Jeudi 21 janvier 2021
L’industrie algérienne : histoire, situation et perspectives
L’observation du processus du développement industriel depuis le début du 20e siècle nous permet d’affirmer que tous les cas sont possibles, distincts et imaginables. En fait, tous les pays, jusqu’au moins la moitie du siècle, ont misé fort sur l’industrie lourde pour motif de développement, de domination ou de survie.
1/ L’industrialisation depuis le début du 20ème siècle
Une course effrénée à la production de l’acier et du charbon accompagnée de celle du pétrole a changé durablement la face du monde. Les deux grandes guerres ont changé l’ordre et les rapports entre les nations pour diviser le monde en deux classes les pays industrialisés et les pays sous développés.
L’indice de production d’acier faisait le classement de la richesse et de la puissance des nations qui avoisinait 01 tonne d’acier par habitant pour la première classe de pays. La crise de l’acier débute vers la fin du siècle et la course au développement change de cap. L’industrie se voit progressivement déclasser par les services dans un monde de plus en plus interdépendant et interconnecté.
L’Angleterre de Thatcher des années 80, est un exemple éloquent de désindustrialisation. Pour résumer ce « survey », retenons qu’un certain nombre de pays se sont industrialisés en 20 ans que d’autres se sont désindustrialisés en 20 ans, que certains n’ont jamais réussi à s’industrialiser et qu’enfin, de par les délocalisations, un pays continent est devenu l’usine du monde.
2/ Situation de l’industrie de l’Algérie à l’indépendance
Les premières créations d’entreprises, qui se produisent dès 1830 et jusque vers 1900, ne sont pas des créations françaises mais espagnoles, italiennes, maltaises, allemandes dans les boissons alcoolisées, le tabac, l’agro-alimentaire, le transport maritime (compagnies maritimes de Méditerranée).
Ce n’est qu’au début du 20ème siècle qu’un certain nombre de sociétés françaises commencent à s’implanter en Algérie. C’est le cas de Lesieur, de Saint-Gobain, de Péchiney, de Lafarge, des établissements Berliet, de la société des tuyaux Bonnat et pour la construction des routes, Champenois Bernard et Colas.
En définitive, l’économie algérienne à l’indépendance était orientée essentiellement vers l’agriculture (vignes, céréales, l’élevage, agrumes, pêche) tandis que l’industrie était insignifiante. Entre 1920 et 1955 on enregistre cependant des progrès dans la construction, les travaux publics, l’énergie, les matériaux de construction (cimenterie, briqueterie, verrerie …), la production alimentaire (huilerie, conserverie, semoulerie, …) et des mines (phosphates, fer essentiellement).
Les biens d’équipement et de consommation courante étaient en grande partie importés de la métropole.
2/ Le développement industriel volontariste algérien post indépendance
2.1 La théorie des « industries-industrialisantes »
Le Président Boumediene et Belaïd Abdesslam, inspirée par les économistes de Grenoble, croyaient possible de passer rapidement du sous-développement au stade industriel par l’application de la théorie des « industries-industrialisantes » passant par l’édification accélérée d’une industrie lourde, passage nécessaire au développement Les industries de base, supposées « industrialisantes », devraient induire l’intégration de l’économie nationale. Ainsi 70 sociétés nationales sont créées, considérées comme la colonne vertébrale de l’économie et la base du programme quinquennal de développement.
2.2 La stratégie des hydrocarbures
Cela commence par la nationalisation des richesses naturelles en 1971 et une loi qui redéfinit les droits et les devoirs des partenaires étrangers pour obtenir une juste rémunération de l’exploitation des d’hydrocarbures. Dès 1973, le premier choc pétrolier permet à l’Algérie de multiplier par 3 les recettes d’exportation de pétrole et de gaz. Depuis lors, des investissements majeurs sont consentis dans ce secteur pour accroître la production, augmenter les recettes et permettre une redistribution de cette manne.
2.3 Des résultats bien limités
Très rapidement, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes initiales et malgré les énormes investissements consentis, la croissante reste faible. Le système productif a été largement affaibli par la gestion socialiste des entreprises. La production des industries lourdes ne dépassera pas 30 % des capacités car les technologies sophistiquées s’avérèrent difficilement maîtrisées. La surconcentration des moyens de financement dans le secteur des biens de production et l’appel systématique aux firmes étrangères pour assistance technique se traduit par un fort endettement : de 2,7 milliards en 1972, la dette extérieure atteint 23,4 milliards en 1979, accentuant l’étranglement budgétaire.
