Vendredi 6 novembre 2020
Mohand Cherif Zirem : « Un écrivain authentique doit être un citoyen du monde »
Poète journaliste de talent, Mohand-Chérif Zirem a beaucoup écrit dans la presse, il a aussi plusieurs ouvrages à son actif. Universitaire, il est psychologue clinicien, il est donc de ceux à même de comprendre les bouleversements de la société dans laquelle il vit.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes un auteur prolifique parlez-nous de vos livres ?
Mohand Cherif Zirem : J’écris depuis que j’avais 11 ans. J’ai débuté en arabe, puis en tamazight et puis en français. J’écris plusieurs livres dans ces trois langues. Certains de mes ouvrages ont été publiés, d’autres pas encore. J’ai publié entre autres : Les Nuits de l’absence, Brahim Saci sur les traces de Slimane Azem, L’Amour ne meurt pas et Je vais encore prendre le large. Je suis édité en Algérie et aux USA. Je suis traduit en italien. On peut dire que j’ai laissé quelques traces dans le monde fabuleux de l’écriture. En outre j’ai fait plusieurs préfaces pour nombre d’auteurs algériens et étrangers. J’écris pour témoigner, pour apporter un plus à mes lecteurs, un tant soit peu.
Vous avez étudié la psychologie, est-ce que cela vous aide dans votre écriture ?
Mohand Cherif Zirem : Oui je suis psychologue clinicien, sorti de l’université d’Alger en 2004. J’ai soulagé les patients dans deux grands CHU de la capitale. Et depuis des années j’interviens comme psychologue dans la presse et dans mes conférences. La psychologie m’aide dans l’écriture. Je ne me contente pas de noircir les feuilles, mais je tente, toujours, de pénétrer dans l’âme humaine pour l’analyser et tenter de la décrypter. Ce n’est pas du tout facile de faire ça, mais je fais de mon mieux.
Dans un pays qui peine à se démocratiser, où les crises sont multiples, quelle est la place de l’écrivain ?
Mohand Cherif Zirem : L’écrivain a du mal à se faire une place dans le monde d’aujourd’hui ; un monde qui se matérialise et qui se déshumanise démesurément. Notre beau pays traverse des crises multidimensionnelles depuis des décennies. Les nobles valeurs ont tendance à disparaître et les gens lisent de moins en moins. Cependant, l’écrivain a le devoir d’apporter un plus à sa société et au monde entier. Un écrivain authentique doit être un citoyen du monde qui est à l’écoute de tout ce qui touche l’humain. L’écrivain peut orienter, interpeller, accompagner ses lecteurs.
Le monde est secoué par des bouleversements sans précédents, la gestion de la crise sanitaire, freine les révolutions, en restreignant les libertés, en Algérie, la transition démocratique devient urgente, qu’en est-il du Hirak ?
Mohand Cherif Zirem : La crise sanitaire complique la situation de l’Algérie, un pays déjà fragile et secoué par des crises qui semblent éternelles. Le Hirak est un mouvement singulier qui aspire à libérer notre chère patrie. Les millions de personnes qui manifestent dans la rue sont à saluer. Personnellement, je ne rate aucune occasion pour exprimer mes aspirations démocratiques dans la rue dans mes écrits, et ce, depuis plusieurs années.
Actuellement, il est temps de penser à de nouvelles formes de protestation pacifiques pour que l’Algérie se démocratise. Notre combat pour la liberté doit s’inscrire dans la durée. Le chemin sera encore long. Donc, il faut investir dans l’humain : via la culture, l’éducation et l’inculcation des valeurs humanistes aux générations montantes, des générations qui peinent à trouver leurs repères. Seule la démocratisation réelle de l’Algérie permettra l’évènement d’une nouvelle ère de liberté et de prospérité.
Nous devons, sans cesse, semer l’amour, la tolérance, le respect de l’autre et bien d’autres vertus, lesquelles vont nous permettre d’accéder à un lendemain meilleur.