».
Sarur travaillait pour des institutions financières du puissant Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, selon une source de sécurité libanaise.
En août 2019, le Trésor américain avait annoncé des sanctions à son encontre, l’accusant d’être « responsable du transfert de dizaines de millions de dollars entre les Gardiens de la révolution d’Iran », l’armée idéologique du régime, « et les brigades Ezzeddine al-Qassam », la branche armée du Hamas, « à travers le Hezbollah au Liban ».
« Toutes les données indiquent que le Mossad est derrière son assassinat », a affirmé lundi à l’AFP un haut responsable judiciaire qui a requis l’anonymat.
« L’enquête en est à ses début, et rassemble les éléments, notamment des télécommunications », a ajouté ce responsable.
Un responsable de sécurité qui a également requis l’anonymat a précisé à l’AFP que « le Mossad a utilisé des agents libanais et syriens pour attirer Sarur dans une villa à Beit Méry », sur les hauteurs de Beyrouth.
« C’est là qu’il a été torturé et tué », a ajouté cette source, selon laquelle « les auteurs du crime ont utilisé des pistolets munis de silencieux et effacé toutes les empreintes digitales » sur les lieux du crime.
Selon sa famille, il avait disparu six jours avant que son corps soit retrouvé.
Le Liban et Israël sont toujours en état de guerre et les autorités annoncent régulièrement avoir arrêté des personnes accusées d’espionner pour le compte de leur ennemi.
En janvier 2019, l’armée libanaise avait annoncé avoir arrêté un agent du Mossad impliqué dans une tentative d’assassinat un an plus tôt d’un responsable du Hamas dans le sud du Liban.
Mais les opérations du Mossad au Liban remontent à plus de cinquante ans. Le service de renseignement extérieur israélien avait notamment assassiné, en avril 1973, trois responsables palestiniens lors d’une attaque spectaculaire à Beyrouth.
Mohammed Youssef al-Najjar, Kamal Adwan et Kamal Nasser, avaient été abattus à leurs domiciles par un commando dont faisait partie Ehud Barak, devenu plus tard Premier ministre, déguisé en femme.
En janvier 1979, un autre haut responsable de l’Organisation de libération de la Palestine, Ali Hassan Salamé, avait été tué dans l’explosion de son véhicule à Beyrouth, attribuée au Mossad.
Salamé, marié à l’époque à l’ex-Miss Univers libanaise Georgina Rizk, comme les trois autres dirigeants, étaient poursuivis pour leur implication dans la mort d’athlètes israéliens à Munich en 1972.
Avec AFP