2.4 L’agriculture : le parent pauvre
La priorité a été accordée à l’industrie au détriment de l’agriculture qui par la « révolution agraire » engagée en novembre 1971 a conduit à un complet désastre. Ce fut une réforme articulée autour des coopératives et du secteur autogéré selon un modèle « bolchevique » qui s’enlise dans l’idéologie et la bureaucratie. Résultats de cette politique marquée par le slogan « la terre à celui qui la travaille », les marchés des fruits et légumes étaient dévastés, introduisant pour la première fois les ventes concomitantes. L’Algérie s’est alors tournée vers des programmes massifs d’importation de diverses denrées, fruits et légumes (Pologne, Espagne, France, Italie, USA, Canada, Maroc, Tunisie etc.).
Le niveau d’autosuffisance alimentaire, qui se situait à plus de 70 % en 1969, n’était plus que de 30 % en 1980. Après plus d’un demi siècle, l’agriculture algérienne n’a connu ni essor ni modernisation notoire. Elle est toujours restée en retrait de l’activité économique, largement dominée par des idéaux et divers courants politiques.
Autre phénomène résultant de ces choix : la logique de l’industrialisation débouche naturellement sur un développement ville-campagne inégal entraînant un exode rural croissant de l’ordre de 100.000 personnes par an.
3. La situation actuelle de l’industrie, quel bilan ?
Après le programme étatique volontariste d’industrialisation tout azimut des années 70 et l’injection depuis de centaines de milliards de US $ l’Algérie s’est-elle pour autant industrialisée ? Il y a eu un passage brutal de ex nihilo à une juxtaposition d’usines de grandes tailles, lourdement intégrées, dans diverses régions souvent enclavées et isolées, conçus et construites par des firmes étrangères des 4 continents aux normes différentes, avec des effectifs massifs et peu qualifiés, usant de règles managériales lourdes et inopérantes et tout ceci couronné d’un syndicat revendicatif et paralysant.
En définitive, le schéma directeur des «industries industrialisantes» des années 70 a vécu, le schéma directeur de la production en substitution aux importations est frappé de désuétude celui des Privatisations et des Investissements directs étrangers (IDE) a montré tout autant ses limites. Ne faut-il pas se poser la question, pourquoi donc, en un demi siècle, l’Algérie n’a pas pu s’industrialiser et assurer un développement durable? C’est principalement parce que nous nous sommes doublement piégés dans un système inextricable d’économie socialiste centralisée et planifiée puis par une fuite en avant grâce à une économie rentière.
Rappelons qu’il y a eu les états généraux de l’industrie algérienne en 1986 puis en 1995 avec des grandes orientations : restructuration et filialisation des EPE puis les privatisations suivi en 2000 par le développement des PME/PMI et en vain, une tentative politique d’attraction des IDE. De tout cela, quel bilan et quels résultats ?
Est-ce utile de rappeler que le développement économique d’une nation est de fait « horizontal » et que l’émergence d’une industrie florissante nécessite un cortège de structures de soutien notamment : de solides firmes d’engineering, un fort soutien de toutes les structures de R&D, d’une offre de formation & qualification adaptées, d’écosystèmes intégrés, de mécanismes performants de transfert de technologies, de services performants et d’une administration diligente et flexible ?
En définitive, nous n’avions rien de tout cela et pris avec retard, le train de la mondialisation, accrochés virtuellement sans y être réellement arrimés.
4. Comment engager un réel processus d’industrialisation ?
Il faut d’abord être qualifié pour comprendre qu’est-ce qu’un processus d’industrialisation pour pouvoir suggérer des solutions applicables en Algérie dans une société en mutation après 50 années d’errance. Et ce ne sera pas la BIRD ou l’ONUDI ni le FMI ni au PNUD et encore moins aux conseils d’affaires ou aux bureaux d’études étrangers qui nous apporteront la solution : C’est aux algériens de mettre un terme à cette gabegie et y apporter des vraies réponses aux problèmes qui nous plombent.
Pour ma part, j’ai suivi de l’intérieur le parcours du processus d’industrialisation du pays de 1970 à ce jour et j’ai visité, observé, analysé plusieurs pays à l’instar de la RP de Chine, le Brésil, la Corée du sud, l’Italie et l’Inde qui, à mon sens, sont des modèles révélateurs et je souhaite apporter ici des pistes de réflexion. Je pars de quelques questions simples :
1/ Après 50 ans d’industrialisation qu’avons-nous réellement capitalisé en savoir-faire et développement industriel ?
