samedi, 25 octobre 2025
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Million d’arbres, minute de silence !

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25 octobre. On plante un million d’arbres. La pelle brille, le cadrage est net, la phrase tombe juste. Puis plus rien. Pas d’arrosage. Pas d’irrigation. Pas de sols ouverts. Pas d’équipes affectées. On confie l’ombre au ciel, la survie à la chance et la politique à la caméra. Voilà pour l’« acte fort ».

Le pays, l’Algérie, connaît la manœuvre. On rêve le soir, on promet le matin, on compte à voix haute. Le chiffre sert de morphine. Il endort. Il ne soigne rien.

Souvenir de l’Aïd. « Jusqu’à un million » de moutons, prix plafonné, images rassurantes. Et après ? Zéro bilan. Le silence a tenu lieu de rapport. Les marchés ont transpiré, les porte-monnaie aussi. Le chiffre a calmé, la logistique n’a rien réglé.

Le logement ? « Deux millions » promis. On remet des clés, on multiplie les cérémonies. La vie, elle, grimpe les escaliers à pied. Cages étouffantes, colonnes d’eau capricieuses, fissures au premier hiver, infiltrations qui mangent les murs, parties communes sans syndic, sans budget, sans lumière, sans arbres. Les deux millions ne sont pas réalisés et les délais glissent jusqu’à cinq ans entre l’annonce et la remise au compte-gouttes. On sait découper un ruban. On sait moins maîtriser une goutte.

Les bus. « Des milliers » arrivent, juré. Mais sans pièces détachées disponibles, sans ateliers armés, avec l’import qui cale au premier virage administratif, un réseau reste un communiqué en panne. Un horaire qui tient sous la pluie vaut mieux que cent conférences de presse. Ici, l’atelier dit la vérité. La tribune dit le reste.

Revenons aux arbres. Oui, on peut mettre en terre un million de plants. Ce pays sait compter haut. Ce qu’il ne sait pas, c’est tenir longtemps. Un arbre urbain n’est pas une figurine protocolaire. C’est une fosse large, pas un trou au marteau-piqueur. C’est un sol vivant, pas une boîte en béton. Ce sont des espèces locales, pas une mode importée. C’est un réseau d’arrosage opérationnel. Ce sont des spécialistes formés, des jardiniers identifiés par secteurs, des lignes budgétaires nominatives, des taux de survie publiés à six, douze, vingt-quatre mois. Sans cela, on plante des promesses et l’on récolte des tuteurs secs.

Le mal est là, la politique de l’annonce. On remplace le plan par le slogan, le calendrier par le chiffre, le métier par le montage. Prières pour la pluie (Ṣalât al-Istisqā’), horoscopes pour le beau temps, oracles pour les budgets. On cumule l’imam, Madame Soleil et Nostradamus. Questions simples : et les plans ? et les dates ? et les tuyaux ? Le futur fait écran, le présent fait semblant.

On veut du concret ? Le concret commence avant la pelle. Par des cartes qui nomment rues, places, priorités. Par des dates qui disent début, milieu, fin. Par des noms qui répondent à qui arrose quoi et quand. Par des budgets qui indiquent combien, où, sur quelle ligne. Par des règles qui ouvrent les sols, cassent la dalle, captent l’eau non potable, réutilisent les eaux grises, installent des sondes d’humidité, publient des taux de survie. Par des métiers qui existent et travaillent : paysagistes, hydrologues, jardiniers, chefs d’équipe. Par des comptes à rendre mensuels, publics, vérifiables.

On dira « intention ». L’intention n’arrose rien. On dira « vision ». La vision ne débouche pas un avaloir. On dira « mobilisation ». La mobilisation ne remplace pas un tuyau.

Alors oui, un million d’arbres aujourd’hui. Mais qu’on écrive tout de suite ce qui manque toujours : politique d’arrosage, politique d’irrigation, politique des sols. Qu’on annonce non pas combien, mais comment. Non pas « bientôt », mais à quelle date. Non pas « nous », mais les équipes. Non pas « la photo », mais le plan.

Sinon, l’histoire sera la même. L’arbre meurt de soif. Le bus meurt de pièces. Le logement meurt d’attente. Et le pays, lui, meurt d’annonces.

Ce 25 octobre, on a planté un chiffre. À nous de planter la méthode. Sinon, rendez-vous en août. Minute de silence sous un soleil sans ombre. Madame Soleil dira que c’était écrit. Nostradamus confirmera. Et nous compterons les pertes.

Zaim Gharnati

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