La diaspora malgache et comorienne s’est réunie ce jeudi à Paris pour dénoncer ce qu’elle considère comme une sanction injuste de l’Union africaine à l’encontre de Madagascar, au lendemain de la chute du régime d’Andry Rajoelina.
Présidée par Me Said Larifou, avocat international et panafricaniste, la conférence de presse a mis en avant le rôle central du peuple et de l’armée malgache dans ce qui est présenté comme une transition pacifique et constitutionnelle.
Un soulèvement populaire, pas un coup d’État
Selon les intervenants, le mouvement qui a conduit au départ du président Rajoelina n’a pas été initié par l’armée, contrairement à certaines interprétations internationales, mais par une mobilisation massive du peuple malgache, lassé de la pauvreté et de la mauvaise gouvernance.
L’armée nationale, qualifiée de “responsable et constitutionnelle”, n’a pas réprimé les manifestants et a accompagné le processus de transition, évitant chaos et violence. Dans ce cadre, le colonel Michael Randrianirina, commandant du CAPSAT, a été reconnu par la Haute Cour constitutionnelle comme Président par intérim, chargé de diriger le pays provisoirement.
Diasporas et forces vives dénoncent l’inaction internationale
Les diasporas malgaches et comoriennes ont exprimé leur stupéfaction face à la suspension de Madagascar par l’Union africaine, dénonçant une sanction qui pénalise le peuple et non le régime déchu. Me Larifou a critiqué l’inaction de la SADC et des institutions internationales face aux signaux d’alerte sur la pauvreté et les injustices sociales dans plusieurs régions du pays.
“Cette décision est perçue comme une sanction injuste contre le peuple malgache, qui a légitimement agi pour mettre fin à de profondes injustices sociales”, a déclaré l’avocat.
Appel à la solidarité panafricaine
Au-delà de la situation malgache, le message porté à Paris se veut continental. La conférence souligne une dynamique africaine où les peuples refusent misère et oppression, et réclament dignité, liberté et bonne gouvernance.
Les diasporas appellent l’UA, la SADC, l’ONU et l’Union européenne à soutenir le processus de transition sans imposer d’agendas extérieurs, et à reconnaître le rôle exemplaire du peuple et de l’armée dans cette séquence historique.
Cette conférence illustre une volonté de réécrire le récit international autour de Madagascar, en légitimant la transition et en dénonçant les sanctions perçues comme arbitraires. Le discours cherche à inscrire Madagascar dans un mouvement panafricain plus large de souveraineté populaire et de dignité, tout en mobilisant la diaspora comme relais politique et médiatique.
Elle traduit aussi la tension entre les logiques locales de légitimité et la perception internationale des transitions politiques africaines, souvent réduites à des questions de stabilité ou de putschisme militaire.
Mourad Benyahia