Dimanche 6 octobre 2019
Mouloud Hamrouche et la psychologie inversée
Les déclarations de l’ancien Premier Ministre Mouloud Hamrouche sous le porche du « beau repaire » où il a pris à témoin un nombre restreint de sympathisants est un sujet que je pense important de développer vu la pagaille ambiante, où rien ne peut être écrit puisque tout a était dit, à dire vrai, il ne manque que la pratique.
Pour ma part, c’était parler de Hamrouche ou aborder le bouillonnement médiatique de Souleymane ou, un peu plus loin, la lourde cavale de Tliba.
L’un risquant de perdre son anneau magique s’il continue dans son ascension mystique et l’autre d’y laisser du poids rien de plus, en ce qui me concerne, j’y laisserais des plumes et l’encre qui va avec, un gâchis inutile.
Le fait du renoncement public de Mouloud Hamrouche de se lancer dans les futures élections prévues pour décembre en plus de l’encensement «à découvert» du Hirak est une manœuvre subtile et, disons-le, intelligente de sa part.
C’est bien plus habile comparé aux autres chevronnés de la politique qui ont sauté sur la première occasion pour déclarer leurs intentions d’êtres les «sauveurs » de l’Algérie.
De toute façon, personne ne daigne se mettre à table du «restaurant» pour en discuter avec les manifestants, Hamrouche inclus.
Aujourd’hui marcher le vendredi suffit de jauger ses chances de réussite en politique en Algérie, c’est tout bête, mais c’est comme ça, il faut prendre en compte ce paramètre pour faire de la politique en ces moments exceptionnels que connaît le pays.
Je ne voudrais pas revenir sur le passé, je ne suis pas un féru de l’histoire de l’Algérie dont les versions s’entremêlent telles des pinceaux devant une œuvre de Malevitch, la complexité du présent suffit amplement à donner me donner le tournis.
Dans le cas de Mouloud Hamrouche c’est une rétrospective obligatoire tant qu’il incarne une période difficile à oublier, en sus, comme il est dit chez les ukrainiens : « qui remue le passé perd un œil ; qui l’oublie perd les deux », étant déjà presbyte vous excuserez certainement mon incursion historique.
Il faut reconnaître que, sous sa gouvernance, le pays avait connu en 1990 une liberté de parole jamais atteinte depuis l’indépendance.
A l’époque, la prolifération des médias libres était phénoménale dans un pays ou une année auparavant le moindre avis de travers était passible de prison, il faut l’admettre certes, mais il faut dire aussi que c’était le résultat du ras le bol d’octobre 1988.
D’ailleurs à ce sujet, contrairement au Hirak, personne en 1988 n’avait parlé de démocratie ou de liberté de parole lors des manifestations, les jeunes voulaient du travail et un avenir certain et rien de plus.
Je ne sais par quel miracle la démocratie était venue se greffer dans ce soulèvement populaire, vraiment je ne peux répondre à cette question trente ans après, c’est pour le moins déconcertant, ne trouvez-vous pas ?
Cela dit, à l’époque, Hamrouche a osé faire ce que personne n’avait fait avant lui en tant que Premier Ministre, il faut le souligné en gras et rendre à César ce qui lui appartient avec la sauce qui sied à la salade.
Dans la houleuse période du début des années 90, il est aussi vrai que tel Pilate, il avait présenté sa démission au feu Président Chadli Bendjedid pour ne pas associer son nom à ce qu’il allait se passer, Hamrouche savait ce qu’il va arriver, personne ne m’enleva cette idée de la tête, il ne pouvait ignorer la situation politique et les plans à venir.
Il n’a fait que se repositionner pour être « vizir » à la place du vizir rien de plus, mais la machine s’était emballée, Hamrouche était un dommage collatéral dans cette histoire scabreuse.
Pour revenir aux dernières déclarations il prouvait que rien n’a changé en lui malgré la sagesse de l’âge, le fait de dire qu’il sait certaines choses qu’il ne peut divulguer et que c’est pour cela qu’il ne peut s’engager à se présenter aux élections de décembre prouve qu’il garde toujours la fameuse réserve de l’homme politique idéal pour un régime quel qu’il soit.
Son refus de s’engager dans les hypothétiques élections de décembre est en vérité une manœuvre de Hamrouche car il croit qu’ainsi il se fera désirer par le Hirak.
C’est un coup de poker en ce qui le concerne, rien ne joue en sa faveur, sauf si nous sommes embarqué dans une sorte de psychologie inversée qui ferait pâlir de jalousie Chomsky et ses théories du complot .