Nouveau rebondissement dans l’affaire de la mort de Souheil El Khalfaoui. Trois semaines après avoir informé la famille du jeune homme tué par un tir policier que neuf pièces à conviction étaient « introuvables », et trois jours après la médiatisation de cette disparition, la justice marseillaise a mystérieusement retrouvé les scellés manquants… dans le bureau du juge qui les cherchait.
L’affaire de la mort de Souheil El Khalfaoui, tué en août 2021 lors d’un contrôle de police à Marseille, a pris une tournure rocambolesque avec l’annonce de la disparition de plusieurs pièces essentielles du dossier. Parmi les scellés manquants figuraient la balle ayant tué le jeune homme, une vidéo de surveillance d’une agence bancaire voisine, ainsi que l’enregistrement de l’audition filmée du policier impliqué. Ces pièces avaient été retirées du service de stockage en début d’année 2022, mais n’ont jamais été restituées au greffe. Après plusieurs mois de recherches infructueuses, la famille de Souheil a déposé une plainte pour détournement de scellés, dénonçant une volonté délibérée d’entraver la manifestation de la vérité.
« Le parquet de Marseille vient d’informer l’avocat de la famille de Souheil El Khalfaoui que les scellés égarés ont été retrouvés dans le bureau du juge d’instruction initialement saisi. La juridiction marseillaise poursuivra ses investigations pour la manifestation de la vérité », a indiqué le parquet, avant que l’information ne soit également confirmée à l’AFP par le tribunal judiciaire de Marseille.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a réagi en annonçant la saisie de l’Inspection générale de la justice, chargée d’enquêter sur la disparition des preuves et d’identifier les responsabilités. La famille de Souheil, bien que soulagée par la mobilisation politique ayant permis la recherche des scellés, reste inquiète quant à l’intégrité de l’instruction, notamment en raison de la localisation des scellés retrouvés dans le bureau du juge d’instruction initialement saisi.
Cette affaire vient une fois de plus mettre en lumière les tensions autour de l’instruction des dossiers impliquant des forces de l’ordre, dans un contexte où la confiance entre la population et les institutions judiciaires est déjà mise à rude épreuve.
Djamal Guettala