2/ Quels produits, techniques et services sommes-nous arrivés à maîtriser dans la compétitivité internationale ?
3/ Avons-nous aujourd’hui une base solide pour investir et bâtir une industrie nationale intégrée, imbriquée et prospère ?
4/ Disposons-nous d’une masse critique de techniciens expérimentés avec laquelle nous pouvons entreprendre cette édification ?
5/ Nous sommes aujourd’hui encore totalement dépendants de l’engineering étrangère. Pouvons-nous y sortir ? Comment ?
6/ Les sociétés étrangères exportatrices de biens et de services, qui ont gagné plus de 400 milliards de $ ces 15 dernières années, qu’ont-elles apporté à l’engineering locale ? Quels transferts de savoir-faire se sont-ils opérés ?
7/ Comment créer de véritables pôles industriels à travers le pays ?
8/ Comment initier, dimensionner, imbriquer les activités industrielles pour permettre une intégration ?
9/ Quels sont les apports de nos centres de recherche, laboratoires et de nos universités pour la R&D et l’innovation industrielle ?
10/ Pour quelles raisons n’arrive-t-on pas à sédimenter les connaissances, les pratiques et les savoir-faire ?
Si on cherche des réponses à ces questions nous allons alors découvrir des pistes à suivre et surtout les voies à ne plus emprunter.
Pour moi le constat est consternant. Durant un demi siècle nos dirigeants nous ont trompé, réduit, ruiné, trahis, spoliés et plus récemment volé et ont conduit la jeunesse de ce pays au désespoir voire au suicide. Il s’agit d’un double crime : économique et moral.
Sachez que d’autres pays, en moins d’un demi siècle, ont atteint des niveaux exemplaires de qualification à l’instar de la Turquie, le Vietnam, le Brésil, la Malaisie, la Corée du sud, l’Inde …
Depuis peu, le peuple algérien s’est spectaculairement mobilisé pour crier sa volonté de se relever et de reconstruire une nouvelle Algérie. Où et comment trouver les ressources matérielles, les qualifications et l’expertise nécessaires pour relever un tel défi ?
Ma contribution s’inscrit dans une volonté, tant peu soit-il, d’y participer.
Aussi, j’affirme que nous ne pourrons pas nous développer seuls. Nous avons besoin d’abord du savoir-faire de notre diaspora mais aussi des pays avancés pour nous agripper au train des compétences dans un monde où la technologie évolue à une vitesse jamais égalée. Mais attention, comme le vent qui passe, bien qu’on ressente ses effets, il n’est pas possible de l’attraper. Nous devons nous préparer et nous organiser en conséquence pour que les centaines d’entreprises étrangères qui traversent encore notre pays ne le fassent plus comme le vent.
4.1 Comment procéder ?
Il faut d’abord observer comment d’autres pays en quête de technologie dans les années 1970 ont réussi eux leur examen. Ceci est une condition nécessaire mais non suffisante car les expériences ne sont toujours transposables. Les PMI algériennes n’ont pas connu un véritable soutien à l’instar de celles de pays comme l’Italie des années 70, plus récemment dans les années 80, l’Inde, le Brésil, la Turquie où, soit les régions soit l’état central offraient d’importantes facilités aux PMI pour leur assurer une croissance rapide et une intégration dans les processus d’industrialisation avec des grands entreprises locales ou étrangères. A la fin des années 80 ces trois derniers pays offraient à leurs citoyens non-résidents pour un retour au pays des soutiens financiers sans pareil pour séduire ces entrepreneurs à « success story » venus en particulier d’Allemagne, UK et USA et maîtrisant un savoir-faire.
Résultat probant : Où se placent-ils aujourd’hui ces pays dans le classement mondial ? Plus encore, Deng Xiaoping, secrétaire général du parti communiste chinois et Président de la RP de Chine en 1992 à l’endroit des chinois de Hong Kong, Taiwan et des USA, n’a-t-il pas clamé haut et fort « Chinois de tous les pays venez vous enrichir en RP de Chine ! ». Aujourd’hui, l’Algérie porte en elle-même tous les éléments de blocage qui lui interdisent la réussite.
