Dans un communiqué, le président du RCD, Atmane Mazouz, revient sur l’épisode des huit adolescents algériens qui ont fui le pays à travers un yacht pour rejoindre l’Espagne.
Ils étaient huit. Huit adolescents. Huit enfants qui, au lieu de préparer la rentrée scolaire, ont choisi l’exil clandestin. Sur un petit yacht « volé » à Tamentfoust, près d’Alger, ils ont traversé la Méditerranée en neuf heures pour atteindre l’Espagne. Neuf heures pour fuir des années de renoncements, de promesses trahies et de rêves étouffés.
Ce drame n’est pas un accident. C’est le symbole vivant d’un pays qui s’effondre par le haut et qui saigne par le bas.
Quand des mineurs deviennent « voleurs » de bateaux et migrants de fortune, ce n’est pas leur moralité qu’il faut interroger, c’est la moralité d’un régime qui a fait de l’abandon une politique et de l’échec une habitude.
Depuis des décennies, le pouvoir détourne les richesses, dilapide les espoirs et vend aux Algériennes et aux Algériens des slogans creux. L’école ? En ruine. L’emploi ? Une chimère réservée aux clientèles. La jeunesse ? Un problème à gérer, jamais une priorité à élever. Et quand la mer emporte nos enfants, le régime accuse des « mains étrangères » plutôt que de regarder ses propres mains tachées d’inertie et de mépris.
On n'a jamais cessé de le dire sans détour : nous ne sommes plus face à des dérives ponctuelles, nous sommes face à une faillite systémique. Ce n’est pas la Méditerranée qui attire nos enfants, c’est l’Algérie officielle qui les repousse. Ce n’est pas l’Europe qui les séduit, c’est l’injustice ici qui les désespère.
À chaque départ, c’est un vote silencieux contre ce régime. À chaque naufrage, c’est une condamnation sans appel de sa politique. Le pouvoir a perdu la jeunesse. Et lorsqu’un pays perd sa jeunesse, il perd son avenir.
Il est temps de rompre avec ce système et de refonder la République sur des bases de vérité, de justice et de perspectives réelles pour les jeunes générations. La fuite ne doit plus être un destin, l’école ne doit plus être un sas d’attente, l’emploi ne doit plus être un privilège négocié mais un droit garanti.
Ce drame des huit mineurs n’est pas la fin d’une histoire : c’est un signal d’alarme. Ignorer ces signaux, c’est préparer des tragédies plus grandes encore. L’heure n’est plus aux discours anesthésiants, elle est à la rupture et à l’action.
Atmane Mazouz
Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD)