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«Monzami » : la mort frappe encore (18)

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Image par Ilo de Pixabay

Pour les jeunes filles, c’est une autre affaire. Elles sont généralement choisies au cours du trajet qui mène à la fontaine. C’est là que les garçons font le guet. Mais pas question pour eux de les aborder ou d’espérer quelque écart d’ardeur pour calmer leurs émois d’adolescents.

Arracher un regard ou un sourire est suffisant pour faire vibrer les cœurs. À la suite de quoi, on envoie les petites mamans pour les réserver, en attendant le mariage. En Kabylie, le « pas avant le mariage » de Salvatore Adamo n’est pas un vain mot. C’est une règle générale qui n’a pas d’exception. On se mariait jeune. On devenait adulte et responsable avant ses vingt printemps, et souvent papa au sortir de l’adolescence. Ce sont les parents qui assurent les premières années de bonheur du couple, avant que ne soit tentée l’aventure de l’émigration par le nouveau chef de famille.

« Monzami » : le mauvais œil (17)

Dans ses rares moments de solitude, quand Omar faisait la sieste, Dehbia déversait des flots de larmes pour pleurer son destin. Un destin qui s’acharne sur elle et la malmène depuis que le foyer repose désormais sur ses frêles épaules. Mais ce qui, sans doute, amplifie ses sanglots, c’est le fait que son mari ne donne pas signe de vie. Son absence lui devient intolérable. Parti quelques mois, à peine, après son retour de la répudiation, elle n’a pas eu vraiment le temps de partager quelconque moment d’intimité avec lui. Souvent, quand elle était à bout, elle serrait Omar dans ses bras, amplifiant ainsi ses souffrances.

Pour ne rien simplifier, à peine la grand-mère remise sur pied qu’elle rate une marche en montant les escaliers qui mènent à la chambre de son fils et se casse une jambe. On fait appel au Marabout pour une attelle, mais il sait bien qu’à cet âge (plus de 80 ans) une fracture de la jambe peut être fatale.

« Monzami » : quand la maladie s’invite à nouveau (16)

Deux adolescents, un enfant en bas âge, une grand-mère alitée, des provisions dont il ne reste que des miettes, Dehbia est à bout. Et pour ne rien arranger, Omar retombe malade. Il est pris de céphalées si fortes qu’il délire dans son sommeil. À son chevet, en permanence, Dehbia ne dort pas pendant des nuits, et personne pour la décharger des tâches de la journée.

Un matin, elle fait encore appel à la guérisseuse du village. Le rituel de l’œuf est sans appel. La vieille ne sourit pas, l’air grave, elle annonce : – « Dayen i b’ɣat rebbi », (C’est Dieu qui le réclame) et s’en va quasiment au pas de course. Le soir même, Omar rejoint grand-père au firmament. … (à suivre)

Kacem Madani

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