Je pourrai dresser une liste de dizaines voire de centaines de nos mesures administratives qui vont à l’encontre de ce processus d’intégration et de transfert de savoir-faire. Rappelons au passage, que l’ouverture tout azimut aux importations a laminé la production nationale, rehausser le niveau de corruption et permis ainsi la constitution d’immenses fortunes sans contrepartie, essentiellement dans l’informel. Aujourd’hui, il s’agit d’abandonner totalement le système précédent pour en adopter un nouveau. Pour cela, il est impératif de procéder à un ré-engineering économique du pays.
A l’échelle d’une entreprise, on procède à la définition d’un nouveau business-plan ainsi qu’un plan d’investissement accompagné de nouvelles compétences avec un changement partiel ou total de l’équipe dirigeante.
A l’échelle d’un pays les choses sont autrement plus compliquées mais des similitudes persistent tout de même. Il y a eu des révolutions et crises majeures ce dernier siècle : les pays de l’Est sont un bon exemple et nous montrent en partie le chemin à suivre, tout comme en Asie, le Vietnam, la Malaisie ou l’Indonésie offrent d’autres pistes à suivre. Il ne nous est plus permis de commettre les mêmes erreurs et gaspiller des ressources non renouvelables pour un développement non durable. Si l’Algérie a eu une forte propension à investir dans les infrastructures et les biens durables, ceux-ci doivent s’accompagner par des investissements tout aussi importants dans l’éducation & qualification, la démocratie-liberté, la gouvernance éclairée et la préservation de l’environnement.
4.2 Le ré-engineering économique, serait-ce la solution ?
La solution du Ré-engineering ne peut s’appliquer que si un pays est résolu et/ou contraint à changer en profondeur son système de gouvernance : Aucune possibilité au changement dans la continuité. Il est éminemment salutaire pour l’Algérie de s’agripper à une véritable politique industrielle intégrée visant à croître ses capacités de production, promouvoir des produits algériens de qualité, fabriqués par notre industrie, commercialisés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, imbriquer nos fabrications dans le tissu industriel international, réduire progressivement les déséquilibres notoires de notre économie. La priorité aujourd’hui est de dresser une situation sans complaisance et cette fois, réindustrialiser le pays sur le futur et cesser de réitérer les mêmes erreurs : faire mal et refaire, faire faux et continuer, emprunter une impasse et persister…
Si on me posait la question : Alors concrètement que faire si nous sommes résolus ?
Je dirai voici quelques lignes directrices:
Bâtir un programme grandiose de réforme et un business-plan industriel du futur 2021-2030,
Décentraliser en responsabilisant les régions en misant sur l’initiative et le développement local
Instruire les walis concernés d’aménager dans l’immédiat au moins 50 zones industrielles le long des autoroutes.
Mobiliser les compétences nationales ainsi que les non-résidents pour s’investir dans les services conseil et l’éducation.
Développer activement nos capacités nationales d’engineering
Généraliser la numérisation dans les administrations Fiscales, Cadastrales, Justice, Douanes, Commerce, etc.
Pour l’investissement, autoriser les PMI à recourir aux financements internationaux (SFI, BAfD, Fonds) et aux sociétés de Venture Capital, en particulier, à celles qui exportent.
Densifier la matrice industrielle dans la production et les services techniques
Faciliter et encourager les opérations de « processing industriel international ».
Rehausser la qualification à tous les niveaux, incluant la formation continue y compris le soir.
Modifier le code des marchés publics pour plus d’intégration nationale
Fusionner les Ministères du commerce et celui de l’industrie
Dynamiser les industries phytosanitaires, pharmaceutiques, fertiliseurs et chimiques
Produire les intrants et équipements pour l’agro-industrie et la production d’eau non conventionnelle
Tirer de vrais profits de nos représentations diplomatiques surtout dans les pays africains et industrialisés.
Utiliser notre position géographique : Port méditerranéen /Tans-saharienne/Tamanrasset «Hub Commercial Africain»
Ouvrir nos universités aux pays avancées et généraliser le e-learning et l’entrepreneurship.
