Dimanche 8 décembre 2019
Monsieur Rabah Hadid, ambassadeur d´Algérie au Mexique
Suite aux courriers que l´Ambassade m´a envoyés pour m´informer au sujet de la prétendue élection présidentielle et pour me faciliter la procédure de votre par procuration, avec tout le respect, je me vois dans l´obligation de vous dire ceci :
Comme vous le savez, le peuple algérien est en pleine Révolution du Sourire depuis le 16 février 2019.
Ce noble peuple a réussi à destituer l´ex-dictateur Bouteflika, qui essaya, malgré son état de santé, de s´imposer à un cinquième mandat consécutif. Il s´en alla à la poubelle de l´histoire sans peine ni gloire, laissant le pays dans une crise grave. Ce peuple courageux a réussi à annuler aussi bien la mascarade électorale du 18 avril, que celle programmée pour le 4 juillet.
Ainsi, M. l´Ambassadeur, il est évident que le gouvernement que vous représentez n´a aucune légitimité depuis juillet. L´Algérie est sous le commandement illégitime du général Ahmed Gaïd Salah, âgé de 80 ans, un homme inculte, incapable de lire correctement un discours, faisant de l´Algérie la risée du monde.
En ce moment, des centaines de citoyens et de citoyennes sont en prison, rien que pour le fait d´avoir manifesté en brandissant le drapeau Amazigh ou pour avoir publié une simple opinion sur les réseaux sociaux. Cette dictature a même osé arrêter le vétéran de la guerre d´indépendance, Lakhdar Bouregaa, à 86 ans, devenant ainsi le plus vieux prisonnier politique du monde. Il est révoltant de voir un homme de sa trempe traité de la sorte.
Depuis février, des millions de citoyennes et de citoyens manifestent pacifiquement, réclamant : « un État civil et non militaire », « une Algérie Libre et Démocratique ». Naturellement, ils n´ont rien contre l´armée nationale, après tout, les militaires sont les enfants du peuple. Le problème c´est cette bande de généraux mafieux, corrompus est assoiffés du pouvoir. Voilà pourquoi, le génie populaire a inventé ce refrain : « Les généraux à la poubelle, et l´Algérie sera enfin libre ». 57 ans après l´indépendance, il est navrant de constater que le peuple algérien vit encore sous le joug d´un régime militaire d´un cynisme sans égal.
Au lieu d´écouter les revendications légitimes du peuple, et d´apprendre des échecs des mascarades électorales du 18 avril et du 4 juillet, la junte militaire continue dans son aveuglement, essayant d´imposer encore une fois des élections présidentielles le 12 décembre, sans la présence d´aucun observateur international. Plus grave encore, sans aucun candidat de l´opposition, puisque les politiques cultivés et probes sont en prison ou en exil. Il n´y a que cinq candidats-esclaves du système, qui ne peuvent même pas sortir sans escorte militaire, car dans toutes les villes le peuple les chasse en hurlant : « Voleurs, vous avez dévoré le pays », « Système Dégage ! » Sachant que le régime militaire est expert en matière de fraude électorale, le peuple continuera de rejeter toute élection organisée dans des conditions obscures, sans le respect des règles basiques de la démocratie.
Au fond de vous-même, Monsieur l´Ambassadeur, vous savez que le régime que vous représentez est une dictature agonisante. Ce régime a ruiné le pays depuis 1962, provoquant la fuite des cerveaux et l´exil de plus de 6 millions d´Algériens, qui ont dû chercher la liberté et une vie meilleure loin de l´Algérie, car, hélas, ce beau et riche pays est devenu une vaste prison à ciel ouvert.
Habitué à la violence, le régime que vous représentez a des prisons et des armes ; le peuple n’a que le pacifisme, la résistance et la patience. Mais cela le rend plus fort, plus digne et admirable. Mahatma Gandhi et Martin Luther King en serait très fiers.
J´aurais aimé vous écrire pour vous féliciter pour votre bonne gestion. Malheureusement, je dois vous dire ceci : au lieu d´organiser des élections sans aucune légitimité, Monsieur l´Ambassadeur, vous devriez démissionner et donner l´exemple à vos collègues diplomates. Et votre nom sera serait gravé dans l´histoire comme l´Ambassadeur solidaire du peuple.
En votre for intérieur, Monsieur l´Ambassadeur, vous savez que la Transition Démocratique est inéluctable. C´est la revendication primordiale et légitime de ce peuple assoiffé de liberté, dignité et justice sociale.
Vous n´êtes pas sans savoir que le peuple algérien a une grande tradition de combat, ayant appris la leçon d´Amirouche, il n´a pas l’habitude de faire marche arrière. La Révolution de 1954 a mis fin au colonialisme de la quatrième puissance mondiale ; à présent, la Révolution du Sourire est en marche et rien ne pourra l´arrêter jusqu´ à la véritable libération du peuple algérien.
Pour toutes ces raisons, vous comprendrez que, pour moi, et pour des millions de compatriotes en Algérie ou dans la diaspora partout dans le monde, voter dans ces conditions serait indécent, une haute trahison à ce pays que nous aimons tant.
Par contre, si on nous convoque un jour pour élire l´Assemblée Constituante afin de bâtir les bases d´un état de droit, d´une véritable démocratie, hé bien, nous accomplirons notre devoir avec grand plaisir, et sans doute les larmes aux yeux.
Vous souhaitant du bonheur, Monsieur l´Ambassadeur, ainsi qu’à votre famille. Croyez-moi, je n´ai rien contre votre personne, le problème c´est le régime tyrannique que vous représentez.
Sans entrer dans des détails qui sont de votre connaissance, il est temps de prendre congé de vous, Monsieur l’Ambassadeur, et de vos collaborateurs de l´Ambassade, bien cordialement.