22 novembre 2024
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Lounis Aït Menguellet revisité : « Inid ay Amγar », éclaire-nous patriarche !

POESIE

Lounis Aït Menguellet revisité : « Inid ay Amγar », éclaire-nous patriarche !

Crédit photo : Hayet Aït Menguellet.

Quatre longues années se sont écoulées depuis « Inasen ». Lounis nous revient avec « Yenna-d Umγar », en 2005. Un album qui contient six titres et deux instrumentaux. Comme à son habitude chaque titre est un thème de société développé avec minutie. 

À l’entame de « Dda Yidir », Lounis assène « A Dda Yidir Ayen yilḥan ur d as nezmir, ayen iγiḥudan n’hemlit », « Oh Dda Yidir le bien nous le refusons, ce qui nous brise nous l’affectionnons ». Suivi de « Yerna yiwen wass » dans lequel Lounis brosse l’emprise du temps et des journées qui s’accordent sur les suivantes pour tous, y compris et surtout pour le poète qu’il est, et qui les ressent bien. 

Dans « Cna n tejmilt » notre barde rend hommage à « amqran imeqranen da mactuh daw rebbi », « grand au-dessus des grands, petit au-dessous de dieu ». À chacun de deviner de qui il s’agit. Le 6ème morceau « Assendu n-waman » traite de certains combats vains avec pour métaphore le fait qu’il est dérisoire de faire fermenter l’eau au même titre que l’on fermente le lait.

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« Inid ay Amγar » est une série de questionnements philosophiques adressés au patriarche. Questionnements auxquels il apporte ses réponses dans « Yena d Umγar ». 

Dans la culture du terroir, Amγar est ce patriarche détenteur de tout savoir. Une bibliothèque vivante par excellence, que l’on écoute avec recueillement. D’où la nécessité de perpétuer cette transmission orale en rassemblant les connaissances des anciens. 

Pour chaque Amγar disparu, c’est une librairie qui brûle. 

C’est une course contre la montre qui se doit d’être engagée si l’on veut réellement soustraire, si ce n’est déjà trop tard, les générations futures de cet islamisme ravageur qui gangrène la Kabylie et les autres régions du pays. 

On ne le répétera jamais assez, notre culture séculaire véhicule une sagesse et une tolérance à nulle autre pareille. Le Hirak l’a démontré semaine après semaine pendant plus d’une année. 

Toutefois, soyons lucides et sérieux, peut-on réellement prétendre lutter contre l’islamisme tout en maintenant le cap d’une arabisation infantile et forcenée ? Qui peut vraiment se permettre de ne pas en douter, mis à part ces FLiN-toxo-FIS-tons qui se succèdent et se ressemblent depuis 1962 pour nous servir de gouvernants à l’insu de notre plein grès ?

Encore une fois, la traduction ci-après s’efforce de s’adapter aux rythmes de la chanson pour une éventuelle interprétation en français. Voici donc la série de questionnements, à chacun de les cogiter en attendant les postulats de notre Amγar.

« Yenna-d Umɣar », éclaire nous patriarche

Pourquoi le monde s’affole-t-il de la sorte

La justesse par l’erreur est camouflée

Où s’arrêtera la calamité

Quand des hommes par d’autres sont tués

Même le ciel s’est altéré 

Ceux qui se rappellent l’ont confirmé

Éclaire nous patriarche

Que nous réserve le futur. 

 

Le temps inspecte ce qu’il a créé

Sans laisser de trace on l’a ruiné

Arrivés au seuil du bonheur

On nous dit qu’il est maculé 

Le mal leur parait étincelant

Ils l’entourent d’attention

Éclaire nous patriarche

Que nous réserve le futur.

 

La justice d’antan a disparu

L’arbitraire l’a remplacée

Qui sait si elle existe encore

Ou n’en reste-t-il que le nom

Comment s’attendre à la justice

Quand les guides l’ont oubliée

Éclaire nous patriarche

Que nous réserve le futur.

 

Le pauvre se torture l’esprit

Comment affronter la vie

Il est ignoré par les nantis

Par leurs biens préoccupés

Le brillant ne fait qu’observer

Ébahi par ce qui ne cesse d’arriver

Éclaire nous patriarche

Que nous réserve le futur.

 

Notre ardeur est altérée par le temps

Elle n’a plus les saveurs d’antan

L’excès de courroux l’a dissipée

Nous faisant oublier ses sentiers

Maintenant qu’on a percé ses secrets 

Nous ne pouvons qu’en rêver

Éclaire nous patriarche

Que nous réserve le futur.

 

La vigueur nous a lâché

Avec nous aurions tout changé

Les plus jeunes ne font qu’observer

Ne sachant pas interpréter

Ils accordent valeur et intérêt

À ceux qui ne font que les duper

Éclaire nous patriarche

Que nous réserve le futur.

 

Une fois purifiés nous nous maculons

La paix installée nous guerroyons

Comment se faire entendre

Par celui à qui on a lavé le cerveau

Et qui ne fait que se délecter de loin

Confiant en ceux qui le rebutent

Éclaire nous patriarche

Que nous réserve le futur.

Auteur
Kacem Madani

 




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