« Toutes les étudiantes sont avisées que si elles sont vues avec un homme, même un étudiant dans une salle, le couloir ou n’importe quel endroit de l’université, nous aviserons son tuteur immédiatement. Son nom sera affiché sur le tableau d’information publique. Cette disposition sera suivie avec une extrême rigueur.
Cet avis est affiché pour que les étudiantes prennent leurs dispositions. Et une personne avertie en vaut deux.
Université de Djelfa. »
C’est par cette note, on ne peut plus explicite (à moins que ce soit une blague d’un étudiant frustré), traduite de l’arabe et rapportée par l’islamologue Saïd Djabelkhir (*), que l’université de Djelfa interdit aux étudiantes de fréquenter les étudiants (remarquez bien, on interdit aux femmes et pas aux hommes).
Rappelons que par un passé récent, cette même université de Djelfa s’était distinguée en offrant gracieusement le voile à ses étudiantes.
Décidément, dans cette Algérie nouvelle, chacun s’en donne à cœur joie pour imposer sa propre loi !
On n’arrêtera donc jamais cette course effrénée au ridicule, ces tribulations politiques et ces avancées vertigineuses vers l’arrière ?
Qui, quand arrêteront-on ces discours islamistes rétrogrades ? Discours distillés autant par les indus du pouvoir que par de larges pans de la société, avec une rhétorique ténébreuse qui fait de la femme l’ennemie à abattre, en lui faisant endosser la responsabilité de toutes sortes de fléaux qui gangrènent la société ! Telles attitudes d’hostilité se traduisent souvent par des menaces, physiques et psychologiques, pour empêcher la Femme de respirer et de diverger de son sort d’éternelle soumise au machisme indécent des salafistes et de leurs protecteurs du pouvoir ! À cet égard, certaines statistiques révélant que 70 à 75% des étudiants algériens seraient favorables à une application des lois basée sur la charia sont tout simplement hallucinantes, quand on sait le sort peu reluisant que les « textes », à longueur de sourates et de versets, réservent à cette moitié de l’humanité dont on feint d’ignorer qu’elle, et elle seule, est à l’Origine du monde et le perpétue !? Une femme, créatrice de la vie, créée par un créateur supérieur pour l’offrir au seul plaisir de l’homme tout en la soumettant à toutes sortes de soumissions scabreuses ! Quel délire, mon Dieu, quel délire !
Que de poètes ! Que de bardes ! Que de chantres ont glorifié la Femme ! De Slimane Azem à Aït Menguellet, de Jean Ferrat à Julien Clerc, d’Elvis Presley à Michael Jackson pour la célébrer et stipuler qu’elle est l’unique bonheur et le seul avenir de l’homme ! Au vu des débâcles politiques partout perceptibles, peut-être est-il temps pour l’humanité de ne plus se limiter à une gloire lyrique, souvent individuelle, en lui confiant les rênes de notre destin collectif ? Concernant notre pays, autant le faire maintenant pour gagner du temps ! À l’allure où elles se réussissent leurs cursus et partout gagnent du terrain, la loi du nombre finira par s’imposer d’elle-même, car au vu des résultats du bac, la femme méprisée et dépréciée par tous les imams d’Algérie, ceux du pouvoir FLiN-tox et des mosquées, finira, un jour ou l’autre, par prendre le dessus ! Que FLiN-tox, salafistes et autres islamistes stériles le veuillent ou non !
Femmes, je vous aime ! déclare depuis 40 ans Julien Clerc à ses compatriotes ! Eh bien, n’est-il pas temps pour nous tous de déclamer à leur endroit : Grand-mères, mères, épouses et filles, proches ou lointaines, nous vous aimons aussi ? Nous, la dernière fournée d’hommes à résister à ce message malsain qui fait d’elles des mineures à vie et les cantonne dans une spirale de mal-vie que l’Homme, aidé de SES dieux, tisse autour d’elles, depuis la nuit des temps, pour ériger une muraille infranchissable qui les séparent de leurs propres enfants !
Un jour, qui sait, l’effet papillon aidant, ce sera une déclaration portée par 20 millions de voix masculines, d’Alger à Tamanrasset, de Annaba à Oran, les larmes dégoulinant à flots, des sanglots de rédemption les accompagnant, pour implorer leur clémence, qui inondera le ciel aux heures de prière pour clamer, à l’unisson, aux Algériennes :
– Pardon d’avoir cru en ces messages tombés du ciel pour vous malmener et vous détester !
– Pardon, pour les siècles de tromperies qui nous ont transformés en vos ennemis jurés et nous interdisent de vous aimer !
– Pardon de vous avoir tout interdit au nom de tous ces messages arriérés, par la famille FLiN-tox distillés !
– Pardon d’avoir été aveuglés et trompés par toutes sortes de fourbes qui nous ont, dans les ténèbres, précipités !
– Pardon de ne pas avoir ouvert les yeux et compris plus tôt qu’il n’y a d’autre source à l’humanité que toi, la Femme, que moult écritures sataniques nous ont interdit d’honorer !
Pour, de tant d’insolence, nous faire pardonner, désormais notre unique profession de foi ne sera prononcée, aux heures et en dehors de toute prière, que pour vous, radieuses femmes de nos tribus d’Algérie : ALGERIENNES, NOUS VOUS AIMONS !
Dorénavant, nous tous, Algériens du Nord, du Sud, de l’Est, du Centre ou de l’Ouest, déclarons que nulle vénération ne sera jamais plus gaspillée pour adorer quelque factice déité, à Jérusalem ou à la Mecque installée ! Nos chahadas seront toutes dédiées pour toi, l’Algérienne, notre unique Origine, notre seule Destinée !
N’en déplaise à tous ces charlatans qui s’acharnent à te vilipender, jusqu’aux enceintes de l’Université, au lieu de te tresser des lauriers !
Kacem Madani
(*)https://marevuedepressedz.com/2022/09/23/universite-algerie-djelfa/