Lettre ouverte. Le climat de tension qui sévit en France est dû à l’ensauvagement verbal de quelques influenceurs algériens téléguidés par Alger et voulant faire subir un terrorisme nationaliste sur les opposants -ceux qui sont restés fidèles à l’Appel du Hirak : changement du Système.
Nos soeurs et nos frères du Canada l’ont déjà vécu, en pire pour eux, car l’arrogance du pouvoir est allée jusqu’à mandater les fonctionnaires du consulat, pourtant censés servir l’Etat algérien et certainement pas être à la solde d’un régime liberticide qui intimide et menace ses concitoyens.
Les personnes « approchées » par les fonctionnaires zélés qui les soudoient en leur promettant des facilités (tel l’artiste Kamal Sehaki relaté par la journaliste Brigitte Bureau) et qui ont l’audace de refuser, les agents serviles du pouvoir leur font alors vivre une situation kafkaïenne en les menaçant de représailles telles que leur interdire de rendre visite à leur famille au pays.
D’autres ont été arrêtés et emprisonnés en Algérie et n’ont pu regagner le Canada qu’après un long supplice.
Par exemple, Lazhar Zouamïa arrêté le 19 février 2022 pour avoir voulu vivre son deuil, la perte de son fils, incarcéré pendant 40 jours puis retenu sans justification aucune jusqu’au 5 mai – exilé de force dans son pays natal durant 76 jours- Raouf Ferrah, chercheur, détenu de février à octobre 2023 par un pouvoir en guerre contre le savoir et l’intelligence, Hassina Bouzra pour avoir seulement pris part aux manifestations les plus populaires que l’Algérie a vécues, Hadjira Belkacem, victime de sa générosité en aidant ces concitoyens démunis alors qu’elle n’a participé à aucune action militante…. L’angoisse dans laquelle se trouvaient ces personnes et leurs familles est invivable.
Cela me rappelle ce que disait André Gide, du roman Le Procès de Kafka : « Cette angoisse que ce livre respire, est par moments, presque intolérable car comment ne pas se dire sans cesse : cet homme traqué, c’est moi ».
Comment ne pas enrager que, dans un pays béni par le sang de nos martyrs, une police politique anonyme, maléfique, dans les habits d’un inquisiteur, décide qui rentre en Algérie et qui en sort ?
Un siècle nous sépare de ce roman emblématique de Kafka (1925) mais hélas la terreur politique qui s’abat sur les innocents continue à sévir et cette fois-ci, c’est le comble car elle se manifeste dans un pays démocratique, le Canada, où les serviteurs du régime algérien agissent comme s’ils étaient en Algérie. Un mépris total des lois et du respect de la dignité humaine. A l’image du pouvoir qu’ils servent.
Le rapport d’Human Right Watch et celui de l’Organisation Droits de l’Homme sur l’état des libertés en Algérie sont sans appel : une condamnation ferme du régime algérien vu sa volonté affichée d’écraser toute dissidence et de faire taire toute opposition.
Comme le soulignait notre compatriote Fatiha Ghazi : « Ceux qui tiennent le pays en otage ont complètement perdu la boussole. Plus ils sont aux abois, plus ils tombent dans les excès ».
Tout est mis en oeuvre par ce système impopulaire et mafieux : déchéance de nationalité, l’article 87bis du code pénal algérien qui incrimine toute voix discordante au régime n’a pas fait abdiquer les braves opposants qui continuent à braver le danger que leur fait vivre la police politique du régime algérien.
A l’image de l’hybris grec, le pouvoir d’Alger, en proie à l’hystérie de la citadelle assiégée, a perdu tout sens de la mesure.
Le voile commence à se lever sur la nature réelle du système algérien : oppressif, liberticide et de nature mafieuse, il utilise tous les moyens pour scinder le peuple en deux : les bons algériens (#je suis avec mon pays) et les salauds (#Manich Radhi –je ne suis pas satisfait) en réactivant le vocabulaire de la guerre de libération, le Moudjahid (résistant) et harki (le traître).
Il ne reste à ce pouvoir que le registre nationaliste qu’il utilise d’une façon machiavélique pour assurer sa survie en décomposant davantage la société.
En ce 23 janvier 2025, le Parlement européen a condamné les arrestations et l’incarcération des militants pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’opinion et d’expression.
Nous, Diaspora algérienne au Canada, en Europe, demandons solennellement à l’ensemble de nos pays d’exil et d’accueil d’avoir les mêmes clarté et fermeté envers le régime algérien qui nous menace sur le sol canadien ou européen ou nous détient en otages en Algérie sans aucun motif juridique. C’est à ce prix que nous arrivons à sauvegarder en nous la grandeur de la nature humaine.
La situation apocalyptique en Algérie est réelle. Cet Etat militaire qu’est l’Algérie, imposé par la force de l’Armée des Frontières, l’été 1962, dans sa logique de développement a fini par défigurer l’Algérie et l’Algérien. Il sonne le glas de son effondrement.
Libérer l’Algérie de ce système est la seule mission du Hirak populaire pour refonder une Algérie alternative, fidèle à son histoire, belle, simple, tolérante, prospère, humaine et généreuse.
Lynda Sahel et Mahmoud Senadji (Algérie du peuple)