Au Mali, un défenseur des droits humains accuse la sécurité d’État – services de renseignements – de nombreuses arrestations extrajudiciaires. Souleymane Camara, Président du Réseau des Défenseurs des Droits Humains du Mali demande la judiciarisation de la branche des services de renseignements qui opèrent « enlèvements » et « arrestations » extrajudiciaires.

Le Président du Réseau des Défenseurs des Droits Humains du Mali, se dit inquiet face aux arrestations extrajudiciaires selon lui de plus en plus nombreuses dans le pays. Souleymane Camara : « Nous soutenons qu’un climat de terreur est en train de s’installer au Mali. Des véhicules sans immatriculations effectuent des arrestations sans mandat judiciaire et conduisent les personnes enlevées vers des destinations inconnues. »

Il pointe du doigt les services de renseignement du Mali, l’Agence nationale de sécurité d’État : « C’est l’œuvre de la sécurité d’État du Mali puisque les personnes victimes d’enlèvements, puis relâchées, l’ont toujours affirmés. »

Une réforme nécessaire

Différentes sources confirment des cas avérés de citoyens détenus sans jugement sur une longue durée dans les locaux des Services de renseignements. Le président du Réseau des Défenseurs des droits humains du Mali réclame un changement dans le fonctionnement de structure étatique qui a déjà notamment arrêté journalistes, activistes et hommes politiques.

« Aujourd’hui, il est plus que nécessaire de judiciariser ce service de renseignement du Mali pour éviter les abus et les fréquentes violations des droits de l’homme », déclare Souleymane Camara.

Afin de bien faire comprendre sa démarche, Souleymane Camara explique : « comme d’autres, j’aime mon pays. Je ne demande pas la dissolution de la sécurité d’État, mais sa réforme ».

Les violations des droits humains au Mali demeurent une préoccupation majeure, avec une escalade alarmante de la violence et de l’impunité ces dernières années. Le conflit armé qui sévit dans le pays a entraîné de graves exactions commises par toutes les parties impliquées, notamment les groupes armés, les forces gouvernementales et leurs alliés.

Les groupes djihadistes sèment la mort

Les groupes djihadistes tels que le GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) et l’EIS (groupe État islamique au Sahara) sont responsables de nombreuses attaques contre les civils. En 2022, le GSIM a mené des assauts meurtriers dans plusieurs villages, causant des dizaines de morts parmi la population civile. Ces groupes se livrent également à des enlèvements, des pillages et des restrictions de mouvement, comme le siège de Tombouctou qui a forcé plus de 33 000 habitants à fuir.

Les Famas et les mercenaires Wagner tuent

Les forces armées maliennes et leurs partenaires étrangers sont accusés de graves violations du droit international humanitaire. Un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a révélé qu’environ 500 personnes avaient été sommairement exécutées et au moins 58 femmes violées lors d’une opération à Moura en mars 2022. D’autres incidents similaires ont été signalés, impliquant des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées et des tortures.

Les forces armées maliennes (FAMa) et les mercenaires du groupe Wagner sont accusés de graves violations des droits humains au Mali. Voici un résumé des principaux crimes rapportés. On peur rappeler le massacre de Moura (mars 2022) : 500 civils exécutés sommairement, dont des femmes et des enfants. 58 femmes et jeunes filles violéee. Les exactions dans des villages du centre du Mali (décembre 2022 – mars 2023) : Au moins 35 civils exécutés, dont des femmes et des enfants. Arrestations arbitraires, passages à tabac et pillages. Le massacre à Diabaly (mars 2022) : 38 personnes tuées, principalement des Peuls.

Les exécutions extrajudiciaires à Danguèrè Wotoro (mars 2022) : Au moins 35 suspects tués, corps calcinés retrouvés. Ces crimes, commis sous couvert d’opérations antiterroristes comme le revendiquent la junte militaire malienne, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité selon l’ONU.

Violences sexuelles et discrimination

Les violences sexuelles liées au conflit sont particulièrement préoccupantes. L’ONU a recensé 470 cas de violences sexuelles entre janvier et mars 2022, dont 51 liés au conflit. Les victimes sont principalement des femmes et des filles, certaines âgées d’à peine 12 ans.

La discrimination fondée sur l’emploi et l’ascendance reste répandue, avec des pratiques d’esclavage par ascendance toujours en vigueur. Bien que des condamnations aient été prononcées dans certaines affaires, l’impunité demeure un problème majeur.

Impunité et défis pour la justice

La junte malienne soutient mordicus que tous ces massacres n’en sont pas, arguant une lutte antiterroriste et la sécurité des Maliens.  La MINUSMA a enregistré une augmentation significative des violations des droits de l’homme, avec 617 atteintes documentées au premier semestre 2021, soit une hausse de 37% par rapport à la période précédente.

La rédaction/RFI

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