Pendant que les débats font rage entre les pro et les anti-Poutine, voici les éclaircissements d’un expert en finances qui souhaite garder l’anonymat sur les réalités et les retombées économiques ainsi que son point de vue sur les deux antagonistes engagés de part et d’autre de ce conflit meurtrier.
Le Matin d’Algérie : Quelle est ta vision sur ce conflit et ses acteurs ?
A.M. Vladimir Poutine est dangereux et incontrôlable. Difficile de comprendre jusqu’où il est prêt à aller. Zelenski est à la fois un héros moderne mais peut également être vu comme dangereux car il prend le risque de prendre son peuple en otage, de l’entraîner au front, dans le seul but de forcer la main à l’Union européenne afin de pouvoir en faire partie. Sans cette guerre, l’entrée dans l’UE de l’Ukraine était inenvisageable.
Contrairement à ce que les médias décrivent, l’Ukraine est un pays très pauvre. Son PIB par habitant est 5 fois plus faible que celui de la Pologne, trois fois plus faible que celui de la Roumanie, plus faible que celui de l’Irak et équivalent à celui de l’Algérie. Faire rentrer 44 millions de nouveaux pauvres dans l’UE serait un désastre pour les citoyens européens qui ont déjà eu du mal à digérer l’entrée de certains pays de l’Est durant les deux dernières décennies.
Pour rappel, une des raisons du Brexit réside dans l’afflux de migrants au Royaume-Uni, notamment Polonais. Les citoyens européens sont déjà sous forte pression socio-économique, et l’entrée des Ukrainiens (dont le PIB par habitant est 10 fois inférieur à celui de la France) dans l’U.E. mettrait ses citoyens sous davantage de pression. Mais avec la guerre, ça devient une tout autre histoire, et le public européen – qui n’a vraiment aucun intérêt économique à faire rentrer l’Ukraine dans la communauté européenne – y est désormais favorable (et met la pression sur les gouvernements de l’UE pour que cela se fasse). Cette guerre, certes déclenchée par Poutine, et évidemment tragique, sert néanmoins le gouvernement ukrainien qui pourrait l’utiliser -si le pays ne tombe pas en ruine et entre les mains de la Russie- pour accélérer l’éventuelle entrée de l’Ukraine dans l’UE et pour enrichir les Ukrainiens dont l’économie n’arrive pas à décoller depuis des décennies, contrairement à celles de ses voisins limitrophes qui sont dans l’UE et qui ont pu bénéficier de fortes subventions, du développement des infrastructure.
Le Matin d’Algérie : Le rapprochement avec l’Europe n’est-il pas une menace directe contre la Russie ?
A.M. L’entrée dans l’OTAN est un problème pour Poutine, ça se conçoit. Mais l’entrée dans l’UE ne devrait pas théoriquement lui poser quelconque problème. Il faut dissocier les deux. Mais l’UE ne voulait pas de l’Ukraine. Du coup, une approche cynique à cette tragédie pourrait expliquer pourquoi Zelenski a peut-être joué un peu avec le feu pour irriter Poutine afin qu’il attaque et que les Européens se sentent obligés de faire rentrer l’Ukraine dans l’UE. Le sacrifice humain est énorme et tragique mais l’histoire montre que ce ne serait pas la première fois que des vies seraient sacrifiées dans le but d’obtenir un gain économique sur le long terme.
Le Matin d’Algérie : La solution serait donc que l’Ukraine rejoigne l’UE sans faire partie de l’OTAN ?
A.M. Difficile d’anticiper l’issue pour le moment, Poutine étant une énorme variable imprédictible à lui seul, l’opinion publique aussi, et les forces de propagande russes et ukrainiennes peuvent altérer l’opinion publique de manière assez rapide, à l‘ère de la politique-sur-Instagram. Une des issues possible, dans le cynisme le plus total, est que l’Ukraine rentre dans l’UE et qu’elle s’engage à ne jamais rentrer dans l’OTAN. Si ce scénario arrive à sa conclusion, les Ukrainiens auront gagné car ils auront une pluie d’argent et de moyens (comme la Pologne ces deux dernières décennies). La Russie aura gagné car elle aura évité l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Les Américains auront gagné car la Russie serait isolée sur le plan international. L’UE et les compagnies Européennes auront gagné car faire rentrer des Ukrainiens pauvres dans l’UE est bénéfique aux entreprises qui auront accès à de la main d’œuvre pas cher. Le gros perdant dans l’affaire, ça serait le citoyen européen lambda.
Propos recueillis par Kacem Madani
Azul fellawen a Madani,
Il faudra aussi demander l’avis de l’imam Ghafour, de Rachida Dati et de ghnima pousse-pousse pour ne pas fâché Hmimich.
Va toi savoir les causes et surtout les conséquences de cette guerre , il faudra bien distinguer les pauvres des riches, les peuples d’Ukraine, les peuples d’Europe , les américains , les guezguattis et nos autres.
Iben moua je comprends parfaitement que cet expert financier veuille garder l’anonymat pour qu’on n’aille pas l’accuser de révélation de secret de Polichinelle d’autant plus que les révélations qu’il fait sont de nature à déstabiliser dangereusement les marchés.
Si j’ai bien compris : Zelensky a tendu un piège à Poutine qui est tombé comme un gogo dedans en espérant que pour le protéger l’UE l’intègre en son sein pour le protéger au risque de déclencher la troisième guerre mondiale. Mais comme ni l’UE ni les zamarikène ne sont partants Zelensky a commencé à mangé son chapeau par petits bouts en laissant croire que si l’UE acceptait la candidature de son pays ce serait une victoire kamim même s’il n’est pas question de son intégration, vu que son pays est aussi développé que le Bengla-dech et l’Erythrée.
En attendant les bourses européennes ont pris 7% rien que pour la journée d’aujourd’hui.
C’est qui qui a dit que c’est la fin de l’économie financière ?
Je voudrais d’emblée souligner que je ne soutiens aucune des parties à ce conflit, même si, humainement, je compatis de tout cœur avec la victime principale : le peuple ukrainien.
Ceci dit, A.M a parfaitement raison de rappeler que l’Union Européenne n’a nullement l’intention d’intégrer l’Ukraine en son sein, pour les raisons qu’il a clairement exposées. L’annonce faite ces jours derniers par Madame von der Leyne de son intention d’engager la procédure d’adhésion de l’Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie à l’Union européenne n’engage que ceux qui y croient (cf. la procédure d’adhésion de la Turquie, qui traine depuis 1964). En revanche l’approche psychologique du conflit par A.M : Poutine imprévisible, voire, comme on l’entend trop souvent ces temps-ci, paranoïaque, sinon fou, versus un Zelenski héroïque et calculateur est trop polémique pour être pertinente. La réalité est que le Président Poutine est un homme parfaitement rationnel, qui expose, clairement et depuis longtemps, ses griefs, largement argumentés et documentés, à l’encontre de la politique d’endiguement et d’encerclement de son pays assignée à l’OTAN par les faucons de Washington. C’est là que git le fond du problème, et non ailleurs ! Le courage du Président Zelenski ne peut, à lui seul, remplacer l’expérience nécessaire pour affronter les immenses dangers qui menacent son pays. Pour faire court, chacun peut, aisément, accéder aux bonnes sources, pour se faire sa propre idée sur la validité des arguments des uns et des autres. Je me bornerai donc à rappeler que l’Ukraine était un Etat neutre et non aligné depuis son accession à l’indépendance en 1991, jusqu’au coup de force orchestré ouvertement par la CIA en 2014, en soutien avec le mouvement d’extrême droite Svodoba, contre le Président Victor Ianoukovytch, démocratiquement élu. Sauf erreur, l’article de la Constitution se référant au projet d’adhésion à l’OTAN, n’a été introduit qu’en 2017. La solution la plus sage et la plus réaliste pour mettre fin à cette guerre désastreuse pour tous, et davantage encore pour le peuple ukrainien, est bien connue de tous, c’est : d’une part, le retour au statut antérieur de neutralité de l’Ukraine et, d’autre part, l’arrêt définitif de la politique suicidaire d’endiguement de la Russie.