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« Musulmans, osez la laïcité » ! de Mohamed Sifaoui : Ode à la laïcité retrouvée

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Il est des livres qui ressemblent à des sources d’eau claire dans un désert de confusion. Ils ne se contentent pas de dire : ils irriguent. Ils ne se bornent pas à exposer des arguments : ils ouvrent des chemins. Ainsi du texte de Mohamed Sifaoui, mince par son volume, mais vaste par la lumière qu’il projette.

À l’heure où tant de voix crient au conflit irréductible entre l’islam et la République, Sifaoui choisit la voie la plus difficile et la plus noble : rappeler que la laïcité n’est pas une arme contre la foi, mais une respiration pour tous les citoyens. Elle n’éteint pas les croyances, elle leur offre un ciel commun où nul ne règne en maître, où chacun peut lever les yeux sans craindre l’ombre de l’autre.

Ce livre n’est pas un simple plaidoyer : c’est une invitation à retrouver le geste originel de la laïcité — ce geste qui libère la conscience de toute tutelle, qui dit à l’homme et à la femme :     « Tu n’es pas réduit à ton appartenance, tu es plus vaste que ton héritage, tu es citoyen avant tout. »

Mohamed Sifaoui écrit avec cette fermeté claire des esprits qui ne veulent plus céder au vacarme des fanatiques. Là où les islamistes accusent la laïcité d’hostilité, il la restitue à sa vérité : un cadre de paix, une œuvre de civilisation, un espace où l’islam peut respirer librement sans se dénaturer ni s’enfermer.

Il y a, dans ses pages, une mémoire : celle des tentatives avortées ou inachevées de concilier islam et modernité, de la Turquie d’Atatürk à l’Égypte de Nasser. Mais surtout, il y a une promesse : celle d’un islam de France, affranchi des tutelles étrangères comme celles de la Turquie actuelle, de l’Algérie ou du Maroc, délivré de l’emprise des idéologues, accordé à l’esprit républicain.

Un chapitre se détache comme une pierre angulaire : celui qui s’adresse aux femmes. Sifaoui y dit sans détour qu’aucune harmonie n’est possible tant que la moitié de l’humanité demeure contrainte. La laïcité, écrit-il en substance, est cette clef qui ouvre la porte de l’égalité, qui brise les chaînes invisibles et restitue aux femmes leur pleine humanité. Ce n’est pas seulement une question sociale ou politique : c’est l’âme même de la République qui se joue là.

Et puis, il y a cette mise au point nécessaire : le voile n’est pas une prescription coranique, mais un signe instrumentalisé par les architectes de l’emprise. On croit y voir un choix intime, mais il est souvent devenu un étendard brandi pour intimider, pour dresser des cloisons, pour exiler les femmes de l’espace commun. Sifaoui dévoile ce piège avec une lucidité tranchante, rappelant que l’injonction qui traverse les mers – « Voyez, elles portent le voile même en Europe ! » – n’est qu’une arme rhétorique au service d’un totalitarisme travesti en ferveur.

Enfin, l’auteur ne cède pas aux facilités du rêve. Il sait le chemin long, semé d’embûches. Pour que l’islam s’accorde pleinement à la République, il faut trois conditions, dit-il : se détourner de l’idéologie islamiste, se soustraire aux influences étrangères, bâtir une pensée musulmane ancrée dans la culture française et républicaine. Ce constat réaliste n’éteint pas l’espérance : il la rend plus exigeante.

Ce livre se lit comme un appel. Il ne promet pas des victoires immédiates, mais il trace une route. Il ne flatte ni les uns ni les autres, mais il s’adresse à la dignité de chacun. En refermant Musulmans, osez la laïcité ! on comprend que la laïcité n’est pas une querelle d’experts : elle est notre bien commun, notre fragile miracle, le socle invisible sans lequel la maison France s’écroulerait.

Dans un temps où les dogmes hurlent et où les certitudes s’entre-déchirent, Mohamed Sifaoui choisit la voix claire. Sa plume est une résistance, son livre un flambeau. Il rappelle que la laïcité n’est pas un mot de loi, mais un souffle — un souffle qui nous tient debout, ensemble, libres, égaux, humains.

Kamel Bencheikh, écrivain.

