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mardi 30 septembre 2025
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Maroc 2025 : la grenouille qui veut devenir éléphant

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Le 27 septembre 2025, le Maroc a craqué. À Agadir, l’hôpital Hassan-II a viré au cauchemar : plusieurs femmes mortes en quelques jours, dans des conditions indignes, révélant un service public à bout de souffle.

Ce drame a mis le feu aux poudres. La colère n’est pas restée confinée à la région : elle a gagné Rabat, Casablanca, Marrakech, Tanger. Des milliers de citoyens ont envahi les rues en scandant : « Pas de stades, des soins ! »« Pas de Coupe du monde, des écoles ! »

La réponse du régime fut brutale : dispersions, charges policières, arrestations massives. Comme si l’ordre public pouvait remplacer le droit de vivre dignement. On fuit dans des barques, on se tait quand on crie justice. Le coût de la vie explose – nourriture, logement, santé – tandis que la liberté est muselée : réseaux sociaux surveillés, discours censurés, indignations punies. Et dans ce désespoir, la solidarité avec la Palestine – si chère aux Marocains – est piétinée. On brandit le drapeau d’ennemi d’hier, tout en étouffant les voix locales.

Le royaume, qui a voulu voir plus grand que ses capacités, est devenu la grenouille de La Fontaine. Il gonfle, il gonfle, persuadé qu’il deviendra éléphant. Il rêve d’impressionner la FIFA et ses partenaires ibériques avec la Coupe du monde 2030. Mais ses enfants meurent faute de soins, ses écoles croulent, ses diplômés végètent. La grenouille croit grandir, mais c’est la rue qui explose.

Le contraste est indécent. Des milliards pour une pelouse hybride, pas un dirham pour soutenir le pouvoir d’achat. Des tribunes flambant neuves, mais des enfants condamnés à traverser champs et oueds pour rejoindre une école qu’aucun bus ne dessert. Le Maroc sait planifier un Mondial, mais pas sauver un malade dans un hôpital. Le Premier ministre espagnol l’a dit sans détour : à quoi bon bâtir des stades à coups de milliards quand on ne retient pas ses propres enfants, les harragas, qui préfèrent affronter la mer que l’avenir ?

Et la misère continue. Les victimes du séisme survivent encore dans des abris précaires, alors que les millions collectés pour leur secours ont été dilapidés dans les caisses royales. Les inondations ravagent chaque année des quartiers entiers, faute de digues.

Des familles sont expulsées par des propriétaires rapatriés, brandissant des titres fonciers d’un autre âge. Chaque jour apporte son lot : sans-logis, chômage, inflation, désespoir.

Et que dire de la diplomatie ? Elle se veut ambitieuse, mais elle vacille. Alliances contre nature, normalisation avec un gouvernement génocidaire honni par la majorité des Marocains, occupation illégale du Sahara occidental, contrats étrangers qui pillent les ressources. Ajoutez Pegasus, les tensions avec les voisins, l’isolement régional : frontières verrouillées, espace aérien bloqué, coopération étouffée. Une diplomatie qui se rêve en puissance mais qui, dans les faits, enferme le royaume dans son propre piège.

Reste le palais. Derrière les tribunes et les pelouses, les clans s’épient, la succession se prépare. Le roi malade, absent, laisse planer l’ombre de l’incertitude. Un jeune prince est déjà présenté comme futur roi. Un frère, plus discret, avance ses pions. Et au-dessus de cette partie d’échecs locale, les puissances étrangères se placent : Washington souffle sur l’un, Paris chuchote pour l’autre. Résultat : un trône fragilisé, sous parrainage avant même la bataille. Une vulnérabilité mise à nu.

Confier le royaume à un inexpérimenté ou à un prétendant soutenu de l’extérieur, c’est ouvrir la voie à un Maroc morcelé, fracturé par ses inégalités, ses colères sociales, ses révoltes régionales – du Rif aux périphéries oubliées. Déjà étranglé par la dette, le pays risque de basculer dans une mise sous tutelle déguisée.

L’histoire avait déjà donné un avertissement : la Grèce de 2004, ivre de Jeux olympiques, a fini ruinée, ses stades désertés, sa jeunesse broyée par la dette. Le Maroc s’avance sur la même pente, mais avec moins de marges et plus de fractures.

Alors non, la question n’est pas de savoir si la grenouille brillera à la Coupe du monde. La seule question est de savoir quand elle éclatera : avant, ou après la Coupe du monde.

Zaim Gharnati

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