Dans sa conférence de presse du 16 janvier, le Président Emmanuel Macron n’a pas seulement acté qu’il était définitivement ancré à droite, il a revêtu tous les habits de la droite conservatrice et chrétienne.
C’est étonnant combien ses objectifs pour l’école ressemblent à ce mouvement nostalgique d’un passé qui n’a jamais existé. Car le Président a sorti tous les clichés conservateurs concernant l’école « d’antan », celle que certains fantasment continuellement.
« La discipline était de rigueur, avant ». « Les élèves étaient respectueux, autrefois ». « L’effort au travail était une vertu, dans ces temps-là ». « Les parents vérifiaient les bulletins et prenaient des décisions en conséquence, à cette époque ». Et nous pourrions en citer des tonnes, de ces certitudes des valeurs de l’école d’antan et de la conscience des élèves à respecter l’autorité du professeur.
Retour à l’ordre moral
Il faut revenir à l’uniforme, à l’instruction civique, à l’apprentissage de l’hymne national, au redoublement, à la discipline. En réalité le Président m’a convaincu qu’il voulait revenir à mon enfance. Le brave homme !
Mes petits-enfants vont connaître de nouveau le tablier, l’odeur de l’encre violette, le buvard, la craie et le tableau noir. J’en ai eu les larmes aux yeux.
J’ai cru écouter le maréchal Pétain en ce projet ambitieux du Président qui proclame « La France restera la France ». Exactement le slogan d’Eric Zemmour, de Le Pen, d’Eric Ciotti, de Laurent Wauquiez ou de Nicolas Sarkozy (réellement inscrit dans leurs affiches électorales).
Il a même été jusqu’au bout de la devise du maréchal, travail-famille-patrie, en annonçant un plan de lutte contre l’infertilité. Non seulement le sujet est très étrange dans une intervention présidentielle mais en plus, Pétain voulait redonner à la France des enfants pour défendre la patrie et faire respecter la volonté divine du devoir conjugal ainsi que s’abstenir du crime de l’avortement.
Il a cependant oublié l’un des fondamentaux du retour à la morale, à la discipline et aux valeurs de la patrie. Cette omission est le chant de la marseillaise, le matin, au garde à vous face à la levée matinale du drapeau accompagné du clairon et du tambour.
L’illusion d’un passé fantasmé
La vérité est que dans ce passé irréel, la majorité des élèves devait abandonner l’école très tôt. Soit parce qu’ils devaient aider le père à subvenir aux besoins de la famille, soit parce qu’on les excluait pour un niveau inexistant car leur environnement social et familial était incapable de leur fournir toutes les chances d’une éducation.
Emmanuel Macron a oublié, comme tous les nostalgiques de la France d’avant, que les punitions pour faire respecter l’ordre allaient jusqu’aux châtiments corporels et à l’humiliation devant tous les camarades. Il ne faut pas remonter au 19 ème siècle pour l’avoir vécu, j’en suis témoin dans mon enfance et je n’ai tout de même pas l’âge de Napoléon III.
Pourtant, il faut revenir à l’ordre républicain
Effectivement, le niveau scolaire s’est écroulé. Effectivement, le mensonge de la massification du collège unique en est en partie responsable. Effectivement, le mensonge d’une gauche coupée des réalités a fait des dégâts avec ses slogans aussi inefficaces que contestables, « mettre l’enfant au centre », « Enseigner autrement » en supprimant les anciennes méthodes et en les remplaçant par un pédagogisme délirant.
Le célèbre « 80 % d’une classe d’âge doit avoir son bac » de Jean Pierre Chevènement a créé une armée d’illettrés. Le pourcentage de ces étudiants qui se fracassent à la première année de l’université est vertigineux au regard des efforts et des budgets consacrés. Et jamais le fossé entre les brillants étudiants des grandes écoles et universités élitistes et les autres n’a été si grand. Il ne cesse de s’agrandir au fil des années.
Il y a d’autres voies pour remettre de l’ordre républicains dans l’école. Elles existent déjà dans les textes législatifs et réglementaires. Aucun gouvernement n’a pensé qu’il fallait les faire respecter avant de revenir vers un passé qui n’existe pas et nous entraînerait vers une autre impasse. Ils n’ont jamais osé les appliquer par opportunisme électoral et pour bien d’autres raisons.
L’exclusion de la classe, le conseil de discipline non remis en question par le Rectorat (ce qui arrive toujours), la sanction par une « colle » (qui n’existe que si le prof se charge de la surveillance, double peine pour lui), le renvoi de l’établissement (possible uniquement si on reclasse l’élève dans un autre établissement, ce qui fait déplacer le problème) ? Et bien d’autres dispositions qui sont déjà dans les textes mais laissées pour lettre morte ou appliquées avec hypocrisie car la sanction n’est jamais réellement exécutée.
En réalité le maréchal n’a jamais mis de l’ordre républicain en France. Au contraire, il a participé à provoquer une guerre qui a fait perdre la vie a des millions de Français avec le résultat d’un pays dévasté.
Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité
Juste une petite correction.
J’ai cru écouter le maréchal Pétain en ce projet ambitieux du Président qui proclame «La France restera la France ».
Le correct est, d’inclure le point entre les guilemets. Comme cici:
«La France restera la France.»
Quand on reve d’un passe’ qui n’a jamais existe’, ca veut dire qu’on reve d’un future. Aussi, heureusement, qu’il le voit Chretien le future de la France. En nettoyant chez-eux, j’espere qu’ils oseront nettoyer aux alentours aussi. Nettoyer mouh biensur.
j’aurai bien voulu une article sur l’état de l’école Algérienne.
Quant à la Française, aucune inquiétude ils arriveront toujours à s’en sortir.