Au Mali, la ville de Nioro du Sahel, près de la frontière mauritanienne, dans la partie sud du Mali, a subi une attaque lundi 6 janvier, revendiquée par le Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda. Cette attaque survient alors que le groupe jihadiste a diffusé dimanche un message audio annonçant la mort d’un important chef religieux de cette même ville de Nioro, enlevé fin décembre.
L’attaque a débuté dans la nuit, peu avant 22 heures, et a duré environ une heure et demie. Des témoignages et des vidéos tournées pendant l’attaque font état de tirs nourris et de l’usage d’armes lourdes.
L’armée malienne, dans un communiqué publié ce mardi, évoque des « terroristes infiltrés en grand nombre dans la ville avec des complicités internes » qui se sont « attaqués à certains points sensibles de la ville ». Selon plusieurs témoignages locaux, les jihadistes auraient pris d’assaut un poste de gendarmerie et le gouvernorat de Nioro avant de quitter la ville à moto.
Civils ou jihadistes tués ?
L’armée malienne indique avoir « vigoureusement repoussé l’attaque », assure avoir tué 30 jihadistes et récupéré des armes. Un militaire malien aurait péri.
Ce mardi, les militaires maliens ont exhibé des corps dans la ville. Mais dans sa revendication, le Jnim affirme que ce sont essentiellement des civils que l’armée a présentés comme des jihadistes tués -le Jnim n’aurait identifié qu’un seul de ses combattants.
Autant d’affirmations invérifiables de source indépendante. Les images de corps gisant au sol ont été transmises à RFI, sans arme ni turbans, pour certains en jean ou en short, ce qui ne permet toutefois pas d’affirmer avec certitude qu’il s’agit de civils.
Mort avant d’être jugé
Cette attaque survient au lendemain de la diffusion, dimanche, d’un message audio du Jnim, lié à al-Qaïda, annonçant la mort d’un chef religieux de Nioro du Sahel.
Thierno Amadou Hady Tall, khalife général de la confrérie Tijaniyya à Nioro du Sahel, avait été enlevé le 26 décembre dernier. Les jihadistes l’accusaient de collaborer avec les autorités maliennes de transition et surtout avec l’armée malienne. Dans ce dernier message, authentifié par plusieurs sources, sécuritaire malienne notamment, c’est Hamadoun Kouffa, chef de la Katiba Macina du Jnim, qui s’exprime. Il affirme que l’objectif était de faire juger Thierno Amadou Hady Tall par un Tribunal islamique, mais que le chef religieux malien est mort en cours de route, avant d’arriver à destination.
Pour autant, la mort de Thierno Amadou Hady Tall n’est pas tenue pour acquise.
Le Haut conseil islamique du Mali n’a pas réagi. Selon plusieurs sources au sein du HCIM, l’organisation considère que le doute plane toujours sur sa mort et attend de disposer de preuves concrètes.
Même position pour la famille de Thierno Amadou Hady Tall, qui estime que les informations sur ce décès sont à ce stade « non confirméés » et « en cours de vérification ». Aucun détail supplémentaire : la famille ne souhaite pour le moment faire aucune déclaration.
« Ils sont peut-être sous le choc, ils veulent vérifier, mais moi, je pense qu’il est mort », estime une source sécuritaire malienne, qui rappelle que le chef religieux avait été blessé par balle lors de son enlèvement. D’autres observateurs avertis doutent également que ce message du Jnim puisse être mensonger.
« Tout le monde est réfugié dans la prière », témoigne enfin un proche du khalife, qui continue de garder espoir.
RFI