Mardi 16 juillet 2019
Mohamed Loukal souffle le chaud et le froid
L’année 2019, a été entamée avec l’annonce d’une nouvelle baisse du niveau des réserves de change. Alors qu’elles étaient de 82,12 milliards de dollars en novembre 2018, les réserves de change ont chuté à 79,80 milliards de dollars au mois de janvier 2019, soit une baisse de 2,32 milliards de dollars en l’espace de deux mois, avait annoncé le premier ministre de l’époque, Ahmed Ouyahia avant son limogeage.
Chaque mois, le Trésor a besoin de 1,16 milliard de dollars pour colmater les brèches. L’actuel premier argentier du pays, Mohamed Loukal vient dans un entretien qu’il a accordé à l’APS de confirmer cette tendance, aggravée de 640 millions de dollars chaque mois. Selon ses propres déclarations (01), au mois d’avril dernier, ces réserves de change sont redescendues à 72,6 milliards de dollars.
Avec ce chiffre qui nous garantit une autonomie de deux ans d’importation, notre pays, dispose d’une situation « relativement confortable », dit-il qui lui offre une grande marge de manœuvre malgré le gel du financement non conventionnel. Avec un endettement extérieur qui serait équivalent à 1% du PIB loin de celui public interne à 37,6% du PIB, en nette amélioration par rapport à 2018 de près de 3,6%.
Pour lui, ce matelas nous permettra de « répondre à nos engagements budgétaires et financiers sans aucune difficulté et avec aisance même. En ce qui concerne le prix de référence du baril qui sert à l’évaluation du budget, il est toujours de 50 dollars mais le ministre des Finances situe la moyenne des prix du premier semestre 2019 à 63,93 dollars le baril alors que le Brent qui est proche du pétrole algérien Sahara Blend a évolué depuis le 1er janvier à ce jour en moyenne de 66,07 dollars le baril avec un point haut 75,6 dollars le baril et le plus bas 52,21 dollars le baril. Le Sahara Blend lui est toujours supérieur de 1 à 2 dollars de part sa légèreté et son pourcentage de soufre réduit. Son prix du baril était en moyenne en 2018 de 75,6 dollars le baril.
Donc le gap de -6,4% par rapport à 2018 et une inflation de 3,6% semblent très loin de la réalité mais tout porte à croire que le gouvernement a décidé une offensive pour une paix sociale et une communication apaisante pour tenter d’ailleurs en vain de montrer chiffres à l’appui que tous les indicateurs économiques sont au vert. Que ce gouvernement n’est pas comme on le dit ici et là limité à la gestion courante mais « se projette sur une meilleure ère budgétaire, une meilleure utilisation des dividendes, du marché financier, tout en assurant un suivi plus rigoureux des mobilisations des ressources du Fonds national d’Investissement (FNI) ».
Sur la question du financement non conventionnel, il précise tout de même que malgré son gel qu’il confirme à l’occasion, cet instrument a engendré des surliquidités bancaires qui se trouvent actuellement au niveau des banques et d’ajouter que « Cette trésorerie est propice au système bancaire pour continuer à assurer, dans des conditions normales, le financement de l’économie nationale notamment par les crédits à l’investissement ».
Mohamed Loukal rassure aussi à l’occasion que « l’Algérie n’est pas sous la menace du FMI. Nous avons des réserves de change assez confortables, un endettement externe ne dépassant pas 1% du PIB et des sources alternatives qui nous permettent de continuer à assurer les dépenses de l’Etat sans un recours exclusif au financement non conventionnel », il envoie aussi un signale fort aux travailleurs dont les patrons sont emprisonnés que « nous sommes en train de travailler au niveau du gouvernement pour dégager des solutions juridiques concernant ces entreprises, et je peux vous assurer que l’outil de production et les postes d’emploi au niveau de ces entreprises seront sauvegardés coûte que coûte. »
Pourtant, c’est de l’institution dont il avait la charge qu’est sorti un rapport critique sur la planche à billets
Son approche reste une pilule difficile à avaler par les spécialistes qui ne voient pas comment et sur quel axe ce gouvernement va-t-il entreprendre ce rétrécissement lorsqu’on constate le dégât qu’a causé la reprogrammation des importations CKD/SKD pour le deuxième semestre 2019. De nombreuses unités de montage sont déjà à l’arrêt avec toutes les conséquences sociales et économiques qui en découlent (chômage, flambée des prix des véhicules etc.).
Depuis plus d’une année que la commission chargée de revoir les subventions que l’Etat accorde annuellement sur les produits dit de première nécessité et qui gonfle son budget sans arriver à un artifice crédible. Les cibler semble relever de l’utopie, du moins peu le croient.
R. R.
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