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« Monzami » : les années bonheur (6)

Vache
Image par Wolfgang Claussen de Pixabay

Notre chef de famille ne cesse de cogiter sur le conseil de tonton Ahmed au moment où ce dernier débarque pour prendre des nouvelles de sa nièce et du petit qui commençait à lui manquer.

Amek ihi (Alors) Hocine ? s’enquiert ce dernier.

– Je n’y arrive plus a xali. Je crois que tu as raison. Je vais tenter ma chance en France.

– Te voilà devenu raisonnable. J’écrirai à mon frère rapidement. Il paraît que ton fils Ali se débrouille bien à l’école. Demande-lui de passer demain pour rédiger la lettre. Il saura le faire mieux que moi. Tu sais que je n’ai été qu’une année à l’école, à cause de cette satanée guerre. J’arrive à peine à déchiffrer les gros titres du journal.

« Monzami » : les années bonheur (5)

– Et pour le voyage, comment faire ? je n’ai pas le moindre sou d’économie.

– Ne t’inquiète pas pour cela, je peux t’avancer la somme qu’il te faut pour prendre l’avion ou le bateau.

– Non, je te remercie, tu es très gentil, mais je pense qu’il vaut mieux vendre notre âne. Mes parents ne peuvent pas le nourrir, et ta nièce a de quoi faire avec les enfants. Inutile de leur ajouter une charge supplémentaire en mon absence. Pour l’eau, sans la vache qui en consommait beaucoup, un bidon par jour suffira. Ta nièce peut s’en occuper.

– C’est comme tu veux Hocine. Mais sache que tes enfants ne manqueront de rien quand tu ne seras pas là. C’est promis.

« Monzami » : les années bonheur (4)

C’est donc Ali qui se charge de la mission épistolaire :

Cher Frère,

Notre beau-frère Hocine veut venir tenter sa chance en France. Tout le monde compte sur toi pour l’aider à trouver du travail pour nourrir sa famille. Leur vache est morte. Ici, il n’y a pas de travail, sauf pour les pistonnés et les anciens moudjahidin.   

Bonjour de la part de toute la famille.

Ton frère Ahmed.

Hocine ne se précipite pas pour autant. Il a envie de voir pousser ses enfants. Il attend que Omar grandisse un peu. Partir ne l’enchante pas vraiment mais il sait que c’est la seule solution qui s’offre à lui s’il ne veut pas tomber dans cette misère féroce qui sévit encore au pays malgré le départ des Roumis (Français)… (À suivre)

Kacem Madani

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