Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères, a été envoyé par Tebboune faire une tournée d’une partie des pays de la Cédéao pour les convaincre de ne pas intervenir militairement pour déloger les putschistes qui ont pris le pouvoir à Niamey. Gageons que les pays visités ont ri sous cape pendant cette visite.
Au Nigeria, au Ghana comme au Bénin M. Attaf a fait de bien et nombreuses déclarations sur l’impérative non-intervention militaire au Niger voisin. Il a même loué la convergence de vues entre l’Algérie et la Cédéao.
Au Nigeria, première halte du ministre des Affaires étrangères, les discussions ont convenu particulièrement de l’impératif de coordonner les efforts déployés par les deux pays, notamment les initiatives lancées par M. Abdelmadjid Tebboune et son homologue nigérian, M. Bola Ahmed Tinubu, en sa qualité de président en exercice de la Cédéao, et ce en vue de « renforcer l’élan international et régional et d’encourager l’adhésion de tous autour du processus politique et pacifique pour le règlement de la crise au Niger », rapporte l’agence officielle. Tebboune serait donc en passe de calmer tout le monde et d’empêcher une intervention militaire imminente dans ce pays du Sahel !
A peine croyable, quand on connaît les échecs diplomatiques de la nouvelle Algérie de Tebboune (le cuisant refus d’adhésion aux Brics est toujours frais), on a quelque mal à croire que les pays africains ont entendu d’une oreille attentive les déclarations de M. Attaf.
Disons les choses telles qu’elles sont : en dépit d’une diplomatie de chèque, autrement dit très couteuse, l’Algérie de Tebboune n’est prise au sérieux par aucun pays africain. Car elle ne peut se prévaloir d’être un parangon de démocratie et de respect de l’ordre constitutionnel à l’étranger alors même qu’elle les foule au quotidien à l’intérieur du pays.
Cette tournée d’Attaf et la visite du SG du ministère des Affaires étrangères à Niamey n’ont qu’un seul mérite : avoir détourné l’opinion publique de l’échec de l’adhésion aux Brics. Elles ont occupé l’actualité des médias nationaux pour camoufler le lamentable camouflet de Johannesburg. Tout le reste n’est qu’enfumage. Dans quelques jours, une autre réalité se révélera. Car, hormis un coup de théâtre diplomatique, comme une démission de Mohamed Bazoum, il est peu probable que les putschistes cèdent. En effet, une démission de Bazoum donnera du répit aux putschistes et poussera tous les pays à revoir leur copie.
Autrement, la situation, si elle devait rester telle qu’elle est obligera la Cédéao à intervenir militairement au risque d’être désavouée.
Sofiane Ayache