24 novembre 2024
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L’ironie du partage du monde en coup de crayon

Cette chronique n’est ni un développement historique ni une réflexion de géopolitique mais elle en use avec humour en partant de faits réels. Se partager le monde en un coup de crayon est parfois un jeu de hasard dont la règle est l’incertitude.

Les deux exemples que j’ai choisis sont loin d’être les seuls dans la diplomatie du coup de crayon. Les frontières au Moyen-orient, en Afrique et celles des deux blocs, est-ouest, ainsi que bien d’autres  furent des œuvres artistiques au crayon.

Il y en a deux qui ont toujours fait rire mon esprit espiègle, le traité de Tordesillas et celui de la Louisiane. Un partage territorial absolument hilarant dans ses conséquences pour l’un des joueurs qui avait misé avec la mauvaise carte.

J’avais déjà rédigé un article dans ce journal à propos de la première duperie de l’histoire. Cette fois-ci je souhaiterais la juxtaposer à une seconde dans un temps court qu’impose une réflexion dans cette chronique.

Á la fin du 15ème et début du 16ème siècle, suite à la période des grandes découvertes de territoires nouveaux dans le monde, le Pape Alexandre VI fut exaspéré par les disputes du royaume du Portugal avec celui du royaume de Castille et d’Aragon (l’Espagne actuelle). Chacun se justifiant par « c’est mon jouet, pas le tien !».

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Il prit ces deux garnements turbulents et chamailleurs par les oreilles et leur rappela qu’ils étaient tous les deux les enfants protecteurs du christianisme. Par deux fois il décida d’une bulle pontificale (décret du Pape) pour qu’ils se partagent les aires de jeu dans le monde qu’ils pouvaient conquérir plus efficacement au profit de la chrétienneté.

Par deux fois il le tenta et par deux fois ce fut un échec. Alors il gronda plus sévèrement les deux garnements en les menaçant de privation du titre de Rois catholiques comme on prive les enfants de sortie. Réunis autour de la table, à Tordesillas, en Espagne, fut conclu le 7 juin 1494 un traité de partage des  territoires connus dans le monde et à venir.

Ils dessinèrent sur un document une ligne qui rejoignait les deux pôles terrestres. À la couronne du Portugal revenait l’aire de jeu à droite de la ligne qui coupait l’Amérique du Sud en son excroissance et qui sera à peu près celle du territoire brésilien actuel. À la couronne du couple espagnol furent attribués les territoires à gauche de la ligne.

Les deux routes étaient supposés rejoindre les Indes pour la découverte des épices. L’Espagne ayant cru les avoir déjà trouvés par Christophe Colomb, le Portugal ayant pour sa part atteint le Cap de Bonne-Espérance, une autre voie vers les Indes.

Oui mais voilà, le partage s’était fait sur des cartes approximatives qui ne révélaient pas l’immense territoire à l’Ouest du Brésil actuel. Le Portugal qui pensait avoir la plus grande part par l’acquisition des côtes de l’Afrique et la voie du Cap de Bonne-Espérance s’est retrouvé privée de la partie la plus grande d’un territoire inconnu dont elle ne soupçonnait pas la vaste étendue à l’ouest.

Si l’extension du Portugal au-delà de la ligne lui avait permis de trouver de l’or, le pactole était désormais entre les mains de la couronne de Castille et d’Aragon avec les fabuleuses richesses du nouveau territoire. Ainsi non seulement le traité fut une duperie pour le Portugal mais la grandeur du territoire espagnol est ses nombreuses peuplades créèrent inévitablement dans l’avenir de nombreux pays.

La conséquence non négligeable est que la langue espagnole est l’une des plus utilisée dans le monde par le nombre de la population globale. Avouez que c’est très rigolo que cette conclusion morale qui exige qu’il ne faut jamais se partager des jouets sans même connaître leur nature ni même leur existence. La promesse de partage des jouets n’est pas la certitude d’obtenir les meilleurs.

La seconde duperie dans l’histoire me fait également rire par la prétention de vouloir vaincre par  un partage territorial dessiné à coup de crayon. Là également, une histoire de garnements mais cette fois-ci ils étaient trois dans la chamaillerie. Les indépendantistes américains venaient de chasser les anglais pendant que les deux autres turbulents se chamaillaient en Europe, la France révolutionnaire de Napoléon et l’Angleterre.

La nature humaine nous a appris de longue date que dans la présence de trois garnements  en bataille, deux finissent toujours par s’allier contre le troisième. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis dit le dicton.

Napoléon vendit l’énorme territoire que la France détenait « aux Amériques » au profit des nouveaux maîtres du pays-continent, tout cela afin de les rallier à sa cause contre l’ennemi commun (au passage, également pour remplir les caisses d’un empire peu économe en guerres).

La France possédait ce qu’on appelait la Louisiane, une large bande allant du Sud vers le Nord, donc en coupant le territoire en son milieu (le nom de Louisiane n’est actuellement que la partie Sud où la langue et les architectures françaises perdurent très marginalement).

Vous avez compris la duperie, non seulement l’Angleterre avait vaincu Napoléon à Waterloo mais celui-ci perdit les territoires des très riches plaines du Middle-West

Plus encore, nous savons la puissance mondiale qu’est devenu ce pays unifié où la France n’avait plus de droits et combien la langue anglaise allait devenir le standard mondial de la communication économique. Napoléon s’était fait berné par l’histoire et son jeu de dés. Il ne survécu pas pour constater le désastre de son ambition démesurée.

Et voilà comment se perdent les jeux de partage du monde par le dessin d’un crayon, basés sur les chamailleries belliqueuses d’appropriation territoriales. Cela au mépris des autochtones dont la présence sur ces territoires était souvent millénaire, avec des cultures tout aussi prestigieuses que les garnements dessinant des cartes sur une feuille de papier.

Pour ma part, j’avais revendiqué le territoire de ma liberté mais instruit par les leçons de l’histoire j’avais tracé ses frontières autrement que par un crayon effaçable.

Boumediene Sid Lakhdar

2 Commentaires

  1. Il y a trois régions du monde où la magie du crayon n’en est pas une puisque sur la mappemonde les frontières sont d’une rectitude géométrique : entre les USA et le Mexique, entre l’Indonésie et la Papouasie Nlle Guinée et, et, et en Afrique du Nord -Sahel

  2. L’essentiel c’est que le Nabooleon rejoindra bientot les siens les Abu-Naboo La3youn. Je me demande quel nom l’olive nordique(Eric, un nom nordique – rien que ca! ahhhaaaaaa), va essayer de squatter.

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