Fermée sur décision préfectorale (du wali) de Tizi-Ouzou pour une durée de 30 jours, la librairie Chikh de la ville des Genêts pourrait rouvrir ses portes dans les prochains jours.
Des personnalités dont, notamment un sénateur de la wilaya de Tizi-Ouzou auraient intercédé auprès du wali en faveur du propriétaire de la librairie. Celui-ci, laisse-t-on entendre, aurait introduit un recours administratif qui aboutirait à la réouverture de l’établissement dans les plus brefs délais.
Cependant, l’information est à prendre avec la plus grande des prudences car annoncée sous le sceau de la confidence par des sources proches de la direction de la culture et des arts qui organise à partir de ce mercredi jusqu’au 16 de ce mous, le salon Djurdjura du livre.
Levée de boucliers !
Cette annonce pourrait avoir un lien avec la tenue de cet événement que les organisateurs ne voudraient pas voir terni par la fermeture intempestive et dont les motifs avancés (exercice de vente dédicace sans autorisation) n’a pas convaincu grand monde.
De fait, la fermeture administrative qui s’en est suivie à provoqué une levée de bouclier dans les milieux culturels et politiques.
Elle a même contraint certains auteurs à annoncer, en signe de solidarité avec le libraire Omar Chikh, leur boycott du salon du livre Djurdjura, qui s’est ouvert, aujourd’hui à Tizi-Ouzou. Un rendez-vous qui a tout l’air d’une version « soft » et politiquement convenu des salons auxquels les gens ont pris l’habitude d’assister, depuis quelques années, en Kabylie.
Et pour cause, les thématiques prévues au programme et les auteurs invités s’inscrivent dans une ligne éditoriale qui ne sort pas de la ligne définie par l’administration.
Le journaliste et auteur Lazhari Labtar exprimera son désaccord sur sa page Facebook avec message plein de colère: « J’apprends avec stupéfaction et une immense tristesse que la mythique et historique librairie Multi-livres de Tizi Ouzou a été fermée par les autorités locales pour un mois pour un motif complètement farfelu ».
« La porte de ce temple de la littérature, de la culture et du savoir que dirige Omar Chikh, un Seigneur qui, depuis des années, a porté les auteurs algériens et les a accompagnés dans le petit espace qu’il leur a été consacré pour venir y présenter leurs livres et débattre avec les lecteurs est mis sous scellés ». « Quand un temple de la culture est mis sous scellés et que des éditeurs sont frappés d’interdiction, même déguisée, de présenter leurs ouvrages, on n’a plus le choix qu’entre participer et laisser sa dignité de militant de la beauté contre la laideur au vestiaire ou renoncer à participer en gardant saufs ses principes et intactes ses convictions », a-t-il écrit.
L’écrivain Mahmoud Boudarene pour laissera éclater sa colère. « Mettre sous scellés une librairie, c’est mettre sous scellés les cerveaux, c’est emprisonner l’esprit, limiter la pensée et refuser l’échange. C’est ériger des murs invisibles dans les têtes, verrouiller toute possibilité d’émancipation intellectuelle et d’exploration créative. Un pays qui scelle les cerveaux étouffe l’innovation et engendre l’uniformité, il laisse les esprits s’appauvrir, s’étioler dans l’inertie du conformisme. Libérer les cerveaux, c’est ouvrir les portes de la connaissance, c’est éveiller la curiosité et insuffler l’énergie nécessaire pour imaginer, construire et transformer le monde », s’est-il indigné.
Le célèbre romancier et ex directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui qui devait animer un atelier d’initiation à l’écriture a décidé de bouder l’événement.
Quant au grand public, il y a fort à parier qu’il ne risque pas de venir en masse à ce rendez-vous. Pour preuve, les réactions de désapprobation qui ont été nombreux sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de la fermeture de ce que tout le monde convient à appeler un temple du savoir qui a ouvert ses portes au début des années 1930.
Il reste toutefois l’acharnement que subissent les éditions Koukou. C’est quasiment un siège digne du Moyen-âge que connaît cet éditeur. Que cela soit en Kabylie ou à Alger. Il est interdit de tous les raouts livresques, qu’ils soient associatifs ou étatiques.
Samia Naït Iqbal
Dans une Kabylie libre et indépendante, ill n’y aura plus jamais de »wali » (*) qui décide de la vie et de la mort d’un commerce, d’un gala, d’une conférence …
Dans une Kabylie libre et indépendante, il y aura … LA LOI. Et uniquement la LOI.
Une loi puisée directement du génie et de la philosophie kabyles …
(*) Wali: En arabe veut dire TUTEUR, cela veut dire tout non !??