Engager des Partenariats d’exception à long terme avec certains des pays européens, les USA, la RP de Chine, La Corée, l’Inde, le Brésil…
Adapter nos lois et nos codes pour attirer des partenaires techniques et investisseurs
Faciliter l’octroi des visas « couloirs rapides aux industriels, enseignants et techniciens étrangers»
Investir dans des sociétés étrangères qui disposent d’un savoir-faire nécessaire à l’Algérie
Faire de l’Algérie la porte d’entrée de la grande Afrique de demain
A ce niveau, on pourrait me dire: Pour chacun de ces 22 points énumérés, comment faire, opérer, engager, mobiliser, rehausser, faciliter, modifier, financer et tout le reste ? C’est là le secret ou l’alchimie. Pour opérer une telle mutation et pour en assurer le plein succès la condition sine qua non est : Si non initié s’abstenir ! Oui seuls des seniors, hommes ou femmes, préparés formés, expérimentés, qualifiés pourront mener à bien cette mutation salvatrice. C’est presque simple, il suffit de choisir ceux qui savent, accompagné d’une obligation de résultats dans des délais impartis. Mais encore, il y a aussi l’harmonisation d’une marche en concert, car il est entendu que toutes ces opérations sont intimement imbriquées.
Pour cela aussi, il faut choisir un excellent maestro. Un tel programme doit d’abord décliner toutes ses composantes puis évaluer chaque vecteur, mesurer les impacts, délimiter les contours, interconnecter les interfaces, préparer les alternatives, mobiliser les ressources humaines, financières et matérielles, nouer des partenariats ciblés, impliquer toutes les forces vives de la nation, unir tous les algériens autour de ce chantier grandiose d’espérance et d’édification d’une Algérie nouvelle, forte et prospère.
L’Algérie a besoin de stratèges et de visionnaires. Plusieurs pays africains se sont déjà engagés dans de tels grands défis à l’instar de l’Ethiopie, le Rwanda, le Maroc… Il est cruel de voir notre pays à genou alors que nous disposons potentiellement des meilleurs atouts pour un décollage économique spectaculaire.
5. Conclusions
Dans la situation actuelle, des pans entiers de l’administration se sont transformés en pôles de médiocrité et de toutes les dérives. Il s’agit en urgence de réunir les conditions pour attirer les meilleurs cadres de la nation pour transformer notre administration en un moteur de développement. Nos universités sont sous perfusion et frappées d’obsolescences matérielles, morales, managériales et de contenu. La formation continue doit être intégrée à tous les niveaux et l’usage du numérique généralisé en toute hâte. Toute l’Algérie a besoin de retourner à l’école. Jusqu’à présent, aucun gouvernement n’a affiché comme ultime priorité : la qualification, l’efficience et le génie national.
Se mentir les uns les autres ou se cacher la réalité nous entraînera irrésistiblement vers d’autres épreuves tragiques. Je reste constructif en disant que tout n’est pas perdu mais le temps presse pour redresser le bateau Algérie et l’éloigner enfin de la zone de tempête où il se trouve.
Pour cela nous devons procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation et dresser le cas échéant un constat d’échec pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale tels: Education-Qualification, Santé, Stratégie industrielle, Modernisation de l’agriculture, Culture financière des acteurs économiques, Efficacité de l’administration, Relance et croissance des entreprises, Réduction des déséquilibres régionaux et inégalités sociales, Formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines…
Pour conclure, je crois que le peuple algérien a d’énormes ressources et serait capable de réagir à l’instar d’autres peuples d’Asie ou d’Europe de l’Est qui ont su conjuguer la modernité, l’émancipation par le travail et la mise à niveau mais souvent après un changement radicale de type de gouvernance. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivraient confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des expatriés.
Pour finir, je retiens ce que m’a dit jadis un ancien ambassadeur de Hongrie accrédité en Algérie : «
Savez-vous monsieur ce que j’envie le plus à votre pays ? Non ce n’ai pas vos ressources énergétiques mais vos ressources humaines ». Nous devons impérativement recomposer nos valeurs et nos principes pour reconstruire autour une société algérienne moderne et ouverte à la culture et au développement économique, technique et social et enfin de créer les conditions favorables à l’épanouissement du génie national.
Notre salut, nous le trouverons par l’application d’une politique volontaire et pragmatique de qualification de tout notre système de gouvernance.
En définitive, le mal est en nous. Arrêtons de pédaler dans le vide, de faire de l’agitation stérile et de s’attacher encore et toujours aux hommes du passé ! Notre mode de gouvernance sera seul responsable de notre échec ou de notre réussite.
(*) Llies Goumiri est docteur d’Etat ès-sciences physiques de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (France) et diplômé de Sciences Po Paris (Finances d’entreprises). Il a occupé des postes de responsabilité dans l’administration centrale, CEO dans plusieurs entreprises publiques et privées et cadre dans des institutions internationales. Il a été associé à plusieurs missions de l’ONUDI et occupé le poste de consultant pour divers organismes et sociétés étrangères.
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