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jeudi 4 septembre 2025
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Moyennes surnaturelles au service du régime : l’école transformée en miroir de propagande

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A quoi bon ces moyennes célestes au BEM ou au baccalauréat (19,50/20, 19,70, voire 19,90) dans un pays figé depuis des décennies, vidé de toute perspective, où la pensée est confinée, où la parole libre est suspecte, où l’intelligence est isolée et où la médiocrité, partout, a verrouillé les portes de l’avenir ?

À quoi bon s’extasier devant des performances arithmétiques extraordinaires, alors que l’université est naufragée, que l’école est sinistrée, que la société est désertée par l’esprit critique, et que le savoir lui-même, pourtant sacré, est devenu marchandise ou outil de propagande ?

Il est temps de regarder en face la falsification qui se joue sous nos yeux, cette inversion obscène des signes qui présente la réussite scolaire comme preuve de vitalité du système éducatif, alors qu’elle en constitue l’alibi le plus cynique.

L’école transformée en théâtre du simulacre

Dans les discours officiels, ces moyennes hors-norme sont brandies comme des trophées, des victoires de la République, des preuves que « tout va bien ». Le régime en fait une célébration annuelle, une parade émotionnelle sur les plateaux télévisés, où les majors de promotion sont appelés en direct, félicités par le ministre lui-même, transformés en mascottes nationales.

Larmes à l’antenne, applaudissements, récits de sacrifices familiaux, puis glissement subtil : le mérite individuel devient capital politique, la réussite personnelle est instrumentalisée pour légitimer un système en faillite. Mais derrière cette mise en scène, l’effondrement est total. L’école n’élève plus, elle administre ; elle n’éveille plus, elle évalue ; elle n’enseigne plus, elle répète. Le savoir y a perdu sa verticalité, son souffle, sa transcendance.

L’université, jadis lieu de dispute intellectuelle, d’interrogation du sens, est devenue un espace exsangue, soumis à la logique bureaucratique, où les cours s’enchaînent dans l’indifférence, où les enseignants sont découragés, et où les étudiants, même les plus brillants, errent sans guide, sans cap, sans espérance.

La falsification par le chiffre : le règne de l’indicateur vide

Ce que l’on célèbre, ce ne sont pas des intelligences en éveil, mais des performances calibrées pour répondre à un système de notation hypertrophié.

Ce n’est pas une école exigeante qui produit ces résultats, mais un dispositif de plus en plus standardisé, technocratisé, algorithmisé. L’inflation des notes devient un écran de fumée, une opération cosmétique pour maquiller le désastre. Car le régime ne répare pas, il maquille. Il ne réforme pas, il simule. Il n’augmente pas la qualité des enseignants ni le contenu des programmes ; il ajuste les barèmes, il simplifie les sujets, il prépare les élèves non pas à comprendre le monde, mais à franchir un seuil statistique. Et chaque année, plus les chiffres montent, plus le réel s’efface. Il s’agit là d’une falsification structurelle, systémique.

Le chiffre devient totem, il remplace le sens. Il donne l’illusion que le système fonctionne, alors que tout se délite : les langues s’appauvrissent, la pensée critique se retire, la culture générale s’effondre, l’éthique disparaît. L’excellence devient spectacle.

Du système de formation au système de notation : confusion entretenue

Ce glissement n’est pas innocent. Il repose sur une confusion fondamentale que le régime ne cesse d’entretenir, celle entre système de notation et système de formation.

Le premier mesure mécaniquement, le second transforme profondément. Le premier produit des bulletins, le second façonne des êtres. Le premier vise la réussite immédiate, le second prépare à la dignité, à la lucidité, à l’autonomie. Mais dans un régime obsédé par le contrôle et la vitrine, former est devenu secondaire, voire dangereux.

Ce que l’on valorise, c’est l’adaptabilité, la docilité, l’absence de critique. L’élève est noté pour ce qu’il restitue, non pour ce qu’il comprend. Il est loué pour son silence, jamais pour sa parole. Le système ne cherche pas à éveiller des consciences, mais à produire des sujets conformes, standardisés, prévisibles. C’est ainsi qu’est née une génération de majorants sans magistère, d’élèves surentraînés à la récitation, mais désarmés face à la complexité du monde, incapables de penser la société, de lire leur époque, de faire face à l’incertitude.

La trahison silencieuse des élites pédagogiques

Mais ce naufrage ne serait pas possible sans la trahison silencieuse de certaines élites éducatives. Car si le pouvoir manipule, il trouve en face de lui des relais qui, au lieu de résister, accompagnent. Des responsables pédagogiques, des doyens, des inspecteurs, des recteurs, qui ont renoncé à l’esprit critique pour préserver leur position.

Ils savent que le système ment, mais ils corrigent quand même, ils valident, ils félicitent. Leur silence est un acte politique. Leur conformisme est une abdication morale. L’éducation, pourtant, est une mission sacrée. Elle suppose courage, transmission, responsabilité. Elle ne peut être réduite à une fonction technique. Elle est vocation. Dans la civilisation islamique comme dans l’humanisme occidental, enseigner, c’était élever l’âme.

Aujourd’hui, enseigner, c’est remplir des cases, surveiller des examens, gérer des carrières.

Le prix à payer : une société sans mémoire, sans pensée, sans avenir

À force d’avoir falsifié le mérite, neutralisé le savoir, sacrifié l’exigence à la mise en scène, la société se vide d’elle-même. Elle perd ses repères, ses repenseurs, ses éveilleurs.

Les jeunes n’ont plus foi dans les institutions, les meilleurs rêvent de partir, les médiocres occupent les postes, et les diplômes n’ouvrent plus que sur des portes closes. Le savoir se venge toujours. Quand il est méprisé, il se retire. Il n’irrigue plus les esprits, il ne féconde plus les politiques, il ne soutient plus les institutions. Ce n’est pas seulement l’école qui s’effondre, c’est tout un modèle de civilisation qui s’épuise, car il a trahi son souffle.

L’éducation comme lieu sacré de la transformation humaine : ce que d’autres civilisations avaient compris

Il suffit de regarder ailleurs pour mesurer l’ampleur de notre renoncement. En Chine ancienne, l’accès au pouvoir passait par une maîtrise profonde des classiques, une éthique personnelle, une capacité à raisonner.

Le lettré n’était pas un technicien, c’était un sage. En Andalousie, la quête du ‘ilm était une voie initiatique. On n’apprenait pas seulement à lire, mais à s’élever, à débattre, à contempler, à relier le monde visible à l’invisible.

En Europe renaissante, l’université formait des hommes complets, ouverts à la philosophie, aux lettres, aux sciences, à la théologie, capables de dialoguer avec la tradition et d’inventer le futur. Tous avaient compris que former, ce n’est pas seulement transmettre un contenu, c’est élever une conscience.

Conclusion : la note comme mensonge d’État

Dans notre cas, la note est devenue un outil de dissimulation politique. On ne la donne pas pour évaluer, mais pour séduire. On l’exhibe non pour encourager, mais pour justifier. Le régime s’offre ainsi, chaque année, une transfusion symbolique : il vampirise la réussite des jeunes pour masquer son propre immobilisme.

Il instrumentalise l’émotion des familles pour occulter l’effondrement institutionnel. Il ne forme pas, il récupère. Il ne construit pas, il scénarise. Il ne pense pas, il parade. Et pendant que le ministre appelle les bacheliers en direct à la télévision, pendant que les caméras filment les larmes et les hourras, pendant que l’on glorifie le système éducatif en mondovision, le naufrage continue, sans bruit, dans les salles de classe vides, dans les bibliothèques fermées, dans les universités désertées.

Il est temps de rompre avec cette mascarade. De rappeler que le mérite ne se donne pas en spectacle. Que l’école n’est pas un décor, mais un pilier. Que l’intelligence ne se mesure pas, elle s’honore. Et qu’aucun chiffre, aussi flatteur soit-il, ne pourra dissimuler la faillite d’un État qui a tourné le dos à l’esprit.

Hassina Rabiane

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6 Commentaires

  1. Désolé je ne vois aucune pertinence dans cet article. Que le taux de réussite augmente artificiellement ou pas, que le contenu pédagogique soit à la traîne ou pas, ce qui est sûr, c’est que les règles sont les mêmes pour tous les candidats et toutes le candidates au bac. Je fais cette dichotomie à dessein. En effet j’aurais aimé qu’on analyse les indicateurs suivants: 1- les 3 meilleures moyennes sont détenues par les filles. 2- Quelle est le taux de réussite par sexe? Motus et boule de gomme, secret d’état, car depuis 2020 le ministère de l’enseignement interdit de publier cette statistique. Eh oui pas loin de 70 % des Bacheliers, ce sont des BACHELIÈRES. Et ça, ça me fait plaisir. Le pays sera à terme féminisé à tous les niveaux, même les plus hauts. J’espère seulement que l’algérienne saura se débarrasser du carcan religieux enfin, et mettre les barbus sous leurs talons aiguilles. Faites votre enquête. Merci

