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Lutte contre la corruption en Algérie : Mme Mesrati ne connaît ni le dictionnaire, ni le droit

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Mme Salima Mesrati est ce qu’on appelle un officier subalterne dans un système répressif. Elle a été nommée par César en 2022 à la présidence de la Haute autorité de la transparence, de la prévention et de la lutte contre la corruption. 

La haute fonction dans un organisme au titre aussi long que le bras nous balance à la figure trois mots comiques en cette situation, Transparence, prévention et lutte contre la corruption. La seule expression qui convienne à la réalité est « Haute atorité », une appellation tout à fait conforme à la dictature.

Commençons par le premier élément de mon titre, celui du dictionnaire. Manifestement madame Mesrati n’a pas lu une autre acception du mot corruption  donnée par le dictionnaire. 

A celle du domaine financier se rajoute celle de la corruption morale. Le dictionnaire nous dit que c’est ce qui propage des idées subversives (en fonction de celui qui les juge comme étant le cas). Elle est attribuée en même temps à celui qui est corrompu et à celui qui corrompt.

Salima Mesrati ne nous rend compte que des statistiques des poursuites contre la corruption financière. Non seulement elle ne comptabilise que ceux qui ont perdu les batailles dans les règlements de comptes des hommes au pouvoir et qui sont lâchés mais surtout, ses chiffres n’intègrent pas les esprits corrompus par les idées de liberté, de démocratie et d’humanisme. 

C’est vrai que les incarcérés corrompus par des idées politiques malsaines sont dans la liste du ministère de l’intérieur et de la justice, ils ne sont pas de la compétence de l’organisme qu’elle préside.

Les statistiques de la Haute autorité ont donc un trou béant de plusieurs centaines d’individus corrompus dans leur esprit.

Pour le second mot de son ignorance qui en découle, on peut être persuadé que Salima Mesrati n’a jamais entendu parler de Socrate qui est le personnage fictif à travers lequel s’expriment Platon et Xénophon. Le philosophe avait été condamné à mort pour avoir « corrompu » (c’est le mot repris dans la majorité des traductions) le cerveau des jeunes en introduisant des idées subversives, entre autres accusations.

Quant au droit, on nous présente Salima Mesrati comme « une experte du droit constitutionnel », ce qui est inlassablement repris dans les commentaires à son sujet (et peut-être même dans sa signature personnelle. À vérifier mais il est très probable que ce soit le cas comme des dizaines de douctours algériens autoproclamés).

Elle est constitutionaliste, enseignante à la faculté de droit, comme moi je suis Ulysse, roi du pays d’Ithaque dans la mythologie. Madame Mesrati a fait toutes ses études de droit en Algérie. Qui connait et a étudié le droit constitutionnel sait qu’il est profondément imbriqué avec l’histoire des idées politiques et constitue un socle de connaissance et de critique  de l’action publique.

Il ne faut pas se méprendre sur mon propos, une très grande partie des professeurs dans les universités algériennes ont une compétence des plus hautes. Mais imaginez-vous un seul instant un professeur de droit constitutionnel en Algérie se risquant à aller sur ce terrain glissant sans prendre de sérieux risques ? Les voyez-vous critiquer les passages les plus contraires au droit dans la constitution algérienne, ils sont nombreux ? Les voyez-vous s’engager dans l’analyse critique des actes institutionnels du régime policier et de leurs illégalités en vertu du texte suprême.

Il y a pourtant des exceptions, l’une d’entre elles est hors du droit constitutionnel mais peut être mise en correspondance avec mon analyse. Il s’agit d’un universitaire arrêté pour des propos controversés. L’historien Mohamed Lamine Belghit est poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale » et « incitation à la haine raciale » après avoir assimilé, sur une chaîne de télévision émiratie, la dimension berbère du pays à un complot « colonial franco-sioniste ». 

La question n’est pas d’être d’accord ou non avec lui, que je le sois personnellement ou pas, il s’agit d’une parole libre d’un intellectuel, mais de rappeler qu’il entre dans la définition des esprits corrompus dans le dictionnaire du pouvoir algérien. 

Qu’importe d’ailleurs si l’historien sort du domaine de l’analyse des faits que doit faire l’historien pour en venir sur le terrain de l’opinion, il reste un citoyen libre. Monsieur Belghit est hors de la compétence de madame Mesrati. Décidément que lui reste-il dans son domaine de poursuite de la corruption ?

La présidente de la Haute Autorité a dû faire l’école buissonnière pendant ses cours de droit ou alors, elle est de ceux qui sont embrigadés par la doctrine officielle, ils sont une légion. Et d’ailleurs est-il possible de ne pas l’être lorsqu’un régime corrompu demande à ce qu’il soit poursuivi pour corruption par l’autorité qu’il nomme ? 

Ce serait comique, non ? Nous en avons l’habitude, c’est le cas par exemple des sénateurs qui sont nommés, notamment par Tebboune. Par la constitution ils ont la compétence de surveiller les actes du gouvernement. En quelque sorte le contrôlé qui contrôle ses contrôleurs. La présidente de la Haute autorité est la bonne personne pour se garder de franchir la frontière en essayant de comprendre l’incongruité.

Madame Mestrati, c’est cela un esprit corrompu. Je n’ai pourtant pas lu votre nom dans vos  statistiques.

Boumediene Sid Lakhdar

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