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Merci pour ce moment M. Hollande !

Bouteflika et Hollande

Vous êtes venu avec une délégation d’ »amis de l’Algérie » dit-on sur invitation d’Abdelaziz Bouteflika. 

Vous êtes arrivé à Alger et vous êtes accueilli par le deuxième personnage de l’Etat, Abdelkader Bensalah. Cela ne vous a pas froissé que votre hôte ne puisse se déplacer jusqu’au bas de l’avion présidentiel pour vous accueillir, car vous saviez pertinemment qu’il ne le pouvait pas. L’enjeu est ailleurs.

Vous avez seul, face aux caméras, goûté à la fameuse datte et au petit-lait de bienvenue sous le regard gêné d’un Bensalah qui ne sait à comment se conduire avec vous. Quid du président sur le tarmac ? Introuvable !

Mais très vite, vous avez pris le pas sur cet homme chargé seulement d’être là, de représenter cet absent qui vous a invité à venir lui rendre visite dans sa résidence de Zéralda. Ce puissant manœuvrier (susurre-t-on) ne sort plus, ne voit plus ses ministres, ses vizirs, encore moins son peuple, celui-là même, dit-on toujours, qui l’aurait « élu » pour un quatrième mandat.

Arrive la conférence de presse censée ponctuer cette visite. Les bons usages auraient voulu que vous soyez deux à répondre aux questions des journalistes. Deux présidents. Mais devant les drapeaux algérien et français, vous étiez seul, même Abdelkader Bensalah s’est effacé, il vous a faussé compagnie !

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N’empêche, vous vous êtes bien débrouillé. Sans ciller vous avez assuré que le président Bouteflika a tenu une discussion de deux heures avec vous. Oui sans ciller, vous avez déclaré votre immense étonnement devant « l’alacrité du président Bouteflika ». Pourtant l’homme est malheureusement aphasique ! Il vous a bien laissé vous dépatouiller tout seul face à la presse ! Vous avez même répondu à sa place. Quelle classe ! Quelle générosité ! Vous vous êtes même extasié après cette fameuse rencontre dont nous n’avons que quelques secondes d’images très léchées : « C’est rare de rencontrer un chef d’Etat qui a cette alacrité, cette capacité de jugement ».

Vous avez donc répondu à sa place, en son absence, avec aplomb et sûreté. Trop sûr de vous, vous ne vous êtes pas posé de question sur la pertinence de vos réponses. Cette possible contradiction à vouloir présenter un homme dans la possession de toutes ses capacités mais qui en même temps brille par son absence ! Mais qui pouvait vous prendre au dépourvu ? Qui pouvait vous portez la contradiction dans le propos ? Ne le répétez pas : la ficelle est trop grosse.

Cette rencontre vous rappelle sans doute cette autre entrevue avec un autre malade du pouvoir, Fidel Castro. Il y a quelques semaines vous vous êtes empressé d’aller le voir pour être le premier président Occidental à serrer la main de ce potentat d’un autre âge. Nous ignorons d’où vous vient cette formidable fascination pour les vieux autocrates ? Mais le sujet n’est pas là.

« Je ne suis pas médecin (…) mais ce que je peux vous dire c’est que la qualité de la discussion que nous avons eue pendant près de deux heures était particulièrement intense et particulièrement élevée », avez-vous répondu à une question d’un journaliste inquiet de l’absence de Bouteflika.

Dans le lot de vos réponses, toujours pour deux présidents, vous aviez avancé que Peugeot Citroën était en discussion avancée avec les autorités algériennes pour y lancer une usine. Pas de bol Monsieur le président! Ce même groupe français prévoit de présenter dans quelques jours son grand projet d’usine qu’il compte lancer chez nos voisins marocains en 2019 pour un milliard de dollars. Doit-on s’attendre encore à un minable lot de consolation comme cette modeste usine Renault ouverte dans la hâte à Oran ? On est presque prié de le croire, si la situation politique ne change pas.

Merci pour ce moment Monsieur le président ! Les Algériens se souviendront certainement de vos assurances sans retenue. L’histoire retiendra sans aucun doute cette séquence d’anthologie politique à Alger. Les Algériens se rappelleront de vous comme d’un autre président français, socialiste aussi, François Mitterrand.

Hamid Arab

(*) Le titre est inspiré par le livre de l’ancienne compagne de François Hollande.

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