    • Bonjour VAS
      Je trouve que l’article est pertinent autant que votre commentaire.
      Rien le premier paragraphe
      A quoi bon s’extasier devant des performances arithmétiques extraordinaires, alors que l’université est naufragée, que l’école est sinistrée, que la société est désertée par l’esprit critique, et que le savoir lui-même, pourtant sacré, est devenu marchandise ou outil de propagande ?
      Par contre je ne trouve pas à s que le niveau baissé (la qualité de savoir ramenée à la population augmente)
      Je me réjouis de la percée des filles ( qui comme le dit si bien notre AIT MENGUELET sont nos filles. nos soeurs nos nièces, nos cousines…..)
      Par contre je pense qu’elles ne sont pas un rempart solide contre l’obscurantisme religieux ni contre la religion elle même. Elles sont les gardiennes du temple.
      C’est les femmes qui éduquent c’est donc elles qui nous donnent des montres au masculin comme au féminin.

      Par contre très HÉLAS

    • Ce n’est pas mieux en France, en Bac général 96,4 % de réussite dont 68% avec mention !! En 1970, 62 % environ avec 32 % de mention, en section scientifique ( C ou mathelems ) avec 2 langues vivantes et Le Latin : 11,5 % de réussite.
      En faisant croire aux élèves qu’un avenir radieux les attend, on leur ment, avec le temps, ils deviendront envieux, haineux, hargneux, vindicatifs.
      Mon fils professeur de l’Histoire de l’Art à La Sorbonne voit des élèves avec mention ne pas faire la différence entre « 1 feuille et une page « , certains brillent avec 136 fautes d’orthographe et de grammaire ( oublions la ponctuation et les accents par charité) le tout sur un devoir de 4 pages, certains osent lui demander si tel événement a eu lieu avant ou après JC ?!
      Autre exemple, à la question : quelle est votre période historique préférée ?
      L’ étudiant: le moyen-âge.
      Mon fils : cela couvre environ un millénaire, à l’intérieur quelle est votre période préférée ?
      L’étudiant : La Révolution française !!
      Je vous laisse juge !! Ce n’est pas des exceptions hélas !nombres d’entre-eux atteindront la Licence et c’est la 1 ère porte qui se ferme, puis vient celle du Master 1 puis du 2, puis la dernier : le Doctorat et l’Ecole du Louvre.
      Tous ceux qui ne parviennent pas à la dernière porte, à quel métier peuvent-ils prétendre: pas grand chose mais l’Etat aura retardé leur arrivée sur le marché et pourra afficher un taux de chômage « acceptable « , idem pour les autres filières.
      En Algérie, pour finir d’achever les étudiants et les enseignants avec cette histoire d’anglais, il y aura au minimum une génération de sacrifiés, l’avenir de votre pays sera obéré.
      Les universités et/ou grandes écoles ne seront pas dupes à la réception des dossiers d’inscription de vos étudiants donc la joie d’avoir son bac avec mention sera d’un été, je le crains car les notes seront pondérées.
      Bien à vous.

  2. Je crois que LMA s’est fait infiltrer par des zinzins… N’a d’interet qu’a nos emballer dans les affaires de polichineles-khawteks question de les normaliser dans nos psyche’es. Adios amigos !

  3. Imaginez qu’en 2025 on parle encore de « moyennes » dans un pays ou l’éducation est détruite.
    Une éducation ou personne ne sait quelle langue utiliser.
    Une education ou l’on saute du coq a l’ane.
    Une éducation prise en otage par des charalatans manipulés par un pouvoir qui ne voudrait jamais avoir affaire a un peuple éduqué, discipliné
    qui pourra comprendre quoi que ce soit.
    Pour ce qui est de ce soit disant sinistre ministre, il n’est pas un secret que le régime en place considere que tout ce qui sort de Kabylie est un un danger.
    Pourquoi ? Car en dehors de la Kabylie personne n’ose poser de questions ni comprendre sa situation en dehors de « hemdou l’ah », « bissil lah » ou « inchallah ».
    C’est pour cette raision qu’ils veulent detruire la Kabylie par tous les moyens.
    Ils sont contre la source de toute forme de avoir et d’intelligence – surtout si la source est kabyle.
    D’ailleurs regardez bien la HAINE et la TRSITESSE sur le visage de ce pseudo ministre de la propagande a défaut de l’éducation.
    Regardez la haine et son désarroi car il doit annoncer et mentioner le mot « Kabylie » – le mot si HAIT.

    • Arrête ta paranoïa, la Kabylie n`a rien de spéciale, elle est comme toutes les régions algériennes qui font face aux mêmes problèmes et obstacles, en plus une grande partie du pouvoir algérien est composée de kabyles maffieux…

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