Selon le quotidien espagnol Confidential digital, plus de 600 harragas algériens ont débarqué aux Baléares en l’espace de deux jours, un chiffre jugé inédit par les autorités locales.
Les arrivées, en provenance des côtes algériennes, se sont multipliées à bord de petites embarcations précaires, souvent interceptées par la Garde civile et le service de secours maritime.
Arrivés à bord d’une trentaine de barques des côtes algériennes, ces migrants ont été transférés soit vers des centres d’accueil temporaires, soit vers les services de la Police nationale pour identification. Mais cette soudaine intensification de la « route algérienne » met en lumière les difficultés structurelles auxquelles fait face l’archipel.
La présidente du gouvernement régional, Marga Prohens, a dénoncé ce qu’elle qualifie d’« abandon » de la part de Madrid. Estimant que le phénomène dépasse les capacités locales, elle plaide pour une intervention directe de l’Union européenne.
Konestory, un migrant sud-soudanais de 20 ans, a confié à Reuters être arrivé à Palma après avoir fui l’instabilité croissante dans sa région. Il a payé 1 700 euros pour embarquer sur un bateau depuis l’Algérie, selon infosmigrants. Après environ deux jours de navigation, il a atteint l’île espagnole. Ils ont affronté « beaucoup de vagues », manqué de nourriture et d’eau, et se sont égarés en mer, a-t-il raconté.
Toujours selon la presse espagnole, les forces de sécurité soulignent que la traversée depuis l’Algérie connaît une recrudescence continue depuis plusieurs mois, en raison de conditions météorologiques favorables et du rôle croissant des réseaux de passeurs. Une hausse de 170% des arrivées est soulignées par les autorités.
Cette année, cette route migratoire au départ de l’Algérie est particulièrement active. De janvier à juillet, les îles ont accueilli environ 3 500 personnes arrivées par bateau, soit une augmentation de 170 % par rapport à la même période l’année dernière, précise le site spécialisé InfosMigrants.
Depuis le printemps 2021 et la neutralisation des manifestations du Hirak, les départs des Algériens se sont particulièrement accentués. Et le refus de visas n’empêche désormais plus ces jeunes de quitter le pays puisque, en désespoir de se réaliser au pays, la Méditerranée ne constitue plus un obstacle majeur pour se reconstruire un destin plus prometteur ailleurs.
Les spécialistes interrogés estiment que, sans stratégie sérieuse et coordonnée entre l’Espagne, l’UE et les pays d’origine, la pression migratoire sur les Baléares risque de s’accentuer. Confronté à un régime autoritaire et sans volonté de changements, les Algériens n’ont plus qu’un seul espoir : rejoindre l’Europe pour tenter de s’en sortir.
De leur côté, les ONG actives sur le terrain rappellent la vulnérabilité des personnes qui prennent la mer dans ces conditions. Elles appellent les autorités à conjuguer renforcement des contrôles et garantie de droits fondamentaux, en particulier l’accès aux soins et à une protection humanitaire digne.
Samia Naït Iqbal