Vendredi 16 novembre 2018
L’Iran résistera-t-il longtemps aux pressions américaines ?
L’Iran serait menacé d’une crise économique et sociale gravissime, pense-t-on dans certains cercles financiers, puisqu’en théorie, il devait être privé de la quasi-totalité de ses réserves en devises dès l’entrée en vigueur des nouvelles sanctions de Washington le 4 novembre dernier ! Vrai ou faux, le pronostic laisse présager un avenir incertain pour la république islamique !
C’est la deuxième couche de sanctions que subit l’Iran, après celles décidées en mai dernier au grand dam de l’Union européenne.
Ayant déjà rejeté le traité sur le nucléaire conclu en 2015 par lequel Téhéran était réintégré sur les marchés économiques internationaux moyennant son gel de toutes ses activités nucléaires, l’administration républicaine rêve désormais de pousser le bouchon jusqu’au fond, en obligeant l’Iran à cesser ses ingérences en Syrie, Liban, Yémen, Palestine, Irak, etc.
Toutes les visées de Téhéran au Proche-Orient sont jugées déstabilisatrices aussi bien par les USA que par leur allié dans la région, Israël. En d’autres termes, Donald Trump veut la chute du régime des ayatollahs le plus tôt possible et à peu de frais, en lançant aux Européens et aux partenaires économiques de l’Iran : « soit vous commercez avec l’Iran ou avec nous, les Etats Unis !». Un véritable dilemme qui n’en finit pas de provoquer l’indignation des Européens qui tablent sur la coopération des Ayatollahs pour surmonter la crise.
Par ailleurs, les répercussions négatives de ces sanctions-là sur l’économie iranienne ne tardent pas apparaître, le taux de change du rial est tombé à des planchers historiques (48.000 contre un dollar en janvier à 120.000 fin juillet, puis 182.000 début octobre). Quant à l’inflation, elle est estimée selon certains observateurs de l’ordre de 772%, en rythme annuel, alors que le chômage enregistre ses taux les plus élevés depuis au moins quatre ans.
En revanche, le Fonds monétaire international (F.M.I) aurait déclaré que les réserves iraniennes seront, en fin d’année 2018, l’équivalent de 13 mois d’importation (environ 98 milliards de dollars), soit au même niveau de 2012 à peu près.
De même, les exportations de Téhéran (2.6 millions de barils par jour) ne tomberont qu’à 1.1 million, soit l’équivalent du niveau atteint entre 2012 et 2015, d’après les prévisions de certains milieux financiers.
Le président Donald Trump qui n’a pas autorisé jusque-là le système de « Waivers » (dérogations) auquel a recouru son prédécesseur Obama en faveur des Iraniens (ceux-ci sont en effet autorisés malgré les sanctions américaines de traiter commercialement avec certains partenaires stratégiques tels que l’Inde, la Turquie, le Japon, la Chine, etc.), peut-il infléchir facilement la position des Ayatollahs ? Pas sûr ! D’autant que, d’une part, ceux-ci ont déjà pris l’habitude de faire le dos rond aux pressions de l’oncle Sam, en recourant à la commercialisation informelle des hydrocarbures pour subsister.
Enfin, la Maison-Blanche commence déjà à lâcher du lest au sujet des dérogations de crainte de voir les prix du pétrole flamber dans les semaines à venir.