― Musulmans, osez la laïcité ! Mohamed Sifaoui, Éditions David Reinharc, aout 2025, 80 pages, 5 €

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4 Commentaires

  1. On peut voir les choses comme cela. Sinon, l’essentiel c’est de dire aux gens que le plus important est la justice sociale, l’égalité, le progrès qui leur assure une vie décente.
    La religion, l’islam dans ce cas, assure-t-elle la justice sociale et l’égalité et le bien être de la majorité ? L’a-t-il un jours à travers l’histoire ? Non. Dans sa cosmologie clairement hiérarchique, c’est tout le contraire. Dieu et le calif (et sa suite et ses obligés) sont au dessus de tout au nom de dieu. C’est contraire à l’intérêt des gens: c’est le contraire à l’égalité. C’est contraire à la culture et la tradition nord africaine, aux ancêtres et aux vrais ‘salafs’.
    Une fois ces choses essentielles expliquées, s’il en reste encore des gens qui croient que leur intérêt est du côté de l’islamisme, il suffit d’appliquer la loi.

  2. appliquons la charia dans les banlieue française (en fonction de la religion de la personne) ; il y aurait certe beaucoup de manchots dans les citées mais ça permettrait de vider les prisons.

  3. Je cite: « Là où les islamistes accusent la laïcité d’hostilité, il la restitue à sa vérité : un cadre de paix, une œuvre de civilisation, un espace où l’islam peut respirer librement sans se dénaturer ni s’enfermer. »

    C’est soit une feint, soit une confusion oupeut-etre les deux. Pas de la part de M. Sifaoui mais de Mr. Bencheikh. Je commencerait par differencier le Quran de l’Islam. Le 1er est le Texte d’une Theorie et le 2nd, sa mise en Oeuvre. Comme dans d’autres religions d’ailleur, les textes sont accompagne’s de Hadiths, Evangiles, etc. c.a.d. des Dires anterieurs de sorte a remonter vers le(a) pretendu(e) Auteur(e). Et c’est dans ces derniers que l’essentiel de ces religions est trouve’, c.a.d. les FINALITE’s de l’ecriture-meme – comme MISSION. Celle-ci est la meme pour les 3 religions du Moyen-Orient. La Dominance de la Societe’ par des Sectes structure’es autour de l’heritage sanguin. En d’autres termes, et en termes modernes plus clairs: Le Racisme – finalite’ de ces textes. En d’autres termes, les textes dit religieux ont un autre nom, en ces temps modernes – des Cahiers de Charges.

    La religion quand a elle, ici l’ISLAM, c’est LA MISE EN OEUVRE, ou les techniques et pratiques pour la realisation de la mission: Implementer le racisme. Loin des suppose’s elevations des etres humains vers un autre niveau d’existence qui les meneraient une conscience plus sensible et raffine’e – dont l’appoge’e serait la sensation et l’intuition ultime – la transcendence – malre’ leur nature d’etres physiques en chere et en os. Force est de constater qu’aucun de ces illumine’s ou pre-dispose’s de naissance ne s’enguage dans la seule activite’ capable de les liberer de la masse de leur corps – les travaux force’es et la privation qui les reduirait a des peaux sur os et ultimement le passage rapide vers l’au-dela et le neant. Force est de constater qu’aucune des religions repertorie’es comme telle(religion) ne presente un cahier de charge et des pratiques allant dans ce sens-la. Au contraire, les contraintes materielles ne font que multier et DENSIFIER les charges mentales, rendre les etres durs et tenses. Tout le contraire des conditions de legerete’ et d’elevation. Je ne dis pas que l’elevation et la trancendance sont un mensonge. Ce sont les prescriptions des religions, depuis les textes jusqu’aux temoignages et explications des erudis qui demontrent le contraire. Et des lors que les religions se donnent comme mission l’organisation et la gestion de cette mission, elles se declarent comme des Politiques et les religieux des Politiciens.

    Par la Laicite’, il est compris par tous ou du moins la majorite’ des etres en 2025, l’exclusion de toute intervention des textes religieux de l’organisation et gestion des affaires de la societe’. Mais dit-on qu’une telle gestion requiert necessairement des regles de gestion. Ce corpus de regles est dit « Une Morale » par certains et « Une Ethique » par d’autres – dont le but est biensur la prevention de la perversion. D’ou sont ne’es les Textes dits « Constitutions », ou les regles de base c.a.d. d’Ehique, selon lesquelles sera construit le corpus de Lois d’organisation et Gestion d’un Cahier de Charge dont la finalite’ est l’emancipation et l’elevation des membres d’une societe’ vers Etat d’Etre qui le rapprocherait du transcendental ou Divin.

    La question qui se pose alors ets de savoir s’il s’agit d’un meme Etat Trenscendental attaignable par tous et au meme degre’ ou s’agirait-il de plusieurs Etats, identifie’s a titre individuel ou par groupe ?

    En repondant a cette question, on repond a celle de savoir comment organiser la societe’ en une et homogene ou un ensemble de sous-societe’s. De la, en rentrant dans le detail on se retrouve a un certain moment face a la gestion des affaires courantes de la societe’ par ses membres ou heritiers selon le cas precedemment retenu.

    Par ses textes, ses traditions et histoire, l’Islam consiste en une gestion de la societe ou l’individu est heritier de sa foi, sa societe’ et part-la la methode de gestion de la politique dans laquelle il evolue – On herite de son Statut et sa Condition Sociales. Et, c’est absolument CONTRAIRE a la comprehension de la doctrine et methode Islamiste. Une TRICHERIE, c.a.d. un mensonge et une arnaque. Temoin de ca l’adhesion a cette religion, en dehors de l’Arabie – Les Prisons – Un environnement ou tout est triche, vol, malhonnete’ et toutes les formes de vis et d’instabilite’s consequantes.

    Cela dit, la religion Islamique est consistante, dans son Champs d’Application/definition – en Arabie et la/les Societe’s qu’ils constituent. L’individu herite de son pere, son pere de sa famille et la famille de la Tribu et les tribus des terres que leur dieu-fondateur leur legge’. Le plus proche de leur Dieru Allah est leur Rasul qui produit des Rois, des princes les autres, et autour les Cousins et leurs familles gere’es par des Cheikhs, et la suite par des Emirs, etc.

    Cela change radicalement des qu’on en sort. Ailleur, hors l’Arabie, les societe’s ont d’autres histoires, d’autres langues, d’autres espaces, . . . d’autres evolutions. Les rapports sont differents. Les Consciences sont nuance’es – elles sont INDIVIDUELLES – et la consequence de cet individualisme est l’ADHESION plutot que l’HERITAGE en matiere de concience et innevitablement de besoins pour realiser l’ascension vers la transcendence et etablir la connection avec son Divin. Quel divin? La culture en dehors de l’Arabie, ou du moins dans l’espace ou nous evoluons dit que la reconnaissance de son ignorance est une Ethique. Et la consecration de sa vie a la poursuite du SAVOIR pour transformer cette ignorance et combler le vide qu’elle engendre est une Valeur Humaine Essentielle. Sa poursuite est un travail d’emancipation continu. Ce n’est pas une Jurisprudence, c’est une quete individuelle. C’est spirituel.
    Vous vpoyez ou je vais… La quete Spirituelle cherz nous, c.a.d. dans notre espace geographique et historique ne peut etrte qu’individuelle – Elle ne peut etre politique. Son extraction de la gestion des affaires commune, c.a.d. de la politique est UNE NECESSITE’ d’EXISTENCE meme. On n’a meme pas le choix. Ce qui depend de nous est le quand et comment. C’est l’IMPASSE dans laquelle se trouve toute l’Afrique du nord, pas que l’Algerie.

  4. Il m’arrive de temps en temps de lire les commentaires ici et je remarque que ce Magnus (quelle prétention d’avoir un pseudo pareil pour un inculte et un analphabète !) est omniprésent comme s’il n’avait absolument aucune autre occupation. Mais le meilleur est que je ne suis meme pas sure qu’il comprenne lui-meme ce qu’il tente difficilement d’écrire. Un gloubi-boulga insipide et immangeable. Il y a vraiment des gens, non seulement, qui ne comprennent rien aux articles qu’ils lisent mais pire, qui écrivent n’importe quoi pourvu qu’ils puissent intervenir. Sans parler des fautes d’orthographe et de syntaxe mais sait-il au moins que la syntaxe existe. Sacré Parvus !

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