«Désinformation », « risible », Téhéran rejette fermement le rapport de l’ONU et les déclarations américaines selon lesquelles le nouveau dirigeant de fait de l’organisation jihadiste Seïf al-Adl vit sur le sol iranien, malgré tout ce qui oppose al-Qaïda et la République Islamique.
Al-Qaida n’a jamais officialisé la mort de son chef Ayman al-Zawahiri, tué dans un raid américain en juillet dernier à Kaboul. De même, les talibans au pouvoir en Afghanistan n’ont jamais reconnu que le chef de l’organisation jihadiste était installé dans leur capitale.
Dans un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU, apparaît cette semaine cette conclusion largement partagée par les États-membres : après la mort d’al-Zawahiri, al-Qaïda est désormais dirigée de fait par Seïf al-Adl, ancien officier des forces spéciales égyptiennes. Âgé de plus de 60 ans, c’est un vétéran du jihad, « dont la légitimité et plus opérationnelle que religieuse » selon un spécialiste du dossier joint par RFI. Le Counter Extremism Project estime qu’il aurait participé à la formation des pirates de l’air des attentats anti-américains du 11 septembre 2001.
Selon le rapport de l’ONU Seïf al-Adl vit en Iran
Selon le rapport de l’ONU et selon le Département d’État, Seïf al-Adl vit en Iran. Après les attentats de 2001, l’intervention occidentale a déraciné al-Qaïda de son fief afghan et certains des cadres de l’organisation jihadiste ont trouvé refuge en Iran. Et ce en dépit de tous les antagonismes idéologiques qui opposent le jihadisme sunnite d’al-Qaïda et la République Islamique chiite. Leurs relations clandestines et complexes, s’expliquent au nom d’intérêts parfois convergents. Ainsi, même si l’Iran ne l’a jamais admis, c’est sur son sol que le N°2 d’al-Qaida Abou Mohammed al-Masri a été mystérieusement assassiné en 2020. Ce proche d’Oussama ben Laden a été tué le 7 août, jour anniversaire des attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam en 1998. Ces attaques avaient fait 224 morts au total.
Al-Qaïda comme Téhéran sont-ils prêts à assumer leur connexion, si Seïf al-Adl est officiellement proclamé chef de l’organisation ? Le sujet est embarrassant pour l’un et l’autre. Pour l’heure, l’Iran juge « risible » de « lier le chef d’Al-Qaïda à l’Iran ». Selon le ministre iranien des Affaires étrangères, « les créateurs d’al-Qaïda et du groupe État islamique sont responsables de la croissance du terrorisme dans le monde », des propos qui font référence aux États-Unis. Mais selon le rapport onusien selon lequel le successeur de ben Laden et d’al-Zawahiri vit à l’ombre de la République Islamique, « l’endroit où il est basé soulève des questions sur les ambitions d’al-Qaïda (…) face aux défis posés par le groupe État Islamique », son rival jihadiste.
Avec RFI