Site icon Le Matin d'Algérie

Maroc–Algérie : la main tendue de Rabat et le silence d’Alger

Mohammed VI

Mohammed VI

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a affirmé, dans un entretien accordé à la deuxième chaîne de télévision nationale (2M) et rapporté par le quotidien londonien Al-Qods Al-Arabi, que la résolution des différends entre le Maroc et l’Algérie « n’a jamais été aussi proche » à condition, a-t-il insisté, « que la volonté politique soit au rendez-vous ».

Cette déclaration, survenue au lendemain de l’adoption par le Conseil de sécurité d’un nouveau texte soutenant la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental, résonne comme une invitation directe à la réconciliation entre les deux voisins. « Le Maroc et l’Algérie n’ont pas besoin de médiation », a déclaré Bourita. « Personne ne connaît mieux l’Algérie que le Maroc, et personne ne connaît mieux le Maroc que l’Algérie. Nous pouvons régler nos différends nous-mêmes », a-t-il ajouté, soulignant que « le dialogue direct est préférable à toute médiation ».

Le chef de la diplomatie marocaine a par ailleurs estimé que « les relations entre les deux pays et la question du Sahara sont plus proches d’un règlement qu’elles ne l’ont jamais été », tout en précisant que cette perspective reste tributaire d’un engagement politique mutuel.

Ces propos interviennent dans un contexte marqué par un nouvel appel du roi Mohammed VI, adressé vendredi soir à son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour un « dialogue fraternel et sincère » en vue de bâtir « des relations fondées sur la confiance et la bonne entente ». Un message de conciliation qui tranche avec le climat de méfiance persistant entre les deux capitales, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis août 2021 et les frontières terrestres fermées depuis 1994.

Jusqu’à présent, Alger n’a pas officiellement réagi à cette double ouverture — royale et ministérielle — de Rabat. Le silence observé par les autorités algériennes pourrait s’expliquer par le contexte politique sensible entourant la question du Sahara occidental, dossier central de la rivalité entre les deux pays. L’Algérie soutient la thèse de l’autodétermination défendue par le Front Polisario, tandis que le Maroc revendique la souveraineté sur le territoire et met en avant son plan d’autonomie comme « la seule solution réaliste et crédible ».

À noter qu’au début du mois d’octobre dernier, Massoud Boulos, conseiller de Donald Trump pour l’Afrique et le Moyen-Orient, a entamé une médiation discrète entre Rabat et Alger. Selon des sources diplomatiques citées par Al-Qods Al-Arabi, l’émissaire américain aurait promis un règlement du différend entre les deux voisins « dans un délai de soixante jours », nourrissant ainsi l’espoir d’un dégel progressif des relations.

Lors du vote du Conseil de sécurité, l’Algérie, non membre du Conseil, n’a pas pris part à la séance. Le texte, présenté par les États-Unis, a été approuvé par onze pays sur quinze, tandis que la Russie, la Chine et le Pakistan se sont abstenus. Pour Rabat, ce résultat confirme, selon Bourita, « le soutien international croissant à la proposition marocaine ».

Reste à savoir quelle lecture fera Alger de cette nouvelle séquence diplomatique. L’appel de Bourita à un « dialogue sans médiation » et la main tendue du roi pourraient ouvrir une brèche dans le mur du silence — à moins que la diplomatie algérienne ne préfère attendre l’issue de l’initiative américaine avant de réajuster sa position. Dans tous les cas, la balle semble désormais dans le camp d’Alger.

Samia Naït Iqbal

Quitter la version mobile