La Cour suprême a définitivement tranché dans le dossier de l’enseignant universitaire en histoire, Mohamed Amine Belghit, en rejetant le pourvoi en cassation introduit par sa défense.
Cette condamnation de Mohamed Amine Belghit confirme les jugements prononcés en première instance puis en appel, mettant un terme au volet judiciaire d’une affaire qui aura traversé plusieurs mois de controverse et de débats publics.
Un cycle judiciaire désormais clos
Pour les avocats de Mohamed Amine Belghit, ce rejet constitue la dernière étape d’un parcours judiciaire entamé dans la foulée des déclarations controversées de l’historien, qui avait affirmé que « l’amazighité est un projet sioniste et français ». Ces propos avaient été considérés par la justice comme attentatoires à la cohésion nationale et contraires aux fondements constitutionnels définissant l’identité de l’État algérien.
La réaction des autorités judiciaires avait été rapide : ouverture d’une enquête, poursuites, procès puis condamnation.
En première instance, Belghit avait été condamné à cinq ans de prison ferme pour atteinte à l’unité nationale, diffusion de discours de haine et atteinte à l’intégrité de l’unité nationale.
Le 7 octobre 2025, la Cour d’appel d’Alger avait révisé la peine à trois ans de prison ferme et deux ans avec sursis.
Une affaire aux lectures opposées
Les soutiens de l’universitaire estiment que les propos incriminés relèvent — quoique discutables ou provocateurs — de la liberté d’expression et du débat académique. Ils dénoncent une criminalisation d’un discours intellectuel, aussi controversé soit-il.
À l’inverse, ses détracteurs rappellent que Mohamed Amine Belghit défend depuis plusieurs années des thèses qualifiées de révisionnistes sur l’histoire de l’Algérie. Selon eux, ses déclarations ne s’inscrivent pas dans un cadre scientifique, mais dans une logique de dénigrement visant à délégitimer l’une des composantes identitaires centrales reconnues par la Constitution : l’amazighité.
Vers une possible issue politique ?
La clôture judiciaire ne signifie toutefois pas la fin du dossier. Au contraire, le débat se déplace désormais sur un terrain politique.
Le collectif d’avocats, tout comme les partisans de Belghith, évoquent la possibilité d’un pardon présidentiel dans les prochaines semaines — une option légalement possible mais politiquement délicate, notamment dans un contexte où les questions identitaires constituent un sujet de sensibilité nationale.
Un dossier révélateur des tensions identitaires
L’affaire Belghit illustre, comme le procès intenté récemment au journaliste Saad Bouakba illustrent, une fois de plus, les tensions persistantes autour des enjeux identitaires et de l’histoire en Algérie. Sous Tebboune, l’histoire est inflammable. Sacré. On en débat pas. On avalise les vérités imposées d’en haut. Ces affaires mettent en évidence les frontières parfois mouvantes entre liberté d’expression, débat historiographique et protection de « l’unité nationale », si l’on reprend la doxa officielle.
L’intersection du droit, de la mémoire et du politique continue ainsi d’alimenter des controverses qui dépassent largement le cadre individuel du procès.
Samia Naït